ACTION PACIFISTE A AUBONNE

Traduction de l’article du site www.indymedia.co.uk

Synthèse de l’action qui s’est déroulée sur le pont de l’Aubonne. Nous
constatons qu’il y a beaucoup de désinformation sur différents sites Indymedia
et parmi les autres medias : ce témoignage a été déposé par 7 activistes
irlandais qui ont participé à l’action.

Témoignage oculaire de la tentative d’homicide de la police suisse contre deux
activistes anti-G8

Mardi 3 juin 2003, 11h 27

Le pont qui enjambe la rivière de l’Aubonne se trouve sur l’autoroute
Genève-Lausanne. Nous sommes arrivés au pont vers 5 heure du matin et nous avons
commencé à préparer les pancartes et l’équipement d’escalade. Tout était prêt à
sept heure du matin et nous attendions le signal (par téléphone portable), du
départ de la délégation du G8 de Genève vers Lausanne. Le plan était de bloquer
la circulation avec une corde tendue à travers le pont, une personne pendue à
chaque extrémité. Le trafic était ainsi rendu impossible entre Genève et
Lausanne. L’autre côté de la route ne serait pas bloqué. Un groupe de soutien se
charge de monter en avance sur le pont pour couper le trafic et donner ainsi le
temps aux grimpeurs de se mettre en place.

Vers 10 heure 30, on apprend que le convoi a quitté Genève et que la police a
fermé les entrées et sorties d’autoroute entre Genève et Lausanne. Treize
personnes sont montées sur le pont et dix ont couru sur la bande d’arrêt
d’urgence, vers le côté Genève. Nous disposions de trois banderoles : la
première dit « Arrêtez ici ou vous tuez deux personnes », l’autre « Ne tirez pas
», enfin la troisième « G8 illégal ». Nous avons traversé l’autoroute avec nos
banderoles bien visibles et des vêtements fluorescents. Certains d’entre nous se
sont dirigés vers les conducteurs pour leur expliquer la situation et
l’importance de ne pas aller plus loin sur cette autoroute. Une fois la
circulation arrêtée, trois personnes ont assisté les grimpeurs à placer la corde
à travers le pont et à se mettre en position. On avait attaché des bouts de
tissu colorés et du papier aluminium le long de la corde pour qu’elle soit très
visible. Elle n’était PAS destinée à l’installation de banderoles – toutes les
banderoles étaient entre les mains des gens sur le pont et servait seulement à
attirer l’attention des conducteurs sur le fait que deux personnes étaient
suspendues à la corde sous le pont.

Certains automobilistes se sont fâchés et sont descendus de leurs voitures pour
se disputer avec nous. Certains ont même essayé de rouler malgré les banderoles
et nous avons dû nous asseoir sur le capot d’une voiture pour l’empêcher de
passer. D’autres ont fait demi-tour et sont repartis dans l’autre sens, le long
de la bande d’arrêt d’urgence. La police est arrivée assez vite sur les lieux et
a essayé de nous évacuer de la chaussée. La police a essayé de rompre notre
ligne, les policiers étaient très agressifs avec nous. Ils ont refusé d’écouter
nos explications sur ce qui se passait, ils semblaient plutôt concentrés sur la
reprise du trafic. Ils ont déchiré nos pancartes de signalisation et ont jeté la
moitié d’entre elles. Nous nous sommes allongés sur la route pour les ralentir
et quand ils nous ont déplacés, nous avons couru vers la corde. Des renforts de
police sont arrivés de l’autre côté. La police a soulevé la corde du côté gauche
du pont, où se trouvait le britannique suspendu, afin de laisser circuler les
voitures en dessous. Il y avait aussi un automobiliste, assez en colère, qui se
trouvait avec eux. Soudain nous avons entendu crier et nous avons réalisé que la
corde avait été coupée. Nous n’avons pas vu qui a coupé la corde, mais il a été
confirmé plus tard qu’il s’agissait d’un des policiers. Quelques personnes ont
réussi à attraper l’autre bout de la corde avant que la grimpeuse ne tombe
aussi, nous avons couru vers la corde coupée pour la retenir. Nous étions sept
ou huit le long de la corde. Un policier est venu nous aider et il a demandé à
trois reprises de l’aide à ses collègues, mais sans grande conviction ; au bout
de cinq minutes un second policier est finalement venu. C’est cet homme qui a
aussi appelé l’ambulance. Les autres activistes sont restés sur le pont. Entre
temps, un des activistes qui est médecin est descendu à la rivière pour soigner
le grimpeur, aidé de deux personnes de l’équipe médicale. Elle a demandé de
l’aide à trois officiers de police qui la regardaient et qui sont finalement
venus. Ils ont d’abord sorti le blessé du ruisseau, le médecin a éclissé sa
jambe, et fait tout son possible pour lui apporter chaleur et confort. Au bout
de dix minutes environs, nous nous sommes arrangés pour fixer la corde coupée et
mettre en place une nouvelle corde. Nous l’avons lancée à la grimpeuse afin
qu’elle descende en rappel. C’est à peu près à ce moment là que les pompiers et
l’ambulance sont arrivés. Il y avait un camion d’ambulance et un hélicoptère.
Dans ce dernier, le blessé fut transporté à l’hôpital ; les rumeurs selon
lesquelles la police a bloqué la route de l’ambulance ne sont pas fondées.
Le grimpeur est gravement blessé, mais il s’en sortira. La grimpeuse a été
emmenée en état de choc à l’hôpital, mais maintenant elle se porte bien.

