Pandémie, autorité et liberté
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Catégorie : Local
Avec la diffusion de la pandémie, l’aile de la mort passe sur chacun et chacune, en même temps que tous et toutes nous nous retrouvons livrés à une gestion étatique aussi autoritaire que désordonnée. Dans l’aliénation généralisée de tout ce sur quoi on avait jusque là la capacité, même illusoire, de décider de ce qu’il advient de nous-mêmes (mais prendre le métro pour aller travailler, est-ce vraiment une décision que l’on prend pour soi-même ?), ce sont désormais des fonctions qui nous apparaissent comme l’exercice évident d’une liberté individuelle fondamentale qui se retrouvent empêchées, contrôlées, délictualisées (sortir de chez soi, acheter le pain, aller voir ses proches, se rencontrer, s’embrasser, s’aimer, etc.) et les « gestes barrières » règlementent jusqu’au comportement quotidien et intime des confinés.
Cette situation commune est dangereusement redoublée pour tous ceux et celles qui sont confinés dans le confinement, prisonniers des prisons ou des centres de rétention, sans abris parqués dans des conditions ignobles, patients des hôpitaux psychiatriques et des EHPAD, enfermés par et avec l’autorité de l’État, à sa merci totale, sans visites, sans regards extérieurs, mais aussi ceux et celles qui se retrouvent confinés dans des formes d’autorité quotidienne de proximité, à la merci d’un conjoint violent ou de parents maltraitants qui n’ont actuellement plus d’autres exutoires que la cellule familiale.
On ne peut pas se rendre compte encore de ce qui restera de cette période mortifère « d’urgence sanitaire », ni en terme de dispositifs législatifs, ni dans les imaginaires et les comportements sociaux.
Face à cette situation inouïe, certains se perdent déjà dans des inversions digne du pire des post-situationnismes, le virus devenant notre « sauveur » pour les petits malins de Lundi Matin, ou « la défense d’un corps malade, l’arrêt forcé d’une Terre en surchauffe, l’anticorps d’un monde perdu » dans un article intitulé Pandemonium de la revue Véloce. Ces affirmations à la fois pseudo-nihilistes et messianiques sont pitoyables, coincées dans ce monde à l’endroit où on y peut le moins penser, réfléchir, agir, lutter. Si on s’épargne de les pousser jusqu’à leur aboutissement conséquemment fasciste (« viva la muerte », « me ne frego »), elles ne se justifient que par un besoin personnel, bourgeois et puéril, de réassurance qui empêche manifestement de faire face à la situation, sauf à penser que constituer des « clusters de vie bonne » est autre chose qu’une alternative qui ne s’oppose même plus minimalement aux exigences du pouvoir, puisqu’elle y correspond en tous points…. Dans ce bien ignoble Monologue du virus (qui n’est pas sans rappeler le peut-être plus ignoble encore La guerre véritable), c’est toujours cette rhétorique religieuse et para-fasciste de la rédemption, du bien contre le mal qui devient le sain contre le malade, ou bien le contraire, puisqu’on se pense, en bon mandarin, à l’abri de toute possibilité de contradiction.
Si on quitte ces recoins (pas) assez anecdotiques d’une métaphysique para-philosophique qui lit Pascal à l’envers, le premier réflexe est évidemment d’en appeler à exercer ces « libertés » qui semblent s’éloigner de jour en jour, à refuser les contraintes pressantes du moment. On voit ainsi, ici où là, des appels à pique-niquer, à faire la fête, à braver les mesures de confinement. Sortir pour sortir et non pour une des raisons indiquées dans les cases de l’autorisation à imprimer, cocher et signer pour certifier de ses intentions légitimes face aux keufs, c’est déjà une bravade, et oui, il faudra lutter pied à pied contre ces mesures qui cherchent à nous enfermer et à nous contrôler dans des proportions inouïes.
Cependant, compagnons, camarades et comparses, cette situation invivable ne serait-elle pas justement le moment où on est au pied du mur, contraints (si toutefois on veut y faire face), à réfléchir sur « le sens que nous voulons donner à la vie et à nos activités » (voir le texte Y a-t-il une vie avant la mort ?).
Si l’État (toujours démocratique, il n’est pas inutile de le rappeler) devient autoritaire au point de nous empêcher de faire du jogging ou de mettre ce qu’on veut dans son panier de courses, est-ce vraiment du jogging et des courses qu’il faut faire pour s’y opposer ? S’agit-il vraiment d’« avoir et garder le contrôle de nos vies » entendu comme le fait « que chacun.e ait le choix de s’exposer ou non, de prendre des risques mais surtout de se soigner comme iel l’entend » [1] ?
