Le sécuritaire au service du capital : voilà ce que l’on peut tirer de l’expulsion du nouveau squatt de la cité Debergue. Cité abandonnée, en voie de destruction, pour reconstruire des logements inaccessibles aux classes sociales les plus pauvres. La spéculation sur les terrains dans la ville de Paris est sans pitié pour tous les sans logis, en pleine trève hivernale. Faut croire que le conseil municipal du 20ème arrondissement composé de socialistes, des verts, que le conseil municipal de Paris aient un véritable souci de fabriquer des SDF au point de refuser l’occupation des logements vides : que du mépris, de la non-assistance et de l’arrogance. Où se trouvent donc tous les beaux principes de solidarité des principes socialistes ?

Pendant qu’ils expulsent en recourant à la gente policière, dont le boulot est de provoquer notre colère et de nous anéantir moralement, la crise du logement touche de plein fouet les étudiants des milieux modestes, qui ont pu croire un moment à la solidarité républicaine, l’égalité des chances dans le milieu universitaire. Au lieu de cela, les loyers flambent, les étudiants se retrouvent obliger de travailler pour pouvoir payer et comprommettent leurs chances de réussir leurs études. Belle immoralité !

Désormais, les valeurs de solidarité disparaissent du langage quotidien, les médias nous bourrent le crâne avec les nouvelles vertus à l’ordre du jour : concurrence, libre-échange, technocratie, élitisme, consommation, marchandisation, client…

Et donc, un beau jeudi bien froid (environ 3°C), un squatt est ouvert par des étudiants qui osent se scandaliser du gaspillage des logements non occupés mais interdits d’accès, alors que Paris connaît une crise de l’offre de logements. Les logements sociaux en effet disparaissent de Paris, pour des loyers toujours plus cher, avec un Paris toujours plus bourge. Alors que l’oligarchie politique vendue acquiert des logements à prix d’or, tel un Gaymar, dénoncé par « le Canard Enchaîné » qui n’hésite pas à s’accorder un loyer de 14000 Euros pour 600m², alors qu’il n’en touche pas la moitié ! ! ! C’est du cynisme ? Et les pauvres crèvent de froid dans la rue. Il ne manquent pas d’humilité, les Vendus du grand capital, dont les instincts cupides sont démultipliés par la chute de l’URSS.

Donc, un squatt ouvre par un bel après-midi, la bonne humeur est présente dans les esprits : on est 30 à soutenir le squatt, pour plus de légitimité. Puis les gens discutent, picniquent, et vers 18h, on est relativement nombreux. Vers 18h30, on croit qu’un accord est fait, et qu’enfin, après cette lutte, le squatt va pouvoir vivre, la satifaction est au rendez-vous (nom de la rue annexe à la cité Debergue), la cité cessera d’être moribonde . Et vers 18h40, les choses se gâtent : 4 policiers inspectent de loin notre groupe situé au fond de l’impasse. Les ouvriers s’activent à emmurer le reste de logements, squatts potentiels pour qu’ils soient définitivement inutiles à personne, en attendant leur destruction. Puis les rumeurs de l’arrivée de camions de polices et de renforts se propagent.

ON décide alors de quitter le fond de l’impasse pour l’entrée de la cité donnant sur la rue Rendez-vous. Et on crie notre indignation, « Non aux expulsions ! ». Et les flics s’activent : ils sont en robocope, casque à la ceinture,

et nous refoulent dans l’impasse, mais on résiste, et finalement, ils nous relâchent dans la rue, cependant qu’un copain se fait taper par un flic devant tout le monde, avec une impunité totale. Ils occupent maintenant la cité, et nous, dans la rue, on continue à s’indigner, on bloque les voitures, on fait le dahua, on interpelle les passants du quartier. Ils nous soutiennent, cependant que des ouvriers ont garé leur camion pour murer le squatt. Nos protestations continuent de plus-belle cependant que l’on nous bouscule. Certains essaient de discuter avec les flics, qui ne veulent pas comprendre, pas voir, ou occasionnellement, qui nous approuvent, mais qui n’en font pas moins leur devoir, avec cette mimique : « vous voyez bien que certains sont avec vous » tout en obéissant sans discussion aux ordres de faire de l’ordre. C’est de la faute du préfet qui reporte la faute sur les Vendus du Conseil Municipal.

Un camion rentre dans l’impasse, et bientôt ressort avec nos camardes emmenés au commissariat du 12ème. Des gens ne comprennent pas, d’autres nous critiquent, réponse : « Mais vous voyez pas qu’on expulse en bas de chez vous ? »

Allez savoir comment se fait-il que les élus parisiens sont tous des pourris, cependant qu’en province, d’autres font preuve d’humanité ? Mais que tout le monde le sache, à Paris, ils sont loins d’être cools : le PS n’hésite pas à gazer les sans papiers qui occupèrent leur local dans le 93, les élus verts s’occupent des projets sociaux, tout en recommandant les expulsions manu militari, sans avoir à s’expliquer devant les citoyens, reportant le tout sur les exécutants soumis.

Donc, le camion en direction du commissariat du 12ème : c’est 5 garde à vue en perspective pour des individus qui défendent le droit à la vie, à plus de dignité. Mais c’est se heurter à l’indifférence des grands de ce monde qui ne se soucient que des chiffres abstraits : le milliard d’euros, l’insatisfaction du pas assez de profit, quand on ne s’est plus comment dépenser sauf quand il s’agit de devenir toujours plus puissant, acheter des nouvelles entreprises, devenir des trusts, cartels, multinationales, esprit tycoonesque !

Loup Noir