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Qui c’est qui sait qui c’est, les filles du M. L. F. ? (Mouvement de Libération des Femmes !… )

Des pleurnichâârdes à la grande gueule, qui font des réunions du mercredi, dans une salle des Beaux-Aârts, très loin des filles des quartiers…

Tu rentres là-dedans, dis donc, tu sens tout de suite que t’es en trop comme fille qu’est pas de leur genre ! Toutes des Maries-Chantâles super-sophistiquées, ou bien feignant le négligé, avec des accessoires Chichis.

Ça vous prend à la gorge, la pitié de les entendre gueuler leurs petits et grands caprices, de filles pourries, qui en veulent encore plus !

Bhein vrai, les riches, qu’est-ce que vous êtes pas dlôles !

Et puis, il faut les voir bâcler leur sac Hermès à toute vitesse, à la fin de l’A.G. ; et se dégrouiller d’aller rejoindre leurs jules qui les attendent à leurs maisons pour faire la bouffe !

Et si jamais y’en a qui sont pas des comme ça au M. L. F. ; elles ont rien à foutre là n’dans !

Enfin, c’est pas tellement intéressant de parler de ça… ; vu qu’il faudrait encore une fois se mettre à commencer par dire : « Il était une fois… » En redisant pour terminer : « Et puis ils se marièrent, et puis ils eurent beaucoup d’enfants… »

Les riches, ça changera jamais, vos chansonnettes. (D’ailleurs, comment que ça pourrait changer, étant donné que c’est toujours pour la même chose que vous chantez ?) Vos princes charmants et vos peaux d’ânes, ça commence à s’user, sincèrement !

Et faudrait pas nous chatouiller de trop, les petites bourgeoises, si vous tenez pas à ce qu’on raconte vos saloperies et vos magouilles du M. L. F. !

Vous le faites pas, le jeu des mecs contre nous, avec votre fric, bande de greluches ? Quand il faut continuer de se payer l’Angleterre pour se faire avorter ; ou alors se démerder encore une fois avec des avorteuses et des adresses bidons trop chères ; pendant que vous avez vos petites réserves de médecins chics, qui vous font ça pour rien !

Les Réformistes du Deuxième Sexe, vous êtes des dégueulasses, allez ! Y’a que vos mecs qui comptent finalement, étant donné que c’est eux que vous voulez séduire, avec vos simagrées ! Mais nous c’est la Révolution qui nous tracasse…

Les Femmes-Supérieures, allez compter vos sous ailleurs, parce qu’on veut pas que nos hommes encore plus abrutis, nous tapent dessus encore plus fort, parce que au lieu de ramper aux pieds du Capital des mâles, ils seront forcés de lécher les bottes à des femelles, qui seront jamais pour eux, là…

Même pas foutues de reconnaître que quand vous vous branlez, c’est à des filles que vous pensez ; parce que l’orgasme, y’a pas un mec qui est capable de vous le donner ! D’ailleurs, vous seriez pas d’accord, étant donné que vous avez trop de choses à défendre.

Il faut se le farcir, l’Amour, avec une fille du M. L. F. qui veut se dévergonder, en faisant des expériences homosexuelles ! On se croirait dans un salon, avec chacun qui tire sur son beefsteak !

Peuaaah !…

Sauf les Gouines Rouges, y’en a pas une qui fait ce qu’elle dit, au M. L. F. ! Pour la ramener au sujet de tout, vous êtes plutôt fortiches. Et pendant ce temps-là, dis donc, nous on est juste bonnes pour morfler, alors !

Vos bouches en culs de poule de luxe, montées sur vos grands chevaux, sapées décontracté de luxe, si vous avez le feu au cul, c’est dans votre empressement à culbuter les mecs, pour leur faucher leurs privilèges !

Et vous versez des larmes de crocodiles sur le « pauvre » sort des « ouvrières » ! et vous plaignez de tout votre coeur de pierre, le sort des Femmes Arabes, voilées. Pendant que juste à côté de vous, qui vous frôle tous les jours, il existe encore pire ! Des femmes pieds et poings liés livrées aux hommes ; qui dissimulent leur voile sous leur visage indifférent ; qu’elles sont forcées de grimer pour cacher leur angoisse (1) !

Des filles piquées à l’héroïne, qui sont pas seulement victimes des mecs ; encore en plus de ça, piégées, réduites, assassinées par eux, qui les retiennent en esclavage avec leur cinéma, pour qu’elles travaillent en se faisant des michetons près du Carrefour Buci, ou à Marseille ; qu’elles leur ramènent la fameuse poudre de perlimpinpin, indispensable à leur génie de « musiciens poètes » !…

On vous cause pas des macs du milieu, parce que ceux-là, on les connaît déjà ; mais les lavettes de « l’Underground », qui prennent les femmes pour des cavettes ; qui leur injectent des giclées d’héro, parce qu’ils sont des petites z’héros ; tous aussi incapables de faire gicler autre chose !

C’est l’esclavage, et le talon d’Achille coupé pour toutes ces filles, qui aiment en payant, et qui sont belles !

Tout est fini, foutu pour elles, vu qu’elles y croient au « Mâle » ; au trou- du-cul poilu qui les fait jamais jouir, qui la retient dans l’illusion de son « génie futur » !

C’est de là-dedans que Valérie Solanas tire-sa-haine ; mais vous, vous vous en foutez pas mal, les hétérotes, vu que vous êtes trop occupées à compter vos moutons, pour vous choisir le plus à tondre, que vous retirerez, comme une aiguille de votre jeu, ou d’une meule de foin ; pour faire votre pelote, et tricoter votre layette attendrissante au coin de votre luxe !…

Bleue pour les filles, et rose pour les gaçons ; une rangée à l’envers, une rangée à l’endroit !…

De gauche à droite, ça monte toujours !

Le point cocotte, et la cocotte-minute, minute ! mes petites cocottes ! vu que les poules couveuses de luxe, leurs oeufs douillets, bientôt nous on en fera des « hommelettes ! »…

Et le Mouvement de « Libération de l’homme bourgeois » va bientôt être débordé !« Je suis à tondre, ou à laisser » (pour un emblème du M. L. H. (2) !)

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Nicole Bley

lâche ton cul camarade – 1972 – extraits

(1). Lisez « ZINC », le journal « DING » (et propre) si vous voulez en savoir plus.

(2) M. L. H. : Mouvement de Libération de l’Homme, composé de mecs bourgeois ; « groupies » du M. L. F.