Cuba, la plus grande prison du monde
19 juin 2020 par Floréal

Le 14 janvier 2020, un rapport a été présenté à Madrid fournissant les données mises à jour en matière pénale concernant Cuba. Elaboré par l’ONG européenne Cuban Prisoners Defenders, basée dans la capitale espagnole, il informe sur le nombre total de prisonniers dans le système pénitentiaire de l’île, les causes d’emprisonnement, ainsi que sur le nombre de prisonniers pour conduite prédélictive, principalement les personnes qui vont à l’encontre de la « morale socialiste », c’est-à-dire les dissidents, les opposants et les entrepreneurs.

Selon ce document, il y avait à cette date environ 90.000 prisonniers dans les prisons cubaines, ce qui fait de Cuba le pays ayant la plus grande population carcérale au monde (voir carte ci-dessous), avec 794 détenus pour 100.000 habitants (les États-Unis occupent la deuxième position). Cette donnée contredit les chiffres avancés par le régime cubain, par l’intermédiaire de son organe de propagande, le journal Granma, en 2012, qui indiquait que la population carcérale était de 57.336 personnes, ce qui ramenait le nombre de prisonniers pour 100.000 habitants à 510 (et plaçait Cuba au sixième rang mondial). Ces données sont les seules qui étaient jusque-là en vigueur, en l’absence de mise à jour officielle, selon l’information publiée par l’Institute for Criminal Policy Research (ICPR) sur son site web, où sont conservées les données de 2012.

Le rapport indique que plus de 32.000 affaires pénales sont engagées à Cuba chaque année, ce qui signifie qu’entre 35.000 et 40.000 personnes passent chaque année devant les tribunaux, et que de 92 à 93 % d’entre elles sont déclarées coupables, c’est-à-dire entre 32.000 et 37.000 personnes. Parmi les condamnés, 69 % le sont à une peine privative de liberté, c’est-à-dire qu’entre 22.000 et 25.500 personnes seront condamnées à une peine d’emprisonnement ou de travail correctionnel dans un établissement pénitentiaire.

Ces données, inédites jusqu’à lors, ont été élaborées par l’ONG Prisoners Defenders grâce à « une documentation interne du régime que j’ai remise à des services diplomatiques et qui est incontestable », a expliqué Javier Larrondo, président de l’ONG. Le rapport, présenté au siège de la Fondation Transition espagnole, met l’accent sur les dossiers de précriminalité. « Nous savons maintenant avec exactitude depuis près d’un an qu’ils concernent de l’ordre de 11.000 personnes, dont 8.400 se trouvent derrière les barreaux. »

Larrondo dénonce avec véhémence ce type de condamnations qui reflète « la répression des droits d’opinion et l’arbitraire distillé à travers ces 11.000 prisonniers prédélinquants, c’est-à-dire préjugés sans avoir commis de délit. C’est quelque chose de très triste. Ce sont 11.000 familles qui sont affectées chaque année, dont les membres sont condamnés à des peines allant de un à quatre ans, sans avoir commis de délit. La peine moyenne est supérieure à deux ans d’emprisonnement ».

Prisons et camps de travail forcé

Sur la différence entre les chiffres, ceux fournis par le régime en 2012 par le biais de Granma, comparés à ceux collectés maintenant, Larrondo souligne la véracité de ces derniers. « Granma est un pur organe de propagande. Les chiffres donnés par Prisoners Defenders sont, malheureusement, vrais et exacts. A la fin du premier semestre 2019, on comptait 90.300 condamnés à la prison et 37.500 personnes condamnées à des peines autres. Selon le rapport, un total de 127.800 personnes purgent actuellement des peines à Cuba, la plupart d’entre elles dans des prisons et des camps de travail forcé. C’est une horreur ! »

Ces données placent Cuba comme la plus grande prison du monde, « sans aucun doute, et il en est ainsi depuis des décennies. Le problème est que ce n’est que maintenant que nous avons pu le démontrer avec des documents officiels incontestables », souligne le président de Prisoners Defenders, faisant allusion à l’opacité du régime cubain.

Le rapport se concentre également sur les grâces et les libérations massives que le gouvernement cubain applique depuis des années pour contrôler les dépenses pénitentiaires et faire de la place pour les nouveaux détenus dans des prisons surpeuplées, en particulier les condamnés pour « comportement antisocial » (qui touche les dissidents, les opposants et les entrepreneurs). « Les prisonniers de droit commun sont soit libérés, soit transférés, afin de réduire les coûts du système pénitentiaire, et cette politique est constante depuis 2015. Le pourcentage de prisonniers politiques, sur le total, augmente les années où ces politiques de libération et de drainage sont faites, car ces libérations ne concernent pas les prisonniers politiques ou ceux qui sont mécontents du système », explique M. Larrondo. Selon les données recueillies dans le rapport, 21.600 prisonniers de droit commun bénéficient d’une libération anticipée chaque année à Cuba.

Carte des prisons à Cuba.
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https://florealanar.wordpress.com/2020/06/19/cuba-la-plus-grande-prison-du-monde/