Cet article est resté une semaine en attente où des modos ont fait semblant de dialoguer pour proposer un deal inacceptable pour n’importe quel militant de n’importe quelle cause : « Une fois par mois, tu écris un article synthétique sur la situation en Palestine avec des liens vers différents articles pour les gens qui veulent plus d’infos. »  Pour finir, il a été censuré pour valider LE JOUR MÊME un autre article sur le boycott. C’est bien la preuve que toutes ces explications sont de l’enfumage. Les modos laissent moisir des articles plusieurs jours en attendant l’arrivée d’un article qui leur déplairait moins que les autres. Parce qu’il faut être vachement sûr de soi pour virer un article en attente depuis une semaine pour le remplacer par un autre qui vient d’arriver le jour même, et croire que ça se remarquerait pas !

https://nantes.indymedia.org/articles/50709

Et comme d’habitude l’accusation d’antisémitisme finit par remplacer toute argumentation. Exactement comme Yves Coleman :

Campagne BDS contre Carrefour et « je vous laisse deviner »….

mercredi 12 novembre 2014, par Yves

Limites de l’antisionisme n° 13

L’AFPS (l’Association France Palestine Solidarité) a pondu un communiqué, reproduit dans le bulletin A contre courant syndical et politique n° 250 de janvier 2014, page 7, pour dénoncer l’acharnement policier et judiciaire contre ses militants qui participent à la campagne BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) notamment dans les magasins Carrefour.

Rappelons que cette campagne BDS est fort ambiguë puisqu’elle est le versant « politiquement correct », de gauche, d’un autre boycott qui, lui, dure depuis 1945, et a été initié par la Ligue arabe en 1945, coalition d’Etats extrêmement « progressistes » comme chacun sait.

Rappelons aussi que cette campagne a pris de l’ampleur à partir de la conférence de Durban où abondaient les propos antisémites, et que ses soutiens se livrent à des comparaisons empruntées à l’argumentaire fasciste comme cette déclaration de Mme Mona Baker, à l’origine du licenciement de deux enseignants israéliens à l’université de Manchester : « En réalité je ne boycotte pas les Israéliens, je boycotte les institutions israéliennes. Je suis convaincue que longtemps après que tout cela sera fini, comme cela a été le cas avec l’holocauste des juifs, les gens commenceront à admettre qu’ils auraient dû faire quelque chose, que c’était déplorable et que le milieu universitaire est si lâche qu’il n’avait rien fait. » Comparer les « institutions israéliennes » (ou l’Etat israélien) avec le régime nazi ne peut que réjouir tous les antisémites, négationnistes, néofascistes et néonazis actuels.

En théorie, dans un monde idéal qui serait débarrassé de tous préjugés, actes et crimes antisémites, appeler à boycotter des produits israéliens n’aurait pas de conséquences. Mais on ne peut pas dire que, en France, l’antisémitisme recule, bien au contraire, comme en a témoigné le « Jour de colère » contre Hollande le dimanche 26 janvier 2014 avec ses slogans nazis (« Juifs hors de France »). Ou comme en ont témoigné l’assassinat d’Ilan Halimi (1), puis l’assassinat par Mohammed Merah, à Toulouse, de Jonathan Sandler, de ses deux enfants Gabriel (3 ans) et Aryeh (6 ans), et de Myriam Monsonégo (8 ans). Assassinats que beaucoup de militants de gauche et d’extrême gauche ont refusé de qualifier d’antisémites.

De plus, spécialement dans un pays comme la France où il existe une tradition antisémite plus que centenaire qui devrait inciter à un minimum de prudence, tout dépend des arguments qu’on utilise afin de justifier ce boycott des produits israéliens et des effets qu’une telle campagne peut avoir sur l’opinion publique nationale et internationale.

En effet, une partie de l’extrême droite (la plus radicale, celle des « nationalistes-révolutionnaires » et autres Ayoub, les idéologues à la Soral, les bateleurs à la Dieudonné et aussi la faune influencée par les néonazis et les néofascistes) est antisioniste, antisémite et bien sûr favorable au boycott des produits israéliens produits dans les Territoires occupés, mais aussi produits sur tout le territoire israélien.

De plus, il existe un vieil antisémitisme religieux et politique qui associe les Juifs (peuple), les juifs (religion) au commerce et le fait de prendre pour cible la chaîne Carrefour n’est pas sans danger surtout si l’on se penche sur toutes les rumeurs, fantaisistes ou pas, antisémites ou pas, qui courent sur cette chaîne internationale de magasins.

Tout d’abord, Carrefour vend des produits halal, ce qui indispose particulièrement certains commerçants dits « musulmans », qui pensent que Carrefour (sous-entendu : les « sionistes », donc en bon français les Juifs et les juifs) veut ruiner les commerçants « musulmans ».

Pour pimenter un peu plus la situation, et parallèlement à cette campagne contre Carrefour, on a des internautes « musulmans » qui mènent une campagne contre une des sociétés chargées de certifier le hallal (AVS, pour ne pas la nommer) parce que l’un de ses actionnaires est « d’origine juive » et que AVS certifie hallal les produits vendus chez Carrefour. Pour ces « musulmans » la présence d’un « juif » au sein d’un conseil d’administration ne peut signifier qu’une chose : la viande vendue avec l’accord d’AVS n’est pas hallal, voire elle est dangereuse pour la santé (on voit là le retour, sous une forme moderne, d’un vieux mythe antisémite du Moyen Age, celui de l’empoisonnement des puits par les juifs).

