UN par semaine, c’est beaucoup trop, mais DEUX semaines, c’est trop aussi ! ça fait deux semaines qu’il n’y a pas eu d’article sur le sujet. Ça sera toujours trop, la volonté de censurer tout ce qui concerne l’apartheid et le colonialisme passe avant tout. Des modos qui n’ont aucune honte, proposent le deal du siècle « Une fois par mois, tu écris un article synthétique sur la situation en Palestine avec des liens vers différents articles pour les gens qui veulent plus d’infos » ! ! ! ! ça fait exactement penser aux deals que les sionistes imposent aux Palestinien-ne-s en posant tellement de conditions à la moindre concession que la situation précédente est encore préférable.

On n’a jamais vu ce genre de ségrégation raciste dans aucun indymedia : la solidarité concernerait tout le monde sauf une seule catégorie de gens. Vous imaginez le gag : dans les jours qui viennent l’Etat fasciste israélien va faire ce qu’il avait annoncé, l’annexion de la Cisjordanie, avec les morts que ça va occasionner en cas de soulèvement palestinien. On va devoir attendre un mois avant de pouvoir en parler. Mais il y a mieux : si par miracle les modos condescendaient à le publier et que le lendemain même un autre crime encore plus odieux avait lieu, il faudrait attendre encore un mois, puisque les commentaires sont la première chose que les modos censurent.

Vous réalisez un peu ce que vous écrivez ? La nettoyage ethnique des palestiniens est un sujet tellement banal qu’on peut prévoir d’en faire un résumé tous les mois, la régularité des crimes nous épargnant de tenir compte de leur actualité ! Le triomphe de la bureaucratie sur la pensée honnête.

En proposant des deals aussi grotesques, les modos ne font que confirmer leur volonté de censure. Sous un prétexte ou un autre, articles et commentaires seront supprimés, il n’y aucune illusion à se faire, la prétendue discussion https://nantes.indymedia.org/articles/50624

c’est du baratin ! La seule originalité c’est que j’ai eu droit à quelques commentaires alors que jusqu’ici je n’ai pu m’exprimer que dans la colonne refusés. Mais de toute façon c’est des commentaires dans un article refusé.

La meilleure preuve, quelqu’un a proposé un article sur le BDS (oui, c’est pas moi qui les envoie tous) et j’en ai profité pour mettre un commentaire sur le sujet. Qui a été viré tout de suite, bien sûr, comme si c’était la première chose à faire en urgence dans le taf de modération.

Le raffinement suprême c’est d’avoir laissé trainer cet article une semaine avant de le censurer, pour gagner encore du temps. C’est tellement pratique, ça permet aux modos de CHOISIR les articles à refuser. Et ça peut vouloir dire aussi qu’il ne sera plus jamais publié, même dans un mois, si d’ici là quelqu’un a pu poster un article interprété comme même sujet (comme par exemple sur Zemmour )) )

La question posée est simple : QUAND, au bout de quel délai, cet article pourra être validé, et sinon merci de confirmer qu’il ne sera JAMAIS validé et que vous avez CHOISI de censurer un article synthétique de la situation en Palestine qui peut remplacer pas mal d’articles différents sur ce thème.

 

 

Apartheid, annexion, suprématisme : plus que jamais le boycott !

Dans son dernier livre, L’État d’Israël contre les Juifs, Sylvain Cypel a une jolie expression. Jusque-là, les dirigeants d’Israël essayaient de masquer le sociocide à l’œuvre contre la Palestine. Ils se dépeignaient en victimes d’antisémites voulant détruire Israël et jeter les Juifs à la mer. D’ailleurs pour eux, les Palestiniens n’existent pas. Ils affirment sans rire qu’Israël est la seule démocratie du Proche-Orient. Aujourd’hui, ils n’ont plus peur « d’uriner du haut du plongeoir ». Ils assument ouvertement l’apartheid.

Le sionisme en phase de fascisation

Bien sûr le terme « fascisme » a un sens précis : la suppression de toutes les libertés fondamentales et celle des institutions du mouvement ouvrier, le suprématisme qui sépare ceux qui ont des droits de ceux qui n’en ont aucun, l’embrigadement massif de toute la population, l’élimination ou l’enfermement des opposants et des lois interdisant toute possibilité d’alternance.

Pour les 50 % de la population vivant entre la Méditerranée et le Jourdain qui sont palestiniens, on n’en est pas loin. La loi sur « Israël État-Nation du peuple juif » fait des Non-juifs des étrangers dans leur propre pays. Elle décrète officiellement que ce pays est juif et que seuls les juifs ont droit à l’autodétermination. Des ministres ou des politiciens expliquent sans rire que les droits du sionisme doivent s’imposer face aux droits de l’homme.

