Le 22 janvier, cette attaque était revendiquée par « Des courts circuits ». La signature éphémère ironique était sans doute liée au fait que le nouveau procureur de Grenoble s’était étalé dans les médias en affirmant que « la piste accidentelle [était] privilégiée à 95 %« , probablement à cause d’un court-circuit. Suite à la parution du communiqué, le proc avait même qualifié ce dernier de possible « revendication opportuniste« , du haut de la certitude scientiste de ses grrrands experts judiciaires. Une antienne reprise après l’attaque incendiaire des locaux de France Bleu et celui d’un local technique de l’émetteur TDF à Grenoble les 28 et 29 janvier, pourtant revendiqué par #JeSuisFranceBleuIsere. Les petites sorties régulières du parquet à ce propos avaient également provoqué un commentaire malveillant à son encontre : « Grenoble, Le proc’ fait la leçon« .

Hier 8 octobre, au lendemain de l’annonce que l’incendie de la salle du conseil municipal de Grenoble du 30 septembre était bien volontaire, ce même procureur (Eric vaillant) a aussi confirmé que celui de l’église Saint-Jacques d’il y a neuf mois était à son tour non-accidentel. Cette requalification des faits, dans les deux cas, serait lié à la capacité de leur labo de détecter à présent des traces de « supercarburant« . C’est en tout cas l’explication officielle de leur revirement.

En passant, si quelqu’un se demandait encore quelle peut bien être la différence entre les journaflics de France bleu Isère et les journaflics de France 3 Auvergne-Rhône Alpes, la réponse pourrait être : la pudeur. Les premiers ont en effet sorti un article titré « Incendie à la mairie de Grenoble : des blogs de la mouvance anarchiste et libertaire se réjouissent« , quand les seconds titrent « Grenoble : des blogs anarchistes se félicitent de l’incendie « criminel » de la mairie« . Bon, « se réjouissent » ou « se félicitent« , ce n’est pas tout à fait la même chose, mais disons que oui. Par contre, si les larbins de France Bleu ont caché la source de leurs copies d’écran de sites anarchistes d’un élégant trait noir -certainement un effet secondaire de la destruction de leurs locaux-, les seconds n’ont pas eu autant de pudeur, et ont assumé leur tâche de porte-parole du pouvoir jusqu’au bout.

A défaut de pouvoir mettre la main sur les auteurs de toutes ces belles attaques destructrices, revendiquées ou pas (comme la mairie), c’est un grand classique de la répression que de pointer du doigt les agitateurs subversifs qui se réjouissent ouvertement qu’elles aient eu lieu ou en défendent les raisons. A chacun.e donc de multiplier à sa façon et avec ses propres idées et perspectives des prises de position dans l’espace public, en mots comme en actes. D’une part pour ne pas laisser isolés ceux qui ont déjà ouvert leur bouche et sont à présent sous le feu du pouvoir, d’autre part pour que ces actes ne restent pas l’affaire de quelques-uns (leurs auteurs ou leurs défenseurs) mais deviennent un problème social, notamment en approfondissant l’offensive et les angles d’attaque sur l’ensemble du territoire.