Deux jobs en vue.

Le premier est vite expédié. Au bout du deuxième jour, le patron me dit de fermer ma gueule.

Personne ne me parle comme ça et surtout pas un patron, alors je l’engueule en lui criant dessus, virée dans la minute qui suit. Ô quelle surprise, personne de mes co-ouvrier/ère JTM ne bronchent
pour me soutenir. Tous et toutes à la botte du patron !

Deuxième job moins vite expédié malgré un deuxième jour où mon chien se bastonne avec celui de
la patronne et lui casse une dent. C’est ça de fanfaronner dans les champs en plein canniare avec ton
chien de race-là. Patronne maquillée et manucurée à gueuler sur les ouvrier/ères… Je prends ça
comme une vengeance pour ces onze heures bossées d’affilée, avec des pics au dessus de quarante
degrés, où mes ongles se cassent et la sueur fait dégouliner mon maquillage Carrouf-Celsius sans
que tu fournisses de l’eau fraîche. Et les sous-cheffes qui refusent tout approvisionnement d’eau
auto-géré. Alors baston de chiens tu comprends ? Même pas un motif pour être virée.

Le larbin à plein temps est testé positif à la Covid. Nenni la patronne nous cache tout et nous dit
rien, envoie un sms : « Masquez-vous bien en plein canniare ». Tu rêves ou quoi ?

J’y vois que du feu et même son privat larbin atteint de la Covid fait comme si de rien n’était, garde
son secret en fervent complice du patronat. Beau goss’ pauv’ chouchou, casse-toi de là et vis ta vie !
Je t’aurai prévenu.

Il y a aussi les sous-cheffes, raaaaah j’avais jamais vu ça, qui donnent des ordres. Je refuse d’obéir.
Les sous-cheffes essaient tous les jours d’’humilier les ouvrier/ère et personne que ça choque
dans l’équipe de manutentionnaires. Personne ne désobéit avec moi. A l’aide ! SOS ! Les larbins
sont partout. Exploité/es en plein canniiare et ça chantonne des chansons de fête et rigole dans les
champs. Pleure ta vie et me dit pas que le travail est une fête. Niveau discussions, Facebook tout
recraché, obscurantisme et complotisme. NO FUTUR déso pas déso.

« Oui mais tous les patrons sont pas nuls, tu comprends, il y en a aussi des biens » (parole
d’employé/e)
Je suis dans un cau

chemar ou quoi ? Tous les patron/nes sont des enflures de première sans exception, sous-chefs, toi y compris tes co-larbins, vas-y !

Une après-midi, les sous-cheffes se barrent travailler sur un autre site. Ni une, ni deux, on
s’organise entre larbins assumés pour faire régner l’ordre existant de la patronne. Difficile de faire
baisser la cadence de ces fayot/tes. Une ouvrière qui veut mettre la patronne face à son mensonge
sur la Covid, se retrouve seule parce que oui on a besoin de pognon alors on s’exécute. Je la
soutiens de toute mes forces, mais j’ai trop envie pas assez diplomate pour elle, de gueuler sur la
patronne qui se permet des réflexions à ses ouvrières du style « Comment tu peux être aussi blanche
en restant sous le canniiare toute la journée. Ah non et puis toi t’es trop vieille pour travailler au
dépôt, et toi si tu ne travailles pas bien, il y a plein d’autres candidates pour ce poste ». Pour ma
part, de toute façon je me méfie des personnes qui récoltent les louanges de la patronne. En plus de
ça, ça se bastonne entre ouvrier/es pour faire des heures supp’. « Premiers arrivés, premièrs servis »
est le mot d’ordre des sous-cheffes. Arghhh !

Les sous-chefs/fes, c’est comme les syndicats : ça formules des critiques qui vont dans un certain
sens. Au-delà : rien. Euh ? Tout casser ?

Impossible de me faire virée, alors je démissionne en entonnant ce refrain de toi que j’aime tant :
« je démissionne car je ne souhaite pas obéir à des ordres plus stupides les uns que les autres, je
démissionne car je souhaite obéir seulement à mes désirs. » Ni vue ni connue, je me barre et laisse
tout ce bau monde en plan car ils me dégoûtent encore plus que la patronne, ces larbins/es qui
s’assument en tant que tels.
Je n’ai plus rien à faire dans ce monde.