La « justice » israélienne ressemble à celle de bien des pays totalitaires. Les Palestiniens des territoires occupés dépendent de la « justice » militaire, toute ressemblance avec l’Occupation chez nous n’est bien sûr pas fortuite. L’armée et les colons multiplient ensemble les violences contre une population désarmée. S’il n’y a pas de génocide au sens strict du terme en cours en Palestine, 850 000 Palestinien.nes ont connu la prison en 50 ans. La torture a été légalisée. Les arrestations d’enfants même très jeunes sont la norme. Un jet de pierre entraîne des années de prison. Les crimes « gratuits » commis par l’occupant, qu’ils émanent de colons ou de militaires, ne sont jamais punis.

Le 30 mai, l’armée israélienne a abattu un jeune autiste à Jérusalem. Pourquoi se gêner puisque l’assassinat ou la mutilation volontaire de milliers de civils à Gaza lors des « marches du retour » n’ont provoqué aucune réaction notable ?
Israël est devenu le modèle mondial des technologies de pointe visant à surveiller et à enfermer les populations réputées dangereuses et ces technologies s’exportent partout.

Même la partie de la population qui est hostile à Nétanyahou partage majoritairement les mêmes « valeurs ». Benny Ganz, criminel de guerre qui s’était vanté en 2014 de ramener Gaza « à l’âge de pierre », a incarné cette opposition avant de se rallier. Les loups se mangent rarement entre eux.

C’est Zeev Sternhell, historien spécialiste du fascisme décédé le 21 juin dernier, qui expliquait que, sur bien des aspects, l’Israël d’aujourd’hui ressemble à l’Allemagne des années 30. En tout cas, les colons, qui étaient idéologiquement minoritaires au moment des accords d’Oslo, sont aujourd’hui dominants et ils dirigent de fait la société israélienne. Il n’y a plus de contestation massive de l’apartheid et de la colonisation. Encore moins de contestation de la destruction de la société palestinienne et de la négation de ses droits.

Le projet d’annexion

Pendant longtemps les dirigeants capitalistes de ce monde étaient censés incarner la « liberté », même si c’était celle du renard dans le poulailler.
L’époque a changé. Le « droit international », les « droits de l’homme » sont piétinés sans dissimulation par des soudards qui ont nom Trump, Bolsonaro, Nétanyahou, Assad, Erdogan, MBS, Poutine, Orban, Modi … la liste est trop longue.

Les dictateurs arabes Sissi ou MBS écrasent leurs peuples et sont à la fois des collabos contre les Palestiniens et des alliés inconditionnels de Trump. Celui-ci a renversé la table en déménageant l’ambassade états-unienne en Israël à Jérusalem. Il est bon de rappeler que, sous Obama, le Congrès avait pris la même position et que la première déclaration de Biden, sitôt investi comme candidat démocrate, a été de dire que l’ambassade resterait à Jérusalem.

Quel est le raisonnement de Nétanyahou ? De nombreuses annexions ou crimes contre l’humanité dans le monde ne sont plus vraiment contestés : l’annexion du Sahara Occidental par le Maroc ou celle de la Crimée par la Russie. La répression russe en Tchétchénie ou chinoise contre les Tibétains ou les Ouïghours suscitent bien peu de réaction.

Le sionisme a toujours procédé par fait accompli. Dans les années 2000, Sharon expliquait qu’il fallait occuper le maximum de territoires parce que « tout ce que nous occupons sera à nous ».

Jusque-là, l’Occident a tout accepté : le rouleau compresseur colonial, les invasions, les crimes de guerre. Nétanyahou est persuadé qu’il acceptera l’annexion d’une bonne partie de la Cisjordanie. Il sait déjà que les premiers qui accepteront seront les dirigeants collabos d’Égypte ou du Golfe.

Le rapport de force est très favorable à l’occupant. Il est une pièce maîtresse de la domination occidentale dans la région. Il dispose partout d’amis et de complices. Les GAFA le soutiennent. Facebook vient d’engager une experte israélienne de la censure, Emi Palmor pour « traquer les discours de haine » (comprendre la critique d’Israël). Paypal ferme les comptes des associations soutenant les droits des Palestiniens, Western Union interdit certains transferts d’argent vers la Palestine, Air BNB promeut le tourisme dans les colonies … La complicité des États va jusqu’à forcer le directeur du musée juif de Berlin à démissionner parce qu’il ne donne pas la « bonne » définition de l’antisémitisme.

Sur le fond, le projet d’annexion ne change pas grand chose à la réalité de ce que vivent les Palestiniens. Les Israéliens détiennent déjà la totalité du pouvoir politique, économique et militaire. Les Palestiniens vivent dans une grande prison avec la menace perpétuelle de l’agression et de l’expulsion. L’annexion va un peu plus étouffer une population déjà asphyxiée.

Pourtant, tout le monde a bien conscience de ce que signifierait l’annexion : la fin de tout « droit », la généralisation de la loi du plus fort, la fin définitive du mythe du « processus de paix », l’officialisation d’une recolonisation du Proche-Orient. 28 ans après une lutte victorieuse contre l’apartheid sud-africain, le monde avaliserait l’officialisation de l’apartheid israélien

Très hypocritement, l’ONU et l’Union Européenne soutenaient une coquille vide : la « solution à deux États » dont le mythe aura permis à l’occupant d’installer des centaines de milliers de nouveaux colons et de voler toujours plus de terre. Le mythe s’écroule. Quels prétextes trouveront ces institutions pour continuer cette complicité avec le sionisme et cette approbation tacite de la destruction de la société palestinienne ?

