Celui qui enferme à la vitesse de l’éclair pour une soirée est beaucoup moins rapide quand il s’agit d’un jeune mort à cause de la police. En octobre dernier, Philippe Astruc déclarait lors d’une « reconstitution » de la noyade de Steve : « Il est important quand un jeune homme décède en marge d’une intervention policière que la lumière soit faite sur les circonstances matérielles des faits ». « En marge ». Comme s’il n’y avait pas de lien. Ou encore « Pour le moment, la justice n’est pas certaine que Steve Maïa Caniço soit tombé dans la Loire ». Et même « Il a très bien pu tomber avant ou après l’intervention des forces de l’ordre ». Plus d’un an après la mort de Steve, et malgré des dizaines de témoignages et de nombreuses images, Philippe Astruc continue à faire croire que la mort de Steve n’aurait pas de lien avec la charge. En 1 an et demi, le téléphone du défunt n’a pas non plus été allumé ni exploité, le procureur annonçait qu’il allait « restaurer le téléphone avec le fabricant chinois ». Impossible de faire plus lent. Comme pour endormir l’affaire.

Plus terrible encore, en juin 2020, Philippe ouvrait une enquête pour « violences volontaires avec armes ». Mais pas contre la police : contre les teufeurs de la fête de la musique ! La qualification complète est : « violences volontaires avec arme, en réunion et sur personne dépositaire de l’autorité publique et dégradation en réunion ». Philippe Astruc ne se contente donc pas de faire trainer l’affaire, il s’attaque même aux personnes qui ont été réprimées ce soir là par la police ! Philippe Astruc aurait-il une haine particulière contre la jeunesse et les fêtes .

Ce procureur ne déteste par que les teufeurs. En janvier dernier, Philippe Astruc provoquait même les avocats de Rennes lors d’un discours de rentrée. Alors que les avocats étaient en grève contre la réforme des retraites, il avait déclaré que « les audiences du tribunal judiciaire ne pouvaient pas devenir une agora, un espace de revendications » et parlait de « giletjaunisation de l’audience ». Les représentants du barreau et du conseil de l’ordre avaient carrément quitté la salle sous les applaudissements de leurs collègues.

En bref, ce magistrat trouve qu’une fête de Réveillon « met en danger la vie des personnes » mais ne voit pas le danger qu’il y a à tirer des dizaines de grenades en pleine nuit en bord de Loire sur des personnes qui dansent, au point de noyer un jeune. Qui met en danger qui ?