Des étudiants en galère

Une partie des étudiants en formation dans l’enseignement supérieur n’a pas de ressources et est confrontée aux difficultés régulières que supposent la recherche et la location d’un logement, la nécessité de se nourrir, de se déplacer, de se divertir. Le montant des bourses qui nous sont attribuées – quand elles le sont, puisqu’en ce mois de novembre le dossier de nombre d’entre nous n’a pas encore été traité – est inférieur à ce que nous coûte réellement la vie. Alors nous sommes contraints d’accepter toutes sortes d’emplois et ce sont les plus précaires, des livraisons à vélo pour Uber Eat aux rayons du Casino, de l’entrepôt de Décathlon aux caisses de Primark, nous passons notre temps à le vendre aux bourgeois, pour n’avoir que de quoi payer le loyer pas trop en retard, et manger la merde que sont les fruits et légumes du Lidl. C’est dans ces conditions qu’un étudiant s’est immolé ce vendredi 8 novembre à Lyon. Nous sommes des prolétaires, et nos conditions de vie se dégradent de plus en plus. Nous ne nous projetons plus dans l’avenir, nous n’avons pas de perspectives dans le travail, nous ne pensons plus qu’à demain, à nos galères.

Nous n’irons pas à leur assemblée générale

L’université est un espace où nous côtoyons les bourgeois. Nous n’y entretenons pas avec eux de rapports économiques, ils n’en restent pas moins les enfants de nos patrons et nous craignent pour ce que nous sommes. Si un climat de paix sociale règne depuis tout ce temps à l’université, c’est qu’en amont des conflits sociaux la faune bourgeoise y fait un travail de prévention dans les différents espaces de discussion et d’organisation, d’abord en distinguant les prolétaires en formation, les salariés de l’université et les travailleurs venant de l’extérieur ; puis en nous contraignant, heureux nommés « étudiants », « personnel », « gilets jaunes », à nous organiser respectivement dans les différents espaces qu’ils nous auraient préalablement dédiés. De ces façons ils nous divisent et nous affaiblissent. Quand les travailleurs en viennent à s’attaquer à la propriété, ils appellent à dissocier les “casseurs” de ce que seraient “les bons et légitimes manifestants”. Ces pratiques d’encadrement et de dissociation sont des rouages de la répression, car là où il y a de l’argent, des marchandises, des propriétaires, nous nous affrontons aux bourgeois. Et l’université ne fait pas exception, alors ils se défendent et nous résistent à l’intérieur même des murs de la fac en y sabotant toute forme d’organisation autonome des prolétaires.

Nous ne revendiquons rien, nous prendrons tout

« La fac elle est à qui ? Elle est à nous ! », C’est ce qu’on pouvait lire et entendre pendant les précédents mouvements d’étudiants. Mais la fac n’est pas un espace merveilleux au-dessus de la société où l’on étudierait dans l’intérêt de tous. La fac, nos logements, la rue ou encore les « services publics » ne nous appartiennent pas. Nous sommes des prolétaires, nous ne sommes nulle part chez nous, alors que de nos mains nous avons construit tout ce qui existe dans ce monde. Alors nous ne les écoutons pas non plus quand ils parlent de l’Université et du « monde du travail », parce que ce n’est qu’une seule et même chose, la fac n’est qu’un centre de formation parmi les autres. Et nous les brûlerons tous, parce qu’avec ou sans diplôme, nous ne voulons pas passer notre vie à la vendre aux bourgeois.
Nous sommes des étudiants en galère, des salariés de l’université, des travailleurs et des chômeurs et nous avons besoin d’un espace où nous organiser en tant qu’exploités. Nous avons été accusés de diviser « les étudiants » en nous nous organisant dans un autre espace que l’assemblée générale. Mais nous pour qui la vie est une galère, nous cherchons bel et bien à nous retrouver, à rassembler nos forces.
Parce qu’ici comme ailleurs, avec ou sans diplôme, nous ne voulons pas passer notre vie à la vendre aux bourgeois, alors nous allons nous organiser et nous battre contre ceux qui nous exploitent.
Assemblée de lutte, mardi 19 novembre à 12h30 en amphi 9