Déroulement des évenements :

On a trois guéteurs, qui nous previennent que les flics arrivent. On se lève vite fait, on se rassemble au milieu de la salle. La police frappe à la porte, on ouvre (cf. ils se foutent de l’illégalité) l’huissier rentre ainsi que le commandant de police et en même temps, des flics défoncent le mur à coup de bélier, explosent les vitres, passent par les toits pour pénétrer et tout casser. Il faudra qu’à trois reprises le commandant de police leur dise dans le talkie walkie d’arrêter et de se calmer (qu’est-ce qu’on se serait pris dans la tronche, lol). Ceci dit, ayant choisis une stratégie non-violente, aucune violence n’a été faite contre nous. Juste une « bousculade » sur une copine, mais ça c’est normal, c’est de la provoc donc on a pas répondu.
Dehors, les flics se réjouissaient déjà des fouilles qu’ils allaient pouvoir faire sur les nanas…!!! Des RG en cagoule… en tout 2 à 3 minutes pour entrer.
On était 18 personnes, les flics étaient une trentaine sauf qu’ils croyaient qu’on était 4-5 dans le bâtiment, donc ils ont été obligés d’appeler les renforts pour nous transporter. Il a été précisé qu’aucune poursuite ne serait faite et qu’il y aurait seulement contrôle d’identité au poste de police.
Vers 6h30, on arrive à l’hôtel de police, pareil ils n’ont pas de salle pour tous nous mettre, donc on squatte leur salle de pause – comme pour les intermittents ou les étudiant(e)s sans logement… On en profite pour se foutre légérement de leur gueule, faut dire qu’avec les magazines para-militaire sur les tables, ça nous inspire. Ah oui mdr, leurs fonds d’écran d’ordinateur… un canon de la seconde guerre mondial… vive les pacifistes.
Petit interrogatoire individuel: on a rien vu, on a juste passé quelques nuits ici par solidarité, on a fait aucune dégradation, une signature et hop on est dehors… mais fichés… Ah oui il y a un OPJ qui n’a pas aimé quand un occupant lui sort que les lieux ont été dégradés lors de leur intervention.
Ils nous ont également présentés aux services sociaux…histoire de couvrir la dimension sociale…

A noter que l’expulsion a été des plus courtes puisque la procédure était une ordonnance sur requête et non un référé. Moins de 48h pour nous expulser depuis le début de la procédure… On a eu la malchance de tomber sur l’EPF ( établissement public foncier ici de Normandie donc du ministère, un truc qui gère les patrimoines fonciers publics, notamment de nombreuses municipalités sur l’ensemble du territoire… trop gros morceau… du style qui ne fait pas d’erreur…)
Il manquait un document « commandement d’avoir à quitter les lieux » ou  » un justificatif comme quoi l’acte a été déposé au parquet ». C’est une fois ces documents en notre possession qu’ils pouvaient nous expulser après un délais de 6 heures suivant la notification de la requète en bonne et due forme. A ceux qui gueulaient que l’expulsion était illégale, l’huissier a répondu que le document avait été remmis au parquet à 6h du mat’… 15 minutes avant l’expulsion! Nous pensons que la procédure présente quand même un vis de forme mais une fois dehors…
Il semble également que l’on ait fait paranoier flics et mairie… en effet, ils auraient fermé la mairie et le trésor public le vendredi matin… sous couverts d’une arrivée potentielle d’individus dangereux et violents.

Cette premiere expérience est pour nous un succés qui ne demande qu’à se reproduire rapidement… dans toutes les villes ! … Malgré sa courte durée…et nos insuffisances juridiques (mais qu’est ce qu’on a appris comme trucs en 7 jours et 10 heures!) En effet 150 à 200 personnes y sont passées tandis que nous n’étions qu’une quarantaine à l’ouverture. Ca a beaucoup causé en ville – et pas seulement dans les milieux militants… et puis un sentiment retrouvé de vie, de puissance, un virus qui ne demande qu’à s’étendre puisque nos vies sont illégales en elles-mêmes…

A Bientôt dans les luttes et que vivent squats, espaces autogérés, organisations autogérées et autonomes…

PS:un document plus complet avec quelques photos sera bientôt produit par le collectif du feu SCAC…