On a à peine le temps de souffler que les flics, positionnés au début de Carnot, arrosent le croisement. L’air est rapidement empuanti d’une lacrymo ultra agressive qui nous oblige à rentrer dans le hall d’un appart en attendant que tout se disperse. À la sortie, c’est une vision de désolation sur les allées Jean-Jaurès. Des obstacles ont été dressés sur la route et le grand croisement est dans le brouillard. Notre groupe est à nouveau séparé. On apprend que deux d’entre nous se sont fait.e.s courser par un flic armé d’une gazeuse qui a bondi d’un camion à leur passage.

Jusque-là, nous avons été cantonnés sur les boulevards et à l’extérieur. On réussit enfin à pénétrer dans le centre. A Saint-Georges on retrouve un groupe qui arrive sur la place. Les flics sont déjà là, bloquant la sortie vers Boulbonne, Vidal et Fourtanier. Vue la morgue avec laquelle nous accueillent les usager.e.s de cette place, on espère de tout cœur qu’ils/elles vont tousser aussi. Et ça ne tarde pas, les premiers gaz envahissent le place et les bistrotier.e.s ont juste le temps de fermer leur terrasse. On reprend la direction de Saint-Antoine du T avant de bifurquer sur Alsace-Lorraine sur laquelle un groupe entonne une version remixée d’A las barricadas. L’avenue est coupée des deux côtés par les flics. On n’attend pas de se faire nasser et on s’éclipse vers Salengro quand les flics commencent à arroser le secteur, peu importe qu’il reste encore des gamin.e.s ou de simples passant.e.s qui n’ont pas eu le temps de bouger. On tente de se replier square de Gaulle mais on est arrosé par des flics, peut-être en provenance du Capitole.

Après être revenu dans le centre, on prend la tangente pour parvenir à Wilson dont la fontaine a revêtu ses plus beaux atours de fête jaune. Sur Roosevelt, un cordon bleu nous attend patiemment. Carnot et Strasbourg sont bloqués. Pas le temps de glander que les premières sommations retentissent. On recule vers Victor-Hugo en attendant des meilleurs moments. Pendant ce temps sur Alsace-Lorraine, un groupe de Gilets jaunes fait la sérénade à un cordon de flics qui les remercient en jouant de la gazeuse. Il est 18h. C’est l’heure pour nous de décrocher d’un après-midi marqué par les dispersions, les étouffements et les conjonctivites. On aura galopé, pleuré, flippé mais on n’aura jamais lâché.

 

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