Bonjour,

Nous sommes heureux d’être accueillis au réseau Résistons Ensemble. Pour l’instant le collectif n’a pas d’adresse email et je n’ai pas celles des autres mais je leur demanderai. Je vous envoie ci-joint un article sur la répression à Rennes (écrit à l’origine pour le journal Red qui m’avait proposé). Nous essayons de recueillir des témoignages que je vous ferais parvenir dès que possible. Bon courage et à bientôt.

A Rennes, résistance à la délinquance policière

Depuis quelques temps déjà les violences de routine de la police à Rennes se confinaient au harcèlement des sans-abris et des ‘zonards’ (déplacements, envois fréquents au poste) et aux contrôles aux faciès contre les personnes d’« origine étrangère ». A cela s’ajoutait les descentes occasionnelles contre les fameuses « atteintes à l’ordre public » (squats fermés de force, répression violente de manifs pour la légalisation des raves-parties ou pour le soutien aux personnes sans-papiers, intervention contre les occupations d’usines comme à STMicroélectronics). La présence quotidienne de la police sur les principales places de Rennes (et de l’armée dans la gare) s’était imposée progressivement sans réaction collective, sous la coupe bienveillante du « socialiste » Edmond Hervé siégeant depuis plus de 20 ans à la Mairie…

Pour mettre de l’huile sur le feu, la nouvelle préfète Mme Malgorn, ex-conseillère de Sarkosy, sera la femme de la situation. Début 2004, elle ordonne la fermeture des bars de Rennes à 1H du matin, puis des épiceries, au nom d’une lutte contre l’alcoolisme. En avril, elle déclare la guerre : suite aux plaintes d’une association regroupant des propriétaires du centre ville de Rennes (dont le ‘tapage nocturne’ fait baisser les rentes), adressées aux autorités rennaises et à Chirac en personne, une circulaire autorise les C.R.S. à faire le ménage tous les jeudis soirs contre les fêtes étudiantes du jeudi soir…qui avaient librement cours depuis près d’un demi-siècle.

Moins d’une semaine après la circulaire dont personne ne connaissait l’existence, 3 corps de police (C.R.S., BAC et Police Nationale) sont mobilisés sur place pour se partager le travail, frappant sans sommation les étudiants, travailleurs, lycéens et autres fêtards ; un handicapé sera violemment jeté de son siège et frappé à terre, plusieurs personnes hospitalisées et 12 personnes incarcérées.

Une bavure ? Non. La semaine suivante et celles d’après, les C.R.S. continuerons à être mobilisés, venant de toute la France, pour casser du jeune. Après la trêve des vacances scolaires, la répression recommence chaque jeudi soir à partir d’octobre. Entre 14 et 16 cars de C.R.S. (soit au moins 500 casseurs de grève assermentés) sont mobilisés chaque fois, combinant des moyens des plus primaires aux plus modernes (matraquages, charges, grenades lacrymos, char projetant jusqu’à une centaine de mètres de puissants jets d’eau lacrymogénés) et transformant rituellement le centre de Rennes en champ de bataille. Loin de fuir face à la répression, des centaines de jeunes reviennent de semaine en semaine, tenant la place face aux « forces de l’ordre » dans une ambiance de véritable guerre sociale.

Pour aller plus loin dans la provocation, le maire et la Préfète se sont entendus pour interdire le « Teknival » qui avait maintenant lieu tous les ans en marge du festival des Transmusicales de Rennes. Pendant les trois jours de l’évènement la préfecture à mis sur pied un « centre opérationnel défense » officiellement destiné à assurer la « sécurité ». Comme conséquence logique de l’interdiction, des centaines de jeunes se sont retrouvés dans le centre ville de Rennes, sans tecknival. Face à eux, des centaines de C.R.S. mobilisés pour l’événement ont profité du premier ‘débordement’ le vendredi soir (l’investissement d’un manège par la foule) pour frapper dans le tas et nettoyer violemment la place à 4H du matin.

