Bien sûr le gouvernement tente cyniquement d’utiliser la carte du racisme et de la division pour casser tout mouvement de contestation. Depuis la rentrée il y a eu le lancement d’un pseudo grand débat sur l’immigration, la relance des quotas et les discours stigmatisant les musulmans.

Rien que cela nécessite une riposte en contre feu du mouvement. L’appel lancé conjointement par les syndicats (CGT, Solidaires, FSU, CNT, CNT-SO) avec les collectifs de sans-papiers et 150 collectifs et associations pour les manifestations du 18 décembre doit être un contre-feu qui répond « unité ! » là où les pyromanes appellent au feu. Des manifestations sont prévues dans tout le pays.

Mais la nécessité de lier riposte sociale et solidarité avec les migrantEs est aussi un enjeu de fond pour la force et la durée du mouvement.

Car laisser diffuser les arguments utilisés pour justifier les politiques anti-migratoires c’est finalement ouvrir grande la porte aux arguments qui justifient toutes les autres attaques et en premier lieu celle sur les retraites.

Le premier c’est celui des moyens. Ce qui est utilisé le plus largement pour justifier le contrôle de l’immigration c’est l’idée qu’il n’y a pas suffisamment de moyens pour accueillir les migrantEs. Nous passerons ici sur le fantasme raciste d’un pseudo déferlement migratoire. Mais accepter qu’il n’y a pas suffisamment de moyens pour accueillir les migrantEs, c’est finalement accepter l’idée qu’il n’y a pas assez de moyens tout court. Donc pas assez de moyens non plus pour, au choix, les hôpitaux, l’éducation, les salaires… les retraites.

La réalité est radicalement différente. Pour ne prendre qu’un chiffre : ces vingt dernières années le PIB de la France, c’est-à-dire les richesses produites, a pratiquement doublé. Où sont allées ces richesses, sachant que la population a peu progressé en nombre et que le solde migratoire est très faible ? Y-a-t-il moitié moins de pauvres ? Ils/elles sont au contraire plus nombreux et nombreuses. Les salaires ont-ils doublé ? Les retraites ?

Non ce sont les revenus des plus riches qui ont explosé.

Le second argument est au cœur de l’enjeu de la « réforme » des retraites. Il s’agit, sous couvert de régime universel, du système des retraites par points. Ce dont il s’agit ici c’est de passer d’une logique d’un droit collectif à celle d’un contrat individuel qui soumet l’individu au bon vouloir du pouvoir et qui dépend de sa soumission à une norme qui est celle de l’exploitation et du profit.

Or de quoi s’agit-il en ce qui concerne les migrantEs et de toute la logique de « l’immigration choisie » qui est celle des critères de régularisation et, pire encore, celle des quotas. C’est le pouvoir qui détermine qui seraient les « bons » migrants : ceux et celles qui sont aptes aux besoins de l’économie : en bref les exploitables.

Allons plus loin dans l’ignoble : les frontières, externes comme internes, avec tous les obstacles qu’elles dressent sur la route des migrantEs, les conditions dans lesquelles elles les réduisent quand ils et elles survivent sont les outils d’un tri abject. Au prix de dizaines de milliers de mortEs.

Refuser la « survie par points » qui est l’immonde situation faite aux migrantEs c’est renforcer le refus global de la logique qui est à la base de la politique de ce gouvernement.

C’est construire les bases d’un mouvement capable de le vaincre.

Alors le 18 décembre, touTEs ensemble ! Egaux, Egales, Personne n’est illégal !

Paris, le 13 décembre,

Alioune Traoré (Coalition Internationale des Sans-Papiers et Migrants)

Denis Godard (Zone de Solidarité Populaire 18è)

Appel, signataires et lieux des manifestations dans de nombreuses villes :

https://blogs.mediapart.fr/marche-des-solidarites/blog/111219/18-decembre-18h-egaux-egales-personne-nest-illegal