Sur la place de la Bastille, les camions sonos braillent du Gala, Alec Benjamin et autres sons festifs entrecoupés de slogans répétés au micro : « Policiers en colère », « Allez les bleus ! », un appel à l’incarcération pour quiconque qui « touche » un flic et de nombreuses Marseillaise.

Ce même procédé (ennuyeux) aura lieu durant toute la manifestation.

Sur le déroulé même de la manif’, il y a peu de choses à (re)dire. Le cortège est relativement mixte et cette marche se révèle très tranquille. Les « bleus » sont venu·e·s entre copains/copines des comicos (à visage découvert), ça rigole, ça fait quelques blagues vaseuses ici et là, mais surtout ça chante à plein poumon l’hymne national. Les services d’ordre n’ont aucun « boulot » à faire et la présence policière (maintien de l’ordre) est très discrète.

Finalement, rien de très intéressant. Néanmoins, nous remarquons très vite que nous ne sommes pas les seul·e·s à être venu·e·s dans un autre but que soutenir ces chers pandores.

En effet, à Bastille, une femme courageuse brandit une pancarte en carton, mais en quelques secondes, les gendarmes mobiles débarquent et lui demandent de partir.

Ce qui se joue se situe clairement aux abords de la manifestation.

Il y a d’abord eu une première nasse au niveau du cinéma MK2 sur le boulevard Beaumarchais où l’on reconnaît Éric Drouet et quelques Gilets jaunes. Les forces de l’ordre encerclent la poignée de personnes présentes sur le trottoir (y compris les très nombreux journalistes) tandis que le cortège des flics siffle allégrement ces contre-manifestants.

Tous les 300 mètres, un petit groupe téméraire de Gilets jaunes (ou non) est totalement nassé par la police. Des pancartes sont brandies. Elles dénoncent les mutilations lors des dernières manifestations ou bien encore la mort de Steve. En face, les huées sont nourries.

Cette situation provoque des discussions (parfois passionnées) avec les simples passant·e·s.

Par exemple, une dame âgée s’offusque, car elle confie n’avoir plus vraiment confiance en la police après avoir vécu une scène policière raciste il y a peu de temps. Un monsieur crie quant à lui sa colère contre les policiers qui ne « viennent pas manifester avec les Gilets Jaunes » (!). La présence régulière de groupes d’individus parqués sur les trottoirs, car dénonçant les violences d’État, provoque discussions et remous chez les badauds.

Néanmoins, soyons honnêtes. Les policiers reçoivent du soutien de quelques « civils » au sein du cortège, mais aussi depuis quelques rares fenêtres le long de l’avenue Beaumarchais.

Tandis que la manifestation suit son cours, nous apercevons un groupe de « medics » assez étrange. Qui sont-ils ? Et pour secourir et/ou protéger qui ? Agissent-ils également lors des manifs de Gilets jaunes ? Nos questions restent actuellement sans réponse.

Sur la fin du parcours, un nouveau groupe de militants tentent de perturber la kermesse des flics avec bravoure. Une énième fois, ils reçoivent en retour des insultes, mais surtout des huées.

Leur banderole contre les violences d’État est subtilisée par les forces de l’ordre qui s’empressent d’en indiquer le slogan auprès de la hiérarchie préfectorale. Hop, confisquée !

La manifestation se termine très calmement place de la République mise à part l’arrestation d’un homme lors de la dispersion pour une raison qui nous échappe.

S’il faut reconnaître le nombre important de manifestant·e·s policier·ère·s lors de cette « marche de la colère », il faut se réjouir des initiatives (parfois tout à fait individuelles) de toutes ces personnes qui ont tenté de faire porter un message contre le discours larmoyant des « bleus » malgré les moyens engagés par la préfecture pour contenir physiquement toute perturbation possible du défilé policier.

V. et B.