En début d’année a été lancée la plateforme e-pétitions sur le site du Sénat, qui permet de déposer des pétitions. Là où ça devient intéressant, c’est que lorsqu’une pétition atteint 100 000 signatures dans les six mois, elle permet notamment l’inscription à l’ordre du jour d’un texte législatif.

En l’occurrence, une proposition de loi a été déposée et propose notamment la fin de la prise en compte des revenus du conjoint·e dans le calcul de l’AAH. Actuellement, son montant pour une personne sans aucune autre ressource est de 902,70 €. Rappelons qu’en France, le seuil de pauvreté est à 1 041 € par mois (en 2017, selon l’INSEE). Mais si la personne bénéficie d’autres ressources (une rente, un salaire si elle travaille, etc), alors le montant diminue. Mais pire encore : si la personne vit en couple, alors l’AAH est tout simplement supprimée si le couple gagne plus de 19 607 € par an. En d’autres termes, une personne handicapée, sans emploi, en couple avec une personne ayant un salaire suffisamment élevé, peut être complètement privée de l’AAH.

Avec ce projet de loi, le salaire du conjoint·e ne serait plus pris en compte, et permettrait donc une autonomisation financière pour les bénéficiaires de l’AAH.

Rappelons que les personnes handicapées sont déjà très souvent dépendantes de d’autres personnes (conjoint·e·s, aidant·e·s, etc) pour de nombreuses tâches, ou pour leurs déplacements du fait de l’inaccessibilité de nombreux lieux. Elles sont également bien plus souvent victimes de violences conjugales que les personnes valides. Ce changement du mode est donc un véritable espoir d’autonomisation. Une personne handicapée qui serait dans une relation abusive pourrait s’appuyer sur ce revenu pour se mettre à l’abri, sans dépendre d’une autre personne.

C’est un enjeu antivalidiste et féministe qu’il ne faut pas manquer. Ce projet de loi sera évalué si la pétition atteint les 100 000 signatures d’ici la fin du mois de mars. Elle en a aujourd’hui près de 17 000. Il est grand temps que les milieux militants se joignent aux mouvements antivalidistes. Appelons les camarades à relayer cette pétition. Montrons que l’intersectionnalité et l’antivalidisme ne sont pas de vains mots !

Voici le lien de la pétition : https://petitions.senat.fr/initiatives/i-416