Les activistes restés sur le pont furent emmenés par la police dans un centre de
détention pour être entendus comme témoins. Plus tard nous avons été inculpés
d’entrave à la circulation publique et pour être piéton sur l’autoroute. Nous
ignorons toujours si les grimpeurs ou d’autres personnes impliquées ont été
inculpées. Un enquête criminelle a été ouverte à propos de cet accidents, et
j’ai entendu dire, mais sans certitude, que le policier qui a coupé la corde a
été arrêté.

Notes et actualisation du groupe antirepression « Eaux Bonnes » :

0- Le policier qui « reconnaît avoir coupé la corde » n’a été ni arrêté, ni
inculpé pour le moment. L’enquête criminelle est entre les mains du juge. De
notre côté, nous étudions les recours dont nous disposons pour agir légalement
contre la police. Nul ne sait exactement dans quelle mesure les participants à
l’action sont inculpés, l’on sait du moins que les deux grimpeurs et d’autres
membres du groupe sont accusés au minimum d’entrave à la circulation publique.

1- S’est répandue l’information selon laquelle la rivière aurait amortie la
chute de 21 mètres de hauteur. En réalité, cette rivière est un ruisseau où
coulent deux doigts d’eau dans un lit de pierres. Les raisons pour lesquelles
Martin n’est pas mort ou paralytique appartiennent au champ de la spéculation.

2- Selon un premier rapport de la police, les officiers présents sur l’autoroute
auraient pu ignorer que deux personnes se trouvaient suspendues à la corde. Nous
affirmons, avec respect, que tous les policiers présents au moment de la coupure
de la corde, étaient sur les lieux depuis suffisamment longtemps ; les photos
montrent quelques uns, penchés par dessus la barrière du côté de Martin.
D’autant plus que les pancartes et les personnes présentes leur expliquèrent à
plusieurs reprises les tenants de la situation. Enfin, les policiers qui
soulevèrent la corde, ont pu se rendre compte qu’il y avait « quelque chose » de
pesant à chaque extrémité de la corde. Pour conclure, nous pouvons affirmer que
l’accident n’est pas le fait d’un policier isolé et fou, sinon d’un climat
général de tension et d’agressivité instauré par l’équipe policière dans son
ensemble. Nous disposons d’ailleurs d’un témoignage, selon lequel, il y eu une
première tentative de « découpage » de la part d’un autre policier. Selon un
autre témoin, qui a récupéré la corde dans le ruisseau, la corde comportait une
marque de coupure incomplète à dix centimètres du bout tranché.

3- Nous tenons à rappeler encore une fois que tous les participants à l’action,
en particulier les deux grimpeurs, ont l’expérience de ce type de situation. Ils
disposaient de tous les dispositifs de sécurité nécessaires et de matériel de
première qualité.

4- L’état de santé de Martin à l’heure actuelle, est le suivant : Son bassin, sa
rate et sa colonne vertébrale évoluent favorablement. Sa cheville et son talon
gauches sont fracturés en plusieurs morceaux et nécessiterons peut-être une
seconde opération dans les jours qui viennent. Les médecins nous refusent
l’accès au compte-rendu médical exhaustif. Pour le moment, on s’inquiète encore
quant à l’état de ses testicules (très enflées). Martin ne sera pas transféré
dans un hôpital barcelonais comme il était prévu, il restera au soins du CHUV de
Lausanne pour quelques de plus. L’hôpital a admis que l’administration désirait
le transférer pour raisons financières…Nous tentons de faire pression par tous
les moyens pour les en empêcher. D’ailleurs il nous semble assez contradictoire
de vouloir faire subir un si long voyage à Martin, alors qu’ici, deux heures par
jour, seules trois personnes sont autorisés à lui rendre visite et ce « pour
raisons médicales ».

5- Nous avons conscience que beaucoup de questions restent sans réponse, nous
comptons sur l’enquête en cours. Nous avons également conscience que les
interprétations d’un même fait peuvent diverger, nous nous contentons ici
d’apporter les données les plus objectives dont nous disposons, comme les
témoignages oculaires et le matériel audiovisuel.

6- Si vous voulez envoyez un message à Martin, écrivez à love.to.martin@web.de

7- Martin n’est pas la seule victime de la répression systématique déployée lors
du G8. Des centaines de personnes ont été arrêtées, inculpées abusivement , ou
même blessées. Si vous désirez des informations supplémentaires sur le sommet du
G8, consultez :
www.indymedia.org/98/es

NB Si vous voulez ecrire des messages de soutien a Martin,
ecrivez a love.to.martin@web.de

ou pour les messages en papier :
Martin Shaw,
CHUV, chambre 226, 14eme etage
46, rue de Bugnon, 1011 Lausanne, Suisse
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un e-mail blanc a love.to.martin-subscribe@lifeproject.lu