De l’autre côté, Mélanie Luce est conspuée après ses passages sur les ondes d’Europe 1 et de Touche pas à mon poste. Son tort ? Être à la tête d’un syndicat étudiant qui organise occasionnellement des réunions en « non-mixité racisée ». Selon celle-ci, les personnes « racisées » devraient pouvoir se retrouver entre elles afin de s’exprimer sur le racisme qu’elles subissent, expériences qui ne seraient pas partagées par les Blancs. Comme le rappelle Médiapart, qui a pu se procurer des documents relatant la manière dont se déroulent les réunions en « non-mixité racisée » au sein du syndicat, celles-ci ne sont qu’un lieu d’écoute du « ressenti » des personnes concernées qui « témoignent » alors que la « prise de décision » est le fait de « l’ensemble du syndicat ».

 

Ainsi, nous restons bouche bée devant la schizophrènie d’un Éric Naulleau qui, le jeudi, est outragé par le discours d’une étudiante de 20 ans qui organise des groupes de parole antiracistes et, le reste de la semaine, continue de fréquenter le multirécidiviste Éric Zemmour qui, lui, n’hésite pas à réhabiliter Pétain tout en se faisant le porte-voix d’un véritable projet politique fasciste. C’est ainsi que toute honte bue, Eric Naulleau demande la dissolution de l’UNEF. Abject, au moment où Médiapart révèle l’existence d’une filière néo-nazie au sein de l’armée…

https://ujfp.org/selon-que-vous-serez-un-indigene-de-maison-ou-un-indigene-des-champs/

La droite, Jean-Michel Blanquer et l’extrême droite s’en sont à nouveau pris à l’UNEF. En cause cette fois-ci, l’existence de réunions non-mixtes organisées par ce syndicat étudiant, qui seraient constitutives d’un prétendu « racisme anti-blanc ». Une fois de plus, on voit à l’œuvre la volonté de faire taire toute voix contestataire. Sud Education 93 apporte tout son soutien à l’UNEF !

La nouvelle déferlante d’attaques islamophobes depuis jeudi dernier, s’inscrit dans le cadre de l’offensive islamophobe et sécuritaire autour de la loi contre le séparatisme devenu la loi « confortant les principes républicains » dont nous avons exigé le retrait depuis le début. Une rhétorique islamophobe et raciste qui transforme toutes celles et ceux qui dénoncent la loi contre le séparatisme ou l’instrumentalisation du meurtre de notre collègue Samuel Paty, en complices des « islamistes », c’est-à-dire des terroristes dans la bouche d’un gouvernement qui n’hésite pas à accumuler les amalgames.

Ainsi après que Vidal ait cherché à faire le lien entre la critique de l’islamophobie et les attaques terroristes, en affirmant que « Traiter quelqu’un d’islamophobe peut le tuer », c’est au tour de Castaner d’expliquer, au sujet des réunions non-mixtes au sein de l’UNEF, qu’il y aurait une « forme de séparatisme ». Jean-Michel Blanquer s’est aussi engouffré dans la brèche allant jusqu’à affirmer que « les gens qui se prétendent progressistes et qui distinguent les gens en fonction de leur peau nous mènent vers des choses qui ressemblent au fascisme » ! Cette fois-ci, derrière les réunions non-mixtes, qui ne sont pas l’apanage de l’UNEF mais un cadre d’organisation défendu par de nombreuses organisations antiracistes, ce qui effraie, c’est la possibilité de l’auto-organisation, de la structuration d’un mouvement anti-raciste qui prenne en puissance et qui dénonce l’ensemble du système raciste, impérialiste et capitaliste. Pour la droite et l’extrême droite par ces multiples sorties médiatiques il s’agit aussi de construire le mythe de « l’islamogauchisme » et c’est parce que nous savons qu’il s’agit d’un combat idéologique entre deux classes qui s’affrontent que nous ne resterons pas sans rien dire.…

https://www.anti-k.org/2021/03/26/non-monsieur-blanquer-la-non-mixite-nest-pas-du-fascisme/

Témoignages. Pour Lorie, Stanley et Djery, la non-mixité choisie libère la parole entre personnes concernées et minorisées, sans présence oppressive.

Je suis une jeune femme, noire, issue d’un milieu plutôt modeste. On vit dans une société sexiste, raciste et classiste. Ce besoin de me retrouver avec des personnes qui me ressemblent naît de tout cela. C’est un mécanisme de défense, une manière de me protéger de propos, d’attaques qui pourraient blesser mon intégrité en tant qu’être humain.

Me réunir en non-mixité n’a pas été quelque chose de planifié. On a souvent tendance à se diriger vers les personnes qui nous ressemblent, et qui de fait, nous comprennent. Je suis une personne qui adore débattre sur des faits de sociétés et sur les luttes. Avant, je pouvais débattre avec tout le monde sur n’importe quel sujet, surtout le féminisme et le racisme. Puis, en grandissant, j’ai remarqué que ma parole était constamment remise en cause par des personnes qui ne comprenaient ou qui ne voulaient pas comprendre ce que je vivais en tant que femme et noire dans notre société française.

De ce fait, je me sens plus à l’aise lorsque que je suis en compagnie de femmes… Je suis encore plus à l’aise quand ces femmes-là sont noires, parce que je peux parler de choses dont je ne peux pas parler avec mes amies non-noires. Elles m’écouteraient avec plaisir… mais ne comprendraient pas, n’auraient pas de réponses à mes questions, puisqu’elles ne sont pas concernées. Il y a, par exemple, toutes ces discussions qui s’articulent autour des cheveux des femmes noires. J’en parle avec mes amies noires, parce qu’elles comprennent tout de suite mes propos, ne cherchent pas à remettre ma parole en cause, prennent le temps de m’écouter et s’identifient dans ce que je dis. Avec elles, je ne me censure pas.……

https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/260321/reunions-en-non-mixite-pour-nous-elles-sont-necessaires