Ce que nous entendons par « Républicanisme » et « souverainisme », n’est en rien comparable avec la République de l’an II, et dont nous entendons porter l’héritage. Celle de Valmy et de la sans culotterie, qui s’appropriant cette idée bourgeoise de « République » et ses « Droits de l’Homme » marchant qui accordent aux prolétaires la « liberté » et « l’égalité » de vendre leur force de travail, en ont fait un combat pour une République « concrète », démocratique et sociale, en somme, une superbe intuition de la société sans classe, avant le XIXème siècle. Nous dénonçons ici le fétichisme de cette « République », devenue un véritable mantra, vidée de toute son historicité, sujette à tous les essentialismes, et élevée au rang de dogme dont la critique vous expose au délit d’apostasie « républicaine ».

  • Levons d’abord les éventuelles ambiguïtés afin de ne pas prêter le flanc à des mises à l’index ô combien prévisibles pour « gauchisme », et autres « idioties utiles »-termes dévoyés de leur sens originel afin de servir de rayon paralysant aux conservateurs et réactionnaires de tout horizon.

Porté au pinacle par une petite bourgeoisie intellectuelle en décrépitude et une classe politique marginales mises au ban, ainsi que par une escadrille de militant.e.s politisé.e.s issu.e.s de catégories socio-professionnelles intermédiaires, épris de robinsonnades et loin des rapports de production et de l’exploitation qui en découle, le « républicanisme » est un précipité chimiquement pur de fausse conscience. En effet de par leur position, comment ces thuriféraires de la « République » et de la « souveraineté » mythifiées, pourraient-ils appréhender la totalité sociale et ainsi accéder à une  » véritable » conscience historique ?

 

Le déclassement social généralisé et le mécontentement légitime ne servent ainsi que d’ornements à cette fausse radicalité. Il est aussi un attrape-mouches électoraliste pour petite bourgeoisie en marge des grands partis néolibéraux. Critiquant les effets d’un capitalisme se déchainant sans entrave et l’ayant mise sur le bas-côté de la nouvelle configuration de la domination qu’il suscite, pour légitimer les nouvelles modalités de son infrastructure.

C’est ainsi qu’à cette aune, il n’est pas étonnant de voir nos nouveaux « Républicains souverainistes » s’encanaillant en lisant Bodin- ce penseur de la souveraineté exercé par un homme providentiel au service de la bourgeoisie ascendante contre les féodaux – reprendre le vocabulaire de leurs prédécesseurs gaullistes en parlant de la grande bourgeoisie financière et actionnariale comme étant les « nouveaux féodaux ». Cette dénonciation du « Grand Capital », ne les a pas empêchés une fois arrivés au pouvoir, de promulguer des lois scélérates, antisociales et de manier la matraque au nom de « l’ordre républicain » contre des ouvriers grévistes, voire de noyer dans la Seine des militants anticoloniaux algériens ou d’en passer d’autres à la Gégène au nom de la « sauvegarde de la nation ».

  • Et là nous voyons un autre aspect de ce « républicanisme », utilisé comme un identitarisme obsédé par la recherche d’une cinquième colonne contre laquelle il faudrait faire corps ; avant-hier le curé, hier le fellaghas et aujourd’hui des compatriotes musulman.s, érigés en boucs émissaires de tous les maux qui rongent la nation.

Comment ne pas y voir ici une réincarnation guignolesque de la « République » façon radsoc des Waldeck-Rousseau et son gouvernement de « Défense Républicaine » et autre Clemenceau. L’union sacrée contre le « Boche » hier et « l’hydre islamiste » aujourd’hui, tout en s’époumonant avec la Marseillaise… « La première fois l’Histoire se répète comme tragédie, la seconde fois comme farce».

 

Et la lutte des classes dans tout cela ?