Nous voulons lutter contre la fonction de « journaliste », ce ou cette spécialiste de l’information, qui, derrière sa prétendue objectivité, possède un vaste pouvoir sur notre compréhension du monde et nos idées. Nous aspirons à une société où l’information circule vraiment, non pas des professionnel-le-s et des cartels vers les consommateurs/ices, mais de toutes les provenances et dans toutes les directions ; non pas pour nous gaver de faits spectaculaires et divertissants, mais pour creuser les débats qui doivent directement servir à chacun-e pour prendre sa vie en main, pour prendre des décisions de manière autonome dans une société que nous voulons un jour autogérée.

Dans la manière même dont nous espérons faire fonctionner Indymedia, nous voulons donc en finir avec le journalisme : nous proposons aux lectrices et aux lecteurs de mener leurs propres enquêtes, à leur niveau, avec le temps dont ils et elles disposent. Nous pensons d’ailleurs que les critiques globales que nous adressons aux systèmes capitaliste, patriarcal, autoritaires, etc., sont encore plus fortes quand on les nourrit d’exemples locaux, précis, proches et d’autant mieux compréhensibles par les autres habitant-e-s de notre ville. La misère de notre monde est palpable au coin de la rue. Les lointains désastres humains et écologiques ont des racines qui plongent jusqu’à l’usine ou jusqu’au labo où nous travaillons, jusqu’aux cocktails de « nos » élu-e-s. Informons-nous, ici et maintenant ! Et partageons nos informations.

La presse officielle

La première chose à faire pour s’informer, c’est lire la presse institutionnelle. Se farcir des pages et des pages de publicité n’est évidemment pas un plaisir, mais on y trouve des citations ou des chiffres intéressants. Il faut mettre les pieds dans la merde pour l’humer avec application. Que disent les entrepreneur-e-s, que disent les conseiller-e-s municipaux-ales sur leurs projets ; que disent-ils ou elles pour justifier leurs projets ? Leur parole directe est souvent bien révélatrice. On pense généralement qu’ils et elles cachent bien leurs « sombres desseins », pourtant des informations ahurissantes paraissent parfois noir sur blanc, que ce soit dans leur course à la com’, ou dans des publications qu’ils et elles estiment sans doute (et trop souvent à juste titre) lues par leurs seuls pair-e-s.

Lisons donc la presse officielle, découpons, trions les informations, relions-les entre elles (chose que les médias eux-mêmes s’abstiennent scrupuleusement de faire). N’oublions jamais, évidemment, de lire cette presse avec un oeil critique, et de garder en tête les intérêts qu’elle sert en relayant telle ou telle information. Et, autant que possible, lisons cette presse sans la soutenir de notre obole : plutôt que d’acheter les journaux, récupérons-les chez la dentiste, au bar du coin, dans les poubelles, par nos ami-e-s et parents, consultons-les à la bibliothèque.

Petit aperçu des médias locaux:

-Ouest France et Presse Océan / L’éclair (Publications Quotidiennes Régionales)

-Nantes 7, Télé Nantes, France3 locale, M6 Nantes (Télévisions locales)

-Nantes Passion, Nantes.fr, 36 15 Nantes (information municipale)

-L’hebdo de Nantes, Nantes Poche, Plein Ouest, Pulsomatic, Pil’, Nouvel Ouest (hebdomadaires locaux)

-Vivanantes.com, fragil.org, Piplette-Nantes.net (sites internet)

-Couleur locale (Dervalière/Zola), Zest (Doulon/Bottière), L’écrit de Bellevue (Bellevue/Chantenay/Ste Anne), Mozaïque (Quartiers Nord), Malakocktail (Saint- Donatien/Malakoff )… (Journaux de quartiers)

-Alouette, Jet FM, Prun’FM, SunFM, FIP Nantes, Le Mouv’, Alternantes, Hitwest, Radio France Bleu Loire Océan… (Radios locales)

-Noire Atlantique (http://ptitcanardnoir.org/NA), -Inter-Raï (Gasprom)… (au niveau des publications alternatives)…

Cette liste n’est en rien exaustive, libre à vous de la compléter, de la modifier, d’y préciser des choses.

Internet

Internet est bien sûr une source privilégiée d’information, pour peu qu’on y ait un accès facile. De très nombreux sites apportent des données et des réflexions critiques : sites spécialisés (environnement, prisons, patriarcat, anti-pub, mondialisation capitaliste, etc. etc.), sites de revues ou organisations, sites d’actualité (parmi lesquels indymedia), bibliothèques en ligne (des brochures et même des livres entiers consultables et téléchargeables), etc.

Mais notons également les sites des entreprises et des collectivités locales, où l’on recueillera profitablement la voix des dominant-e-s. Ne négligeons pas non plus les forums : les internautes y échangent photos, références, liens parfois précieux.

Enfin, pour trouver tous ces sites, Google.fr est un outil pratique : en tapant le sujet de notre recherche, en ajoutant par exemple le mot « nantes », on tombera sur une quantité parfois surprenante de pages internet pour nous renseigner, avec différents points de vue.

Enfin il y a l’enquête…

Toutes les pistes évoquées ci-dessus concernent finalement plus la collecte d’informations que « l’enquête » à proprement parler. Mais elles sont déjà nombreuses et riches d’exemples et d’arguments… Si on dispose d’encore plus de temps, on peut profiter de toutes les opérations de com’ des collectivités locales ou des entreprises (visites guidées…) pour mieux connaître ce qu’on attaque. On peut saisir les diverses occasions d’entendre les autorités politiques ou économiques, et de leur poser des questions (conférences et pseudo-consultations sont annoncées par affichage, dans le petit bulletin, dans les PQR). On peut également se rendre aux guichets des institutions qui nous intéressent, et demander en tant que simple nantais-e tel ou tel rapport censé être public, tel ou tel chiffre (il est intéressant, le cas échéant, de noter quelles informations sont « censurées » et inaccessibles). On peut lire les ouvrages entiers qui sont parus sur l’histoire politique récente de Nantes, on y redécouvrira avec intérêts certains noms, certaines logiques qui oeuvrent encore aujourd’hui. On peut encore mener des entretiens, chercher les informations à travers des réseaux de relations, fouiller les compte-rendus de conseils municipaux, etc. etc.

Mais sans aller jusque là, le simple fait de pousser d’un gramme notre curiosité, de mettre notre nez là où on n’est pas habitué à le mettre, de lire autre chose que ce que nous recevons d’ordinaire, d’être observateur et observatrice, permet d’obtenir assez vite une compréhension plus avancée d’un sujet, d’affûter notre réflexion et nos critiques, sans dépendre de leaders ou d’idéologies pré-mâchées en vogue.

Libre à vous et nous qu’indymedia soit un bon outil pour aller dans ce sens !

N’hésitons donc pas à faire profiter les autres utilisateurs et utilisatrices d’Indymedia des recherches que nous faisons, en utilisant la colonne de publication ouverte… Si de plus nous prenons l’habitude d’indiquer nos sources quand nous partageons nos petites (ou grandes) enquêtes, non seulement nous leur donnons plus d’assise et de crédibilité, mais nous communiquons à tous et toutes les moyens qui nous ont permis de trouver nos informations, et nous rendons cette pêche aux infos moins obscure, plus accessible.

Merci à touTEs de contribuer à l’outil indymedia.

Ce texte a été fortement inspiré d’un article d’Imc Grenoble.