Au lieu de cela c’est une déferlante anti musulmane globalisée conduite par le gouvernement français à laquelle nous assistons ces derniers jours. L’union nationale qui est appelée est exclusive, c’est une véritable croisade qui étend la responsabilité du crime à tous les musulmans. A la fois sommés de se désolidariser d’un crime avec lequel ils n’ont rien à voir et qui les affecte autant que tous les autres français , et rejetés vers la responsabilité collective de ce crime. Leurs institutions sont menacées, leurs associations violemment perquisitionnées. Et menacées d’interdiction. Est-ce ainsi que la République envisage le lendemain ?

La politique du clivage et de la division entamée depuis longtemps autour des Musulmans, venait précisément de prendre un tournant avec le projet de loi contre les séparatismes qui devait conclure la (première) crise du Corona.

Cette politique a préparé le terrain depuis des années, accusant les Musulmans de ne pas respecter la laïcité, d’être le nid d‘un fanatisme meurtrier ultra minoritaire qui se revendique de l’islam , de refuser la liberté d’expression en priorisant la loi religieuse sur la loi républicaine. Les attentats de janvier et novembre 2015 ont permis le développement d’une défiance antimusulmane généralisée et organisée par les gouvernements et par les médias. Défiance qui s’est installée d’autant plus aisément qu’elle se prétendait fondée sur des valeurs démocratiques comme la laïcité et la liberté d’expression opposées aux 5 millions de musulmans, ou supposés tels, accusés de ne pas les respecter. Quel groupe humain accepterait d’être pris en otage par les actes meurtriers de quelques fanatiques et considéré responsable de ces crimes ?

Le développement des actes racistes antimusulmans a été constaté ces dernières années dans tous les rapports de la CNCDH. Le pouvoir a nié l’existence même de l’islamophobie et annonce vouloir interdire les organisations qui luttent contre les actes racistes, les discriminations et pour le vivre ensemble.

La victoire de ces attentats terroristes, c’est d’avoir permis la généralisation de discours vénéneux contre les Musulmans et l’Islam et d’avoir fait reculer la démocratie. Or ce sont précisément les Musulmans qui sont privés du droit à la parole (qui a entendu des musulmans dans les médias ces derniers jours ?), qui sont quotidiennement menacés et atteints dans leurs droits civiques.

Les interdictions d’associations musulmanes annoncées dont celle de l’association humanitaire Baraka City et du CCIF association de défense des droits humains sont d’autant plus scandaleuses qu’elles prétendent s’inscrire dans la défense de la démocratie menacée. Nous sommes indignés par les accusations infondées portées contre un membre de notre plateforme antiraciste, le CCIF, à qui il est scandaleux de vouloir attribuer un quelconque rapport avec le fanatisme criminel, pour servir des intérêts fort éloignés des valeurs de la démocratie.

Nous, associations membres d’une plateforme antiraciste qui ne tolère le racisme sous aucune de ses formes, refusons la logique de guerre des civilisations qui est relancée par le crime odieux du 16 octobre contre un enseignant, pour que ce crime ne gagne pas nous appelons à une véritable union nationale autour de toutes les victimes du racisme et de l’exclusion.

https://blogs.mediapart.fr/jean-claude-meyer/blog/201020/halte-la-honteuse-exploitation-d-un-attentat-atroce

 

 

Derrière les dissolutions, la haine

 

Avec le Décret du 21 novembre 1940, les fascistes du régime de Vichy ont dissout la quasi totalité des organisations juives. Les premières à en pâtir étaient les associations de lutte contre l’antisémitisme et celles qui s’occupaient de charité communautaire. Les antisémites avaient en horreur que l’objet de leur haine témoigne de sa capacité à s’organiser politiquement et à faire vivre des liens de solidarité.

En 2020, les seconds couteaux de la Macronie instrumentalisent l’assassinat de Samuel Paty et menacent de dissoudre des organisations musulmanes. Ce n’est pas un hasard si le CCIF et BarakaCity sont les premières visées. Là aussi, leur dégoût d’une autonomie politique – cette fois-ci musulmane – se mêle à une crainte diffuse d’une charité communautaire qu’ils ne contrôlent pas.

Loin de moi l’idée de placer des régimes aussi différents que Vichy et le pouvoir macronien sur un pied d’égalité, mais il est utile de mettre en exergue des ressorts racistes partagés, ceux-là mêmes qui ont conduit à la dissolution des organisations juives et qui conduiront peut-être à la dissolution de certaines organisations musulmanes. Ces ressorts s’appuient sur une peur panique motivée par la haine d’une communauté que l’on juge toute puissante et que l’on cherche à maîtriser tout en sentant qu’elle nous échappe.

Une solidarité pleine et entière, sans concession ni discussion, avec le CCIF et BarakaCity devrait être la moindre des choses, à moins de considérer que leur islamité en fait des coupables par essence.

Maxime BENATOUIL