L’Espagne antifasciste (1936-1937)

Présentation

« Contre le mensonge et la calomnie méthodiquement dispensé aux foules par toute la presse, propageons la vérité en diffusant nos journaux et plus particulièrement notre « Espagne antifasciste » dont la noblesse de ton contraste si étrangement avec tout ce que l’on sait généralement en France sur l’honneur d’être un homme ».

M. Radigalès (La Voix libertaire n°340, 26 septembre 1936).

Le 17 juillet 1936, les généraux Mola et Franco tentent un coup d’État militaire contre le gouvernement républicain afin d’imposer par la seule terreur l’ordre capitaliste dans une Espagne en pleine ébullition sociale. Ce coup de force réussit à s’imposer dans les 2/5 de l’Espagne tout en maintenant sa base arrière au Maroc ; mais à Barcelone, Madrid, Valence, Bilbao ainsi que dans la plupart des zones industrielles, le prolétariat réagit rapidement et fortement, prenant les armes, s’emparant des casernes, s’imposant dans les rues et les quartiers. Le Gouvernement de Front Populaire, lui, est dans les premiers temps resté complètement paralysé, refusant d’armer ceux qui se sont levés en masse contre le pronunciamento.

Cette guerre opposant les tenants de l’ordre bourgeois dans sa version militaro-fasciste et les milices ouvrières jointes à des morceaux de régiments de l’armée républicaine, bien qu’issue de cet élan de sauvegarde du gouvernement « légitime », ne tarde pas à déborder en une lutte sociale révolutionnaire dans les zones « républicaines ». La grève générale est proclamée, les ouvriers s’emparent des usines, réorganisent les transports, la distribution d’énergie et de ravitaillement, les services publics, pendant que les églises et les couvents brûlent. A la campagne les paysans s’emparent des terres et les socialisent. Pendant ces premières semaines, les ouvriers en armes, organisés en un comité central des milices, constituent de fait la seule autorité : le prolétariat est en train de jeter les bases d’un nouvel édifice social « sur les ruines de celui que nous subissons encore » (L’Espagne antifasciste n° n°10).

Certains poussent vers l’approfondissement de ce double processus, guerre antifasciste et révolution prolétarienne, mais les politiciens bourgeois réussissent à intégrer les dirigeants de la CNT-FAI dans le Front populaire. Ceux-ci vont donc participer à imposer le consensus : au fil des mois qui suivront, le processus révolutionnaire passera au second plan, et seule comptera la guerre antifasciste pour la défense de la démocratie, de l’État Républicain ; la guerre va dévorer la Révolution.

Quelle solidarité ?

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