Résultat : une trentaine de personnes hospitalisées, 6 personnes incarcérées et condamnées (3 ou six mois de prison avec sursis). C’est cette nuit là que des personnes furent sélectionnées au faciès (des noirs et des arabes), menottées, plaquées contre un mur et tabassées en règle.

Aux chaînes de télévision et de radio nationales tel France 3 bretagne , on pouvaient entendre comme d’habitude et de maniére totalement orientée les témoignages outrés de « riverains » se plaignant d’une montée de délinquance insoutenable, et la justification béate d’une intervention de police contre des casseurs de vitrines opérant « juste devant leurs yeux ».

Le jeudi suivant, les 16 cars de C.R.S. avaient été mobilisées. Mais les élus et la presse étaient sur place, et ils se gardèrent d’une quelconque intervention ! La semaine suivante, le manège était reparti…

Trop c’est trop

L’explosion des violences policières devait générer une riposte collective. Elle est partie du secteur étudiant, à son tour plein champ de la répression policière, plutôt réactif et politisé, fraîchement sorti d’un puissant mouvement de grève. A quelques dizaines, nous avons lancé un collectif contre les violences policières et sécuritaires, gagnant le soutien d’un certain nombre d’associations et organisations (A.C.G., Collectif contre les lois d’exclusions, JCR, LCR, FA…) ou provisoirement d’une partie de leurs membres (Verts, MRAP, CNT, collectif de soutien aux personnes sans-papier, etc.).

Un premier appel à été lancé et proposé largement. Nationalement, nous avons pris contact avec le réseau Résistons Ensemble regroupant des collectifs et assos contre la répression. Nous organisons une conférence sur le thème de l’ordre sécuritaire le 1er février et appellons à manifestation large contre les violences policières, le mercredi 2 février, à Rennes. Un bulletin d’information est lancé et la réalisation d’un film est au programme.

L’élément déclencheur de la création du collectif est la répression violente des rassemblements festifs à Rennes. Mais ses objectifs ne s’y limitent pas et préfigurent une véritable campagne de fond contre l’ordre sécuritaire.

Comme le souligne l’appel fondateur du collectif : « Nous condamnons tout acte de violence policière, de la plus flagrante à la plus banalisée. […] Nous rejetons la logique du « tout sécuritaire »

désignant comme ennemi public et comme coupable les populations qui sont précisément les plus touchées par l’exclusion, la misère et la violence sociale. A la « tolérance zéro » (braquée sur la petite délinquance sans jamais s’attaquer à la grande criminalité en costard), nous opposons le règlement social des problèmes sociaux : des emplois pour tous, des logements pour tous, une éducation pour tous et les mêmes droits pour tous, quelle que soit l’âge, le sexe, l’origine et la couleur de peau. Nous demandons le blocage des budgets régaliens (armée et police) au profit des budgets sociaux (éducation, santé, services publics). Nous demandons par conséquent l’abrogation de toutes les lois et décrets nationaux mettant en péril les libertés civiles et la sécurité des individus au nom de l’exigence « sécuritaire » voire « antiterroriste » : Lois sur l’immigration Pasqua-Debré-Chevènement) ; « Loi sur la Sécurité Quotidienne » (LSQ) du 30 octobre 2001 ; « Loi de Programmation pour la Justice » (LOPJ, dite loi Perben) du 9 septembre 2002 ; « Loi d’Orientation pour la Sécurité Intérieure » (LOPSI, dite loi Sarkosi) de février 2003 ; « Plan Vigipirate renforcé », relancé le 9 mars 2003 ; Loi dite Perben II de février 2004 ; loi Ferry-Stasi de février 2004 ; ainsi que tous leurs clones. »

Multiplions les initiatives dans ce sens et fédérons nos efforts

sources

réseau résistons ensemble

collectif anti sécuritaire de Rennes