Rage against the machine

Une femme ça ne doit pas, ça ne doit pas ouvrir sa gueule. Une femme ça doit parler doucement, baisser le ton, ne pas se mettre en colère, ne pas être furieuse, avoir la voix trop grave, être trop grande, trop grosse, trop moche, sexy mais pas trop, rigoler trop fort, ne pas se taper sur la cuisse en se marrant, se raser les cheveux, se trouer soi-même la peau, sinon son corps ne sera plus assez pur pour le paradis. Une femme, une femme ça ne doit pas taper dans des trucs, donner des coups de pieds, pousser quelqu’un pour dire non, ça ne doit pas se rebeller, une femme ça ferme sa gueule. Ca doit avoir la bonne posture quand elle s’assoit, croiser les jambes élégamment, porter des jupes à la bonne longueur et cacher les peaux, les cheveux, les sourires, ça doit exister mais pas trop fort. Une femme, une fille, une gamine ça doit fermer sa gueule et arrêter de faire chier avec sa souffrance intérieure, ça doit fermer sa gueule à coups de poings, de coup de pieds dans la tête, de regards noirs-reste-à-ta-place-de-meuf.

Quand on lui écarte les cuisses de force pour la limer comme un connard. La violer, la déglinguer, ça doit raconter les choses d’une manière futiles et légères, ce n’est pas normal de dire les choses de manière violente, brutes, cash, obscènes. Ça bouffe de la violence et puis après ça doit être doux et tendre une femme; sourire, même si tu as du sang qui dégouline des dents. Le seul moment ou finalement tu peux gueuler, c’est quand tu accouches, ça c’est la bonne fonction, t’as le droit là, tu te fais déchirer la chatte pour de « bonnes raisons ». Alors tu as le droit de souffrir là, c’est donner la vie ça, on s’en fou si la vie on a voulu te l’enlever un million de fois avant que la graine elle prenne. C’est une bonne façon de revenir dans la vie, enfanter. Si tu veux revenir dans la vie d’une autre manière tu restes une pute, une pauvre meuf dont personne ne veut, une salope en puissance pour les femmes en couple en soirée ou dans les mariages. Le fameux sourire figé, le regard qui te juge parce-que tu rigoles (parce-que tu arrives encore à rire putain le prodige) et que malgré tout tu as réussi à ne pas détester tous les mecs et ton mec il est gentil avec moi, je suis polie, je fais la conversation, non je ne vais pas baiser ton mec dans les chiottes.

Et les connasses qui ne veulent pas d’enfant, parce-que elles refusent de fabriquer un être qu’on va fracasser à coup de tatanes dans la gueule, elles feraient mieux d’apprendre à être de vraies femme, en donnant la vie. Fermer sa gueule et verrouiller leurs corps, parce-que sinon le viol c’est ta faute, tu l’as cherché à tortiller du cul avec ton corps qui dépasse des tissus. C’est vrai qu’à 14 ans en jogging, fringuée comme un garçon tu le cherches vraiment. Ha oui mais non, tu marchais sur le trottoir aussi, tu l’a bien cherché. Une fille ça doit se contenter de refaire l’histoire avec son père qui ne voyait chez elle qu’une futur pute parce qu’il n’a pas eu les couilles de revoir son histoire, lâche il s’est laissé aspiré, parce-que c’est ça un vrai bonhomme et sa famille doit fermer sa gueule. Cette haine qui restera son truc à vie, alors rentre dans son idéal, ne remet rien en cause, inventer un autre passé. Ce qui compte c’est qu’il est fier de toi maintenant, maintenant que tu t’es bien débrouillée seule, que tu as érré sur les routes et que tu en as bien chié. Qu’on t’as bien tabassé à l’extérieur ou à l’intérieur des maisons. Ça doit pardonner, ça doit être clémente et elle se démerde avec les dégâts intérieurs, elle doit fermer sa gueule quand elle est bourrée et que les trucs du fond du cœur cachés comme une bête dans une grotte ressortent n’importe comment, comme des bêtes affamées. Et tous les jours, 364 jours par an, tu fermes ta gueule, tu te démerdes.

Un mec ça peut dire n’importe quoi bourré, c’est cool Francis Bacon ivre à la télé, mais toi la fille, fait attention à ce que tu dis, tu n’as pas le privilège de la souffrance, ta gueule, à jeun ou bourré c’est pareil, garde ta place de meuf, élégante, romantique, discrète et sexy à la fois, juste soupirer, chouiner comme un enfant, ça c’est permis. Ça fait bander Lolita, bien sûr que les gamines de 14 ans ce sont de vraies cochonnes, arrêtons de nous mentir.

J’ai envie de vomir, de pleurer, de me détruire, de vous détruire. Vous bourrer de coups de poings dans la tronche, vous démonter comme des meubles à coups de haches. Avoir un sexe qui bande dur et vous retourner de force en vous tirant les cheveux, je veux vous voir crever, pleurer, avoir envie de mourir de solitude, personne ne veut entendre personne, reste à ta place connasse, reste à ta place, la place que la religion te donne, la société, le grand capital, donne ton ventre, fabrique des enfants en fermant ta gueule, des enfants qui consommeront, qui donneront leurs frics à leurs tours et qui iront chialer dans les chambres. Et les histoires d’amour foirées, parce-que tu ne sais pas comment ça marche ces conneries et qu’il faudrait que tu te débrouilles, que tu fasses tout pour que ça marche, sans qu’en face on te regarde ou on te pose les questions. Tout est de ta faute, toujours. Mais en fait c’est juste simple aussi, tu n’as qu’à chouiner, geindre, comme une vraie jeune femme romantique qui a souffert, mais pas trop, reste dans ton rôle de Cendrillon en détresse à la con. La souffrance ça doit être joli aussi, tu aurais mieux fait d’avoir maigri en souffrant plutôt que de grossir, parce-que c’est moche une grosse qui souffre. Forcément ça s’empiffre. Non, ton corps à un moment il prend ses propres décisions, il ne te demande pas ton avis, et les armures ne sont pas toujours en fer blanc. N’empêche que oui ce gros corps, il t’a bien sauvé des fois, pour ne pas se faire buter un soir de septembre.

Je voudrais être un monstre énorme, marcher sur les villes, donner des coups dans les immeubles, marcher sur les maisons, dans un hurlement immonde sorti des enfers, cracher du feu pour brûler votre société de merde mercantile, hypocrite.

Mais non, vous me direz, tout le monde est féministe, c’est mignon une jeune fille avec un tee-shirt acheté au supermarché du coin avec « je suis féministe » écrit dessus. On est tous pour la cause des femmes, tout va bien, on a tout compris, on est avec vous, ne vous inquiétez pas, les femmes c’est libres, le plan marketing est bien rodé, faisons du fric avec toutes ces connasses violées, vendues, écartelées, démembrées en série. Par contre dans le quotidien, la vie de tous les jours, les nuits où tu fais encore des cauchemars et que personne n’est là pour te donner un peu de cette vraie tendresse dont on aurait eu besoin pour pousser et se développer, savoir comment on aime vraiment, ce qu’est l’affection, la tendresse, être respecté en tant que corps contenant un être indépendant, un cerveau, des organes, une mécanique aussi rodé que les autres ; là, dans ce quotidien quand la mort rôde dans ta tête, continue de fermer ta gueule, ne nous dérange pas à être différente. Le pur produit de la violence, un monstre, une femme qui n’a eu que pour seul salut de prendre la virilité par les couilles.

Je suis un monstre, je suis puissante et fragile, je suis une femme et je suis encore là, personne ne me protège et je vous emmerde.

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