Notre liberté tient-elle dans ces petits morceaux de « libertés de choix » qui nous sont habituellement laissés et aujourd’hui retirés ? Exercer sa liberté, est-ce vraiment choisir « librement » d’attraper ou de diffuser le virus « comme iel l’entend », de se soigner « comme iel l’entend » ? N’est-ce pas d’un dividualisme profondément libéral et manifestement capricieux d’opposer aux mesures de contrôle et d’enfermement aujourd’hui en vigueur, sa petite « liberté » de faire ce qu’on veut avec ses cheveux ?
Il pourrait redevenir intéressant aujourd’hui, pour quiconque s’intéresse au projet anarchiste et à son histoire, mais aussi bien au-delà, de se ressouvenir de son courant anarchiste individualiste historique, inspiré notamment du philosophe allemand Max Stirner, qui donnait à la liberté une définition bien différente de son acception libérale et démocrate d’aujourd’hui, débitée à souhait en kit et conjuguée à outrance, parfois même chez les anarchistes : « Tous vous voulez la liberté. Pourquoi marchandez-vous pour un peu plus ou un peu moins de liberté ? La liberté ne peut être que toute la liberté ; un morceau de liberté n’est pas la liberté. Vous doutez que la liberté totale, la liberté de tous soit une chose à acquérir, vous tenez même pour folie de seulement la désirer ? Cessez donc de poursuivre le fantôme et tournez votre effort vers quelque chose de meilleur que vers l’inaccessible [2] ».
Celles et ceux qui se retrouvent aux prises avec les pires réalités de ces mesures le montrent avec force : c’est la révolte, la lutte et la solidarité qui sont à la hauteur de cette emprise autoritaire généralisée. Mutineries et révoltes dans les prisons et les centres de rétention, grève des loyers, grève tout court pour ceux qui sont contraints au travail et soumis à la diffusion du virus, et nous diffuserons ici des textes et des propositions qui vont dans ce sens.
La liberté est bien autre chose que ce que l’État peut nous retirer, nous donner, nous retirer et nous redonner à nouveau. La liberté, c’est la lutte et la révolte.
Toujours en guerre contre l’État et le Capitalisme, vive la liberté, vive la révolution.
Le 30 mars 2020,
Quelques contributeurs et contributrices de Non Fides.
[1] Extrait d’un texte intitulé Contre le confinement généralisé dont la protestation contre les contrôles de police est par ailleurs bien entendu justifiée.
[2] Max Stirner, L’Unique et sa propriété, Deuxième partie, I La propriété, trad. Lasvignes.
… être à ce point exploité par des communistes…
Il ne dit vraiment rien ce texte, en tout cas rien de plus que les nombreux textes parus jusqu’à aujourd’hui.
Il apelle même pas à briser le confinement pour autre chose que de se faire des câlins et de se voir (ce qui certes est déjà un premier pas nécessaire, mais pas besoin de se revendiquer « révolutionnaires » pour prôner un truc aussi basique).
Mais alors elles sont où les perspectives révolutionnaires en période de confinement?
Tout juste bon à applaudir les révoltes à l’intérieur des taules, à plaindre les exploités sans proposer quoi que ce soit. A rester spectateur du désastre, en somme.
On met du Stirner un peu partout pour tenter de faire passer un texte aussi fade… Affligeant.
Et enfin, comme d’hab’, nonfides en parfait donneur de leçons sur d’autres bouts du milieu, à se faire son auto-référencement et à utiliser d’autres textes (qui pour le coup sont très intéressants), histoire de se faire sa pub.