On a donc ici, sous l’apparence d’une guerre commerciale entre, d’un côté, une chaîne de distribution qui vend du hallal et, de l’autre, des petits et moyens distributeurs et commerçants « musulmans », et sur fond de concurrence entre plusieurs sociétés de certification hallal, tous les ingrédients d’un conflit politiquement dangereux, avec une polémique contre l’influence des « juifs » (pardon, les « sionistes ») dans l’économie qui rappelle les discours nazis sur l’« enjuivement » du commerce ou de la banque…

Quand on s’attaque à Carrefour, chaîne qui est déjà la cible de toutes sortes de polémiques sur le hallal, sur le ramadan et sur la question de savoir si la traçabilité des produits fabriqués en Israël ou dans les Territoires occupés est dissimulée ou pas aux clients (ce qui est illégal), on est par conséquent sur un terrain très glissant, ce que savent parfaitement les antisionistes de gauche de l’AFPS.

Abordons maintenant donc le communiqué paru dans A contre courant syndical et politique « Non c’était à Colmar, pas à Tel Aviv » – titre qui trahit bien le chauvinisme gaulois de ses auteurs tout comme ce commentaire (souligné en gras dans l’article) : « Il n’y a qu’en France où l’on assiste à ce type de procès  » (ce qui renforce le caractère nationaliste et antisémite, comme on le verra plus loin, du « je vous laisse deviner » qui de l’AFPS, car pourquoi en France ? « je vous laisse deviner »…).

Tout est parti de poursuites judiciaires entamées par plusieurs associations défendues par des avocats « sionistes » selon l’AFPS. On remarquera que ces trois avocats s’appellent Ghozlan, Goldnagel et Markowicz, qu’ils sont juifs et que donc le vocable « sionistes » n’est qu’un cache sexe (un nom de code) pour désigner leurs origines « ethniques » et non leurs positions politiques.

Maintenant intéressons-nous aux insinuations antisémites de l’AFPS sur la chaîne Carrefour.

Dans son texte intitulé « Non c’était à Colmar, pas à Tel Aviv », il est écrit que la LICRA serait une « association pro-israélienne », ce qui correspond tout à fait au portrait que fait l’extrême droite de cette association et à son portrait de la France comme « Licraisée ».

Quiconque a un minimum de culture sait pourtant que la LICRA (à l’époque la LICA) est née en 1926 – donc bien avant la naissance de l’Etat d’Israël – pour défendre Samuel Schwartzbard qui venait de descendre Petlioura un Ukrainien qui s’était « illustré » par des pogromes pendant la guerre civile contre les bolcheviks. Cette association a mené campagne contre le nazisme dans les années 30, nombre de ses militants ont été résistants sous l’Occupation nazie, puis après la guerre elle s’est occupée des rescapés juifs des camps de concentration et d’extermination, a dénoncé l’antisémitisme en URSS et dans les pays de l’Est (antisémitisme que la plupart des militants de gauche, y compris les militants juifs, niaient à l’époque et nient encore), puis le racisme contre les travailleurs étrangers et les Roms. Réduire la LICRA à une organisation « pro-israélienne » est donc un mensonge grossier et une falsification historique.

La LICRA n’est pas une organisation d’extrême gauche, c’est évident et ses dirigeants ne dénoncent pas les gouvernements israéliens, mais à ce compte-là presque tous les partis et syndicats français et une grande partie du monde associatif ne critiquent pas tous les jours la politique colonialiste de l’Etat d’Israël… De plus, l’AFPS ne peut ignorer la campagne de pétition pour l’interdiction de la LICRA, campagne clairement antisémite, impulsée par l’extrême droite et soutenue par Dieudonné.

Mais ce n’est pas le plus grave dans ce texte. Le plus grave ce sont les insinuations antisémites contenues dans la phrase « Quant à la raison pour laquelle, ils (les militants de l’AFPS, NPNF) sont poursuivis chez Carrefour et pas pour les actions identiques dans d’autres magasins, je vous laisse la deviner. »

En effet, comme précisé plus haut, il y a déjà un contexte d’insinuations et de rumeurs antisémites sur la viande halal vendue chez Carrefour. De plus il suffit de chercher sur Internet (par exemple sur bladi.net, sur des blogs de mediapart, sur le site fasciste défrancisation.net, les sites agoravox, le grand soir, etc.) où se répandent le mieux les rumeurs et les affirmations non vérifiées ou fantaisistes et on trouve de nombreuses mentions du fait que Carrefour serait en partie aux mains des « Juifs » (cf. par exemple ce communiqué d’Europalestine qui explique que le groupe israélien Koor a investi en 2009 dans Carrefour et posséderait 3% des parts, ce qui en ferait le second groupe d’actionnaires).

Le « je vous laisse deviner » de l’AFPS ne peut que faire le jeu de l’antisémitisme. Certes cette association antisioniste ne reprend pas explicitement l’argument des 3% du capital qu’avait avancé Europalestine. Elle ne s’est pas non livrée à une chasse aux noms « juifs » dans les membres du Conseil d’administration de Carrefour, comme certains militants d’extrême droite ont tenté de le faire sur Internet. Mais, à la limite, c’est encore pire, parce qu’elle laisse ses lecteurs « deviner » c’est-à-dire céder à la mentalité conspirationniste, au fameux « socialisme des imbéciles » qui prospère chez certains antisionistes de gauche et chez beaucoup de militants de gauche et d’extrême gauche.

Y.C., 5/02/2014

LE COMPLOTISME « ANTICOMPLOTISTE » DANS TOUTE SA SPLENDEUR ! POUR QUI ROULE COLEMAN ? JE VOUS LAISSE DEVINER…