Mais histoire de casser l’ambiance déjà pas terrible, la
Direction a remis à
certains grévistes des « demandes d’explications écrites »,
première phase des
procédures disciplinaires.

Il est reproché à tous ces grévistes (CGT-CFDT-FO-SUD-non
syndiqués) d’avoir
participé à la manifestation interprofessionnelle en gare
d’Angers le 11
juin
entre 6h15 et 7h15 et qui a occasionné un retard d’une
heure au « TGV des
patrons ». Les cheminots grévistes n’occupaient pas les
voies avec les autres
travailleurs en lutte, mais se trouvaient sur les quais.
Mais peu importe
pour
nos dirigeants qui, emportés par leur désir de se venger,
veulent même
sanctionner un délégué du personnel SUD-Rail qui ne se
trouvait pas là…

Un autre militant de SUD-Rail (moi en l’occurence) se voit
reprocher, en
outre,
d’avoir ouvert un portail dont il était le seul à avoir le
badge d’accès, ce
qui
a permis aux manifestants d’accéder aux quais à la barbe
des flics.
L’ouverture
de ce portail avait été décidé collectivement pour éviter
que des
occupations de
voies sauvages soient réalisées ailleurs, en dehors de
toutes mesures de
sécurité vis à vis des circulations ferroviaires.

Les quatre organisations syndicales des cheminots d’Angers
(sauf l’UNSA,
absente
de toutes actions) ont décidé de faire une réponse commune.
Chacune est
chargée
de faire une réponse et une synthèse sera faite.

Je joins le projet de réponse de SUD-Rail.

Il est clair que nous auront besoin de soutien car c’est le
conseil de
discipline qui nous attend (surtout moi).

A bientôt,

Martial

Syndicats CGT – CFDT – FO – SUD-Rail d’Angers

Objet : demandes d’explications écrites concernant la
manifestation du 11
juin
2003.

Les différentes demandes d’explications écrites remises
individuellement à
certains cheminots grévistes de l’EVEN et de l’EEX d’Angers
concernant une
action collective et intersyndicale, les organisations
syndicales sus-citées
font une réponse collective qui vaut réponse à chaque
demande d’explications
individuelle.

La manifestation du 11 juin 2003 s’est déroulé dans le
contexte suivant :

a.. Grèves de salariés de nombreux secteurs (Éducation
Nationale, Santé,
PTT,
EDF, SNCF, etc.) dues, notamment, à la volonté du
Gouvernement et du
Patronat de
casser les régimes de retraite des salariés. Face à
l’autisme du
Gouvernement et
à son refus de négocier, ces grèves durent depuis plusieurs
semaines pour
certains (ce jour-là, les cheminots angevins en étaient à
leur 16ème jour de
mobilisation depuis le 13 mai).

b.. Le 11 juin était le jour choisi par les intermittents
du spectacle
pour
peser sur les négociations de leur statut que le MEDEF veut
casser, ce qui
conduirait la plupart d’entre eux à la misère.

c.. Face aux diverses revendications des salariés, les
seules réponses
gouvernementales sont la répression et les brutalités
policières. Le 10 juin
au
soir, un ouvrier métallurgiste CGT, qui participait en
famille à la
manifestation interprofessionnelle d’Angers, a été mis en
garde à vue,
accusé d’
avoir fait un graffiti sur le mur du siège local du MEDEF.

Le 10 juin, l’Assemblée Générale Interprofessionnelle des
grévistes
d’Angers,
rassemblant des salariés en lutte de toutes corporations et
de toutes
organisations syndicales, décidait d’une manifestation en
gare d’Angers à l’
heure du TGV de 6h08, avec blocage symbolique. Cette
manifestation devait
rassembler des représentants de tous les secteurs en grève
et des
intermittents
du spectacle. Les cheminots grévistes devaient être
présents mais pour
assurer
la sécurité des manifestants. Il n’était pas prévu qu’ils
participent à une
occupation de voies.