Bref, NonServiam, à part moi-même…
Pour le coup, il existe des choses qui se passent, des bouts de solidarité concrètes qui se mettent en place, des réseaux de ravitaillement de bouffe, de l’entraide, des soins.. à Nantes, à Dijon, à Grenoble, à Angers, à Milan
Je vois pas trop ce qu’il est possible de faire d’autre dans cette période que de montrer que la solidarité vaudra toujours mieux que l’isolement et l’individualisme, alors c’est sûr que c’est pas avec des textes pareils ou des appels hors sol à briser le confinement qu’on va aller bien loin, c’est sûr
Bonjour,
A cause d’un troll d’il y a quelques années et d’un autre actuel (celui-ci juste au-dessus), les contributeurs de Non Fides ont décidé de ne pas poster de texte ici jusqu’à la fin des trolls, si fin il y a… Ce choix est aussi la conséquences des choix de la modération de ce site, qui a décidé de donner de la crédibilité à la personne qui harcelait il y a plusieurs années. Quid des choix face à ce nouveau trollage ? On ne veut pas s’y risquer, donc on ne publie pas ici. Ce texte a donc été posté ici pour troller, par le troll qui s’en donne à coeur joie comme on peut le voir dans les commentaires ci-dessus, qui ne parlent vraiment pas du texte, ne l’ont apparemment pas lu et dégueulent leurs vieilles marottes qu’il nous faut supporter un peu partout. En effet ce texte ne dit rien de tout ça… il dit juste que briser le confinement de toutes les manières possibles est un réflexe de recherche de liberté, mais que c’est aussi une sorte de piège parce que d’autant plus maintenant, la liberté, c’est la lutte et la révolte. Le texte de donne pas de solutions, et c’est bien la moindre des choses… en revanche il accompagne la diffusion de tous les textes de toutes sortes qui ouvrent des pistes pour cela (quelques uns sont déjà publiés sur le site.)
On préfère en effet ne pas dire n’importe quoi sur une période comme celle-là que d’être soumis au tribunal virtuel d’un troll malveillant.
Saluer les prisonniers en révolte en ce moment, tu peux cracher dessus, il nous semble que c’est plus que nécessaire. Qu’est-ce que tu fais, toi ? Et qu’est-ce que tu penses de la prison ?
Deux contributeurs confinés qui en ont ras le bol du spam d’ici.
Dsl mai ça ne s’appelle pas de la solidarité, mais plutôt de l’aide (plus humanitaire qu’autre chose). L’entraide, je la conçois au minimum par une association ou un groupe d’individus ayant au miminum des choses à partager, qui a une perspective révolutionnaire, anti-autoritaire et qui affirme être en rupture avec le confinement (appelant à le briser), voir même avec ce système autoritaire.
stp, renseigne-toi avant de parler d’individualisme (qui est un courant de l’anarchisme, n’ayant rien à voir avec une définition libérale) Et au contraire, je pense plutôt qu’on est en plein dans une uniformisation dans cette société. La masse applaudit aux fenêtres, respecte les consignes sanitaires décrétés par les scientifiques et l’Etat, s’organisent pour aider et secourir les personnes « plus fragiles/vulnérables » dans les quartiers et ailleurs, etc… Au passage, les journaux du pays assurent la promotion de cette forme de secours.
Y’a même des « radicaux » qui s’improvisent traducteurs (bénévoles) du mnistère de l’intérieur (précisément d’une certaine « attestation obligatoire » en d’autres langues). La honte absolue! Imagine un peu des résistants en train de traduire en yiddish des décrets introduits par les nazis.
Pour répondre à ton propos: un exemple pourait être ce qui s’est passé à Amiens hier, à savoir l’incendie de bagnoles du SPIP et des fourgons utilisés pour le transfert des taulards (cf les révoltes dans les prisons en lien avec le Covid19, la répression féroce que les prisonniers se prennent depuis de plein fouet…)
Ce qui est remarquable dans certains commentaires légèrement paranoiaques, c’est cette façon faire des ennemis inexistants.
Et d’affirmer sans jamais rien prouver comme les inquisiteurs.
Un commentaire non argumenté = troll.
Bref. C’est pas du sans foi mais du sans cervelle.
Vous avez rien de plus intéressant à faire comme critique que de dire que si c’est valorisé par l’Etat alors c’est forcément pourri ? Putain vivez dans le monde réel, qu’est-ce qui est le plus important dans cette situation ? Est-ce que ce serait pas faire preuve de solidarité concrète, montrer qu’on sera toujours meilleurs ensemble ?
S’il y a bien un truc à critiquer en ce moment dans notre camp, c’est l’absence de réaction collective, les appels à aller faire des trucs à 3 clampins ou à briser le confinement au nom de la sacro-sainte liberté ça passe pour du pur égoïsme auprès de 99,99% des gens et vous vous en rendez même pas compte. Et alors si ça veut dire passer par des trucs qui se rapprochent de « l’humanitaire », et bien tant pis, ça heurtera votre sensibilité d’anarchiste radical-e et sûrement que tant mieux !
Posté pour troller probablement. Comme dit par les auteurs iels n’ont pas envie d’être publié ici et nous non plus. En plus pour nous ça veut dire se taper le modé des commentaires, surtout quand toute critique est indiscutablement balayée au nom du trollage.