Juste après la projection du film de Ladj Ly, « Les Misérables », l’émotion est à son comble : entre deux très profonds sanglots, le visage inondé de larmes encore chaudes, Emmanuel Macron enjoint son gouvernement d’« améliorer les conditions de vie en banlieue »…

Il est effondré, dévasté.

Brigitte le tient dans ses bras, lui caresse les cheveux d’un geste tendre de la main droite, elle tente de le réconforter.

« Cet homme-là, mon mari, a un cœur, qu’on se le dise ! » s’exclame la première dame, l’œil humide à son tour.

Mais enfin ! ils veulent nous le briser ! l’achever ! le finir ! lui faire mal !

Pire encore, ils veulent le faire douter, oui, c’est cela, ils veulent le faire douter !

Pour l’enfoncer encore un peu plus, certains imaginent de lui faire voir tous les films de Ken Loach…on frise le déraisonnable, c’est du sadisme pur ! sans compter qu’il faudrait lui expliquer…

Pour un homme comme lui, après la réforme du droit du travail, après l’ISF, après les APL, après l’improbable réforme des retraites, après ce parcours néolibéral exemplaire qui fait saliver tout ce que le Gotha des banques d’affaires et du business compte de génies, douter c’est mourir un peu.

Peut-on douter d’un swap de taux de change ? Bien sûr que non !

Il ne peut pas, il ne doit pas douter, la France ne s’en remettrait pas, l’Europe capitaliste ne le supporterait pas.

De retour à son palais présidentiel, loin des banlieues, mais toujours bouleversé, Emmanuel Macron demande qu’on lui projette « Z », le film de Costa-Gavras réalisé en 69, un film qui retrace en détail les agissements de la police et de la gendarmerie qui ont tenté d’éradiquer le communisme et les mouvements de contestations dans la Grèce des années 60.  Par tous les moyens.

Macron se verrait bien en Yves Montand, le député « Z », le médecin, il voit Brigitte en Irène Papas, sa femme, mais il voit aussi Christophe Castaner dans le rôle tenu alors par Pierre Dux, un général de gendarmerie de la pire espèce aidé par son fidèle colonel, Julien Guiomar alias Laurent Nunez.

Alexandre Benalla est Vago, joué par Marcel Bozzuffi, un personnage trouble qui lance un pavé à la tête du député « Z » qui finira par en mourir…

Benjamin Griveaux est Renato Salvatori alias Vago, un second couteau, un homme de main prêt à tout pour sauver le régime, un petit intrigant, assez peu crédible en vérité…

Ce soir-là, plusieurs invités ont assisté à la projection de « Z » réalisé il y a maintenant un demi-siècle exactement, tous observaient le président du coin de l’œil.

Il ne pleurait plus.

Il avait même retrouvé un début de sourire.

Brigitte venait de lui expliquer qu’à la suite de ces évènements, la Grèce avait connu un moment de croissance, de paix et de sérénité grâce à une poignée de colonels patriotes déterminés à réformer le pays entre 1967 et 1974.

Un message plein d’espoir.

Il se voyait un destin à la Geórgios Papadópoulos, mais en plus discret, sans les galons de général, bien sûr, l’armée néolibérale déteste les uniformes.

Oublié, Montand !

Il avait un plan, Il fallait interdire :

Le port du voile, le communautarisme, la GPA, les manifestations, la liberté de la presse, le droit de grève…

Et la lettre « Z » qui en français moderne veut dire « La connerie est toujours vivante ».

https://blogs.mediapart.fr/bruno-painvin/blog/181119/macron-fond-en-larmes-devant-les-miserables