Cette manifestation ayant été annoncée, à l’heure prévue,
tous les accès de
la
gare étaient fermés ou filtrés par les forces de l’ordre.
Compte tenu du
contexte du moment et de l’arrestation, la veille, d’un
ouvrier
métallurgiste
CGT, les 200 manifestants présents étaient déterminés à
envahir les voies
ailleurs, de manière incontrôlable, menace d’autant plus
réelle que d’autres
manifestants se trouvaient à un autre endroit de la ville,
à proximité de
voies
ferrées. Dans ces conditions, les cheminots grévistes
n’auraient pas pu
assurer
la sécurité des personnes.

Les organisations syndicales de cheminots d’Angers ont
donc, collectivement,
décidé de faire entrer les manifestants, en bon ordre, par
l’entrée du
souterrain Marengo. Pour cela, ils ont demandé à un
cheminot gréviste,
Martial
Thiébaut, représentant syndical SUD-Rail, qui possédait les
moyens d’accès,
d’
ouvrir le portail. La manifestation a donc pu avoir lieu,
sans danger pour
les
personnes et sans débordement.

Au moment où le gros des manifestants est arrivé sur le
quai, d’autres
arrivaient par le talus au niveau du pont de Contades, ce
qui prouvait bien
que
l’envahissement des voies aurait bien eu lieu même si le
portail n’avait pas
été
ouvert.

Les cheminots grévistes présents n’ont, à aucun moment, été
sur les voies.
Les
responsables syndicaux cheminots ont demandé aux directeurs
d’établissements
et
à l’huissier présents de le constater.

Les manifestants des autres corporations se sont installés
sur les voies.

a.. Ils ont demandé à pouvoir exprimer les revendications
aux voyageurs
via la
sono du TGV, cela a été refusé. S’ils avaient pu le faire,
ils auraient
dégagé
les voies rapidement.

b.. Ils ont exigé la libération ou, tout au moins des
nouvelles de
l’ouvrier
métallurgiste CGT placé en garde à vue la veille. Aucun
responsable des
services
de police n’a voulu accéder à l’une de ces demandes ce qui
aurait conduit,
nous
n’en doutons pas, à la libération immédiate des voies.

c.. Les forces de police présentes sur place n’ont, à
aucun moment, fait
les
sommations d’usage pour demander aux manifestants de
quitter les lieux. Ces
derniers ayant toujours été pacifiques, ils auraient
obtempéré à une demande
non
brutale.

Tout ceci fait que l’occupation des voies s’est prolongée.

Les cheminots grévistes ont convaincu les manifestants de
quitter les lieux
vers
7h15, pour ne pas pénaliser les TGV suivants.

La manifestation a, alors, quitté la gare en direction du
commissariat
central.

Les organisations syndicales des cheminots d’Angers
s’étonnent de la manière
dont les directeurs d’établissements de l’EEX et de l’EVEN
ont distribué des
formulaires de mise en demeure destinés aux cheminots.
Certains cheminots
ont dû
en faire eux-même la demande. Sur certains formulaires, il
est indiqué que
ces
cheminots occupaient les voies, ce qui est faux. A
l’inverse, un délégué du
personnel SUD-Rail de l’EVEN, qui ne se trouvait pas au
niveau de la
manifestation mais au niveau du TGV arrêté, a reçu la même
demande
d’explication
que les autres, sans avoir eu de mise en demeure et pour
cause.

Ne s’agit-il pas là de la volonté de sanctionner les
organisations
syndicales ?

Angers, le 16 juin 2003.

autres infos :

—– Original Message —–
From: SDEN-CGT 49
Sent: Monday, June 16, 2003 7:48 AM
Subject: 2 nouvelles arrestations suite aux manifs

Cher camarades,
La police a mis ce matin en garde à vue suite aux
manifestations Pierre
Daniello, CGT, ouvrier à PCM et Philippe Lebrun, FSU,
instituteur à
Trélazé.
Chez Philippe Lebrun, les flics ont perquisitionné pour
chercher … un
casque
de chantier !
Pierre travaille dans la même entreprise que celle de
Lionel Berranger
arrêté il
y a 2 jours, accusé d’avoir tagué le medef, et relâché
depuis (il passe au
tribunal le 7 juillet).
Maryse Lépron