La résistance 

Les Palestiniens disent souvent « vivre c’est résister ». Le superbe film « Le Char et l’Olivier » de Roland Nurier montre cette résistance quotidienne. Résister est de plus en plus difficile, il y a des gens qui tentent de fuir, on les comprend. Mais fondamentalement, la société palestinienne ne s’effondre pas. Elle continue d’essayer de produire, de cultiver la terre, d’éduquer massivement les enfants. Fragmentée, soumise à des statuts de domination différents et à l’arbitraire permanent, elle continue d’exister. Les sionistes ont toujours rêvé que les Palestiniens disparaîtraient comme peuple pouvant exiger ses droits comme les populations autochtones d’Amérique ou d’Australie. Mais voilà : même dominés, humiliés, violentés, les Palestiniens forment 50 % de la population et l’occupant a toutes les peines à les faire disparaître du paysage.

Même en Israël, il y a des résistances. Courageusement, des milliers de manifestants ont défilé à Tel-Aviv. La partie « européanisée » de la population qui souhaiterait vivre normalement ne se reconnaît plus dans cet État dirigé par une espèce d’OAS fascisante. Même parmi ceux qui continuent de se réclamer du sionisme, certains ont conscience que l’annexion pourrait conduire à l’isolement et à une réprobation internationale.

Et ils n’ont pas tort. Après des années d’attente, la CEDH (Cour Européenne des Droits de l’Homme) a rendu son verdict. Elle infirme le jugement qui avait condamné les militants de Mulhouse pour une action de boycott il y a maintenant 9 ans. Elle condamne la France à leur verser de lourdes indemnités. Ce jugement met par terre toute la jurisprudence qui avait tenté de criminaliser le BDS et d’intimider de nombreux militants de la solidarité.

Comment expliquer ce jugement ? Bien sûr, l’Union Européenne, premier partenaire économique d’Israël, continue d’être complice. Le Parlement européen a voté un accord aérien avec Israël. Le Parlement français a voté la résolution Maillard qui essaie de criminaliser l’antisionisme. En Allemagne, les comptes bancaires des associations juives solidaires des Palestiniens ont été fermés. En Europe de l’Est les régimes autocratiques, dont les racines idéologiques se mêlent souvent avec les mouvements antisémites qui ont soutenu l’Allemagne nazie, sont les supporters les plus fervents d’Israël.

Pourtant cette Europe-là a senti que l’interdiction de la parole contre les crimes d’Israël aurait des conséquences graves. Les juges n’ont pas voulu que l’Europe suive Trump et Nétanyahou dans leur ostentation du déni de tout droit. Les provocations de Nétanyahou qui annihile de lui-même la pseudo solution à deux États et qui brandit sans arrêt l’antisémitisme tout en s’alliant avec de vrais fascistes ont fait le reste.

Relancer le BDS

On entend souvent dire en Palestine que l’issue de cette guerre dépend à la fois de la capacité des Palestiniens à survivre en tant que société et de notre capacité à forcer nos dirigeants à changer de politique. Ils rappellent que la guerre qui les a dépossédés de leur pays est née à l’extérieur : de la déclaration Balfour, du colonialisme britannique, de l’antisémitisme européen, de la partition de la Palestine, de l’admission d’Israël à l’ONU alors que ce pays violait toutes les résolutions à commencer par celle sur le retour des réfugiés, du soutien inconditionnel états-unien à Israël, …

La décision de la CEDH annonce une relance coordonnée des actions de Boycott, Désinvestissement, Sanctions contre Israël. Un Boycott qui doit être total : politique, économique, commercial, scientifique, culturel, universitaire, sportif, syndical … Il s’agit de mettre au ban de l’humanité un État voyou.

Derrière la question de la Palestine se pose fondamentalement la question du monde dans lequel nous voulons vivre. Refuser le colonialisme, le racisme, le suprématisme, la prison sécuritaire, la répression violente, l’enfermement massif, la discrimination institutionnelle, c’est soutenir la Palestine.

Nous aurons aussi, sans relâche à combattre l’obscénité de l’instrumentalisation de l’antisémitisme. Les dirigeants israéliens sont bien plus proches, idéologiquement, de ceux qui ont commis le génocide nazi que de ceux qui l’ont subi. Nous ne les laisserons pas parler au nom de la mémoire des victimes.

https://www.ujfp.org/spip.php?article7954

Sur le même sujet, voir aussi : 
Les Palestiniens sont fatigués de prouver que l’apartheid israélien existe
https://agencemediapalestine.fr/blog/2020/07/03/les-palestiniens-sont-fatigues-de-prouver-que-lapartheid-israelien-existe/ 
« Une loi d’exception ne peut rien nous dire que des décennies de lois et de politiques ne nous aient déjà appris »