L’appel impulsé entre autres par l’UCL, le NPA, le CCIF et la plate-forme LES Musulmans pour la manifestation du 10 novembre 2019 considère cependant l’islamophobie en soi et ne la restitue ni dans le contexte indépassable de la lutte des classes ni dans son histoire postcoloniale.

Les réactionnaires assimilent tou·te·s les descendant·es de l’immigration post-coloniale à une religion? : l’islam.

Au contraire, nous pensons que c’est l’expérience de l’exploitation capitaliste et des discriminations racistes qui fondent cette « identité » commune.

Le manifeste de l’UCL mentionne, lui, que le racisme vise bien à « ?permettre à la bourgeoisie de détourner les classes populaires des revendications d’égalité économique et sociale.? »

  •                             Contre la division des exploité·es

Le communautarisme et les religions sont une autre voie pour diviser artificiellement les exploité·es et il ne faut pas l’ignorer. On ne peut pas combattre le racisme en nous alliant avec des forces politico-religieuses. Nous faisons nôtre l’avertissement de Bourdieu? : « ?Éviter de tomber dans cette sorte de complaisance à base de culpabilité qui, autant que l’essentialisme raciste, enfonce ou enferme les colonisés ou les dominés, en portant à tout trouver parfait, à tout accepter de ce qu’ils font au nom d’un relativisme absolu, qui est encore une forme de mépris? ». D’un point de vue de classe, soutenir « ?les musulman·es? » comme un ensemble homogène est analogue au « ?campisme? » géopolitique, qui vise à soutenir toutes les puissances opposées à l’impérialisme américain.

 

Il aurait donc été prudent de se renseigner sur la plateforme LES. Musulmans, dont la liste des fondateurs nous est donnée sur leur site. On y retrouve Nader Abou Anas? [1], qui a dû se retirer de l’appel suite aux nombreux articles rappelant sa justification du viol conjugal? ; mais aussi l’imam Boussena, qui prône la liberté pour les fillettes de 7 ans de porter un burkini. Ajoutons Feiza Ben Mohamed? [2], qui soutient Erdogan et explique que « ?La Turquie ne bombarde pas les Kurdes mais des groupes armés terroristes? »  [3]. Il y a aussi Eric Younous, qui déclarait « ?La liberté, c’est de se balader à moitié nue dans les rues et n’être qu’un objet de tentation. […] La liberté de l’Occident passe par le meurtre, par le biais de l’avortement? » et estime que le shabbat est « ?une punition qu’Allah a infligée aux juifs? »  [4]. Finissons avec Chakil Omarjee, qui signait en 2013 un appel avec d’autres imams à participer aux Manifs pour tous énonçant « ?Si au nom du seul principe d’aimer, il devient légitime de s’arroger de nouveaux “droits”, qu’aurons-nous à répondre envers ceux qui souhaiteront la reconnaissance de l’inceste ou de la pédophilie? ?? ».

 

Si nous ne remettons pas en cause la légitimité de marcher contre le racisme anti-musulman.e.s, au lendemain de l’attentat contre la mosquée de Bayonne, nous affirmons que l’Union communiste libertaire, et plus généralement les anarchistes, les anarchosyndicalistes, les libeertaires, les révolutionnaires, les féministes, les lgbtq, l’extrême gauche et la gauche sociale et politique, doivent refuser de construire un front politique commun avec ces obscurantistes dont nous ne pouvons partager les combats.

Or, à l’heure où ces lignes sont écrites, l’UCL n’a pas dénoncé la présence de réactionnaires parmi les organisateurs de la manifestation. C’est une faute politique.

quelques signataires

Grégoire, Guillaume, Jeanne, Matthias (UCL Orléans), Maud (UCL Grand Paris Sud), Nicolas (UCL Tours), Noël (UCL Melun, BSE), Rémi (UCL Montpellier), Clo, Scapin, Seznec, Xavière (UCL 93 Centre)

Notes

[1] Voir la vidéo Bonne fête de l’Aïd

[2« Abdelmonaim boussenna limam qui monte sur youtube », sur Lejdd.fr

[3] Voir son compte twitter

[4« ?À Aulnay-sous-Bois, le nouvel an des salafistes au gymnase municipal? », sur Marianne.net