Malgré la répression policière, nous avons su réoccuper le lieu et maintenir la dynamique collective à laquelle nous tenons tant.
 
Le projet derrière notre occupation du lieu a depuis le début été celui de s’organiser indépendamment des organes gestionnaires du monde existant pour lutter contre tout ce qui nous dégoûte et qui ne se met pas en pause le temps d’une pandémie : les taules et les CRAs, les loyers et les spéculateurs immobiliers, et bien d’autres choses encore…
Nous y tentons une forme d’auto-organisation, de manière maladroite forcément, car on avance toujours à tâtons, pour nous libérer des systèmes de dominations et des rapports marchands sur nos vies.
 
Le Marbré accueil des évènements qui sont discutés et décidés collectivement lors d’une assemblée générale ouverte et publique qui a lieu tous les dimanches à 13h. Ces évènements publics peuvent être aussi bien des cantines en soutien aux collectifs autonomes que des fêtes mais aussi des discussions, des groupes de lecture, des séances de sport, des sessions de bricolage nous permettant de nous réapproprier l’ancien hangar de la marbrerie.
 
Aucun événement n’est payant. On ne négociera pas non plus notre présence, ni avec la mairie, ni avec la préfecture : si elles veulent nous faire chier, on accepte de prendre le risque de voir des keufs débarquer à notre porte, comme ça a été le cas samedi 27 février.

Depuis le début de l’existence du squat, nous avons pu partager des moments chaleureux avec des voisin.es soucieux.ses de ne pas voir leur quartier s’embourgeoiser. Nous y voyons un lieu de rencontres au milieu de l’isolement généralisé.
 
Tout le monde ne voit pas le Marbré du même œil. Dès le début, on a entendu des discours nous assimilant à un cluster de Covid, bien que n’ayant aucun souci avec le fait que le reste du temps on s’entasse à l’école, au travail ou dans le métro. Nous ne nions pas l’existence du virus, loin de là, pourtant dans cette situation de pandémie, il nous parait d’autant plus nécessaire de continuer à proposer des moments publics pour discuter et s’organiser, parfois aussi autour des conséquences de la gestion de la crise sanitaire.
 
Certain.e.s appellent les keufs dès lors qu’on organise un événement. Au moins, là, tout le monde s’est rendu compte de ce que cela représente concrètement.
 
Pour résumer, les policiers ont débarqué à plus de 80 samedi 27 février, ils ont annoncé vouloir arrêter une « fête illégale » et ont verbalisé pour « réunion interdite ». Ils nous ont nassé.e.s dans le hangar ; ils ont contrôlé et verbalisé tout le monde, notamment grâce à la reconnaissance faciale, pour ensuite expulser illégalement le lieu (nous
sommes effectivement occupant.e.s du bâtiment sous procédure juridique et un procès aura lieu le 1er avril), nous laissant sans domicile et sans espace d’organisation.
Ils ont profité du renforcement de leur pouvoir acquis avec les mesures sanitaires pour expulser un des rares squats qui proposaient des activités publiques et politiques en ces temps de contrôle exacerbé sur nos vies.
Les matelas des chambres ont été gazés au poivre, des plombs enlevés, la porte de l’habitation a été murée et le proprio a même essayer de saboter notre tuyauterie pour nous empêcher de revenir.

Deux des camarades à l’intérieur et un à l’extérieur sont partis au poste pour une garde-à-vue qui aura duré 48 heures. Ils sont sortis libres, la charge de « mise en danger de la vie d’autrui » n’ayant pas été retenue. Deux sont convoqués, l’un pour refus de signalétique, l’autre pour outrage.
 
Nous ne sympathiserons donc pas avec celleux qui souhaitent que cela nous arrive à nouveau. On ne cherche pas la tolérance, nous sommes prête à nous défendre face à celleux qui ne veulent pas nous laisser exister.
 
Si on attend du Marbré qu’il reste discret, nous continuerons à crier d’autant plus fort notre haine de l’ordre établi, nous afficherons nos idées politiques à nos fenêtres et sur les murs. On sait que le Marbré fait tâche dans le paysage où poussent des nouvelles résidences aux loyers en hausse permanente, la douane et des grosses boîtes. Et tant mieux si ça dérange certain.e.s.
 
Nous allons continuer à organiser des activités politiques et faire vivre ce lieu autant que nous le pourrons.
Nous encourageons et soutenons d’autres initiatives de ce genre!
 
Inexpulsablement vôtres, des participant.es au Marbré
 
lemarbre@riseup.net
 
Nous invitons celleux à qui notre occupation fait écho et qui souhaitent s’impliquer dans l’auto-organisation du lieu de quelque manière que ce soit, aux AGs ouvertes du Marbré tous les dimanches à 13h au 39 rue des Deux Communes.