Le 27 septembre c’est la journée mondiale du tourisme. Faisons de cette date une journée d’action contre Airbnb et pour le droit à la ville.

L’industrie touristique représente 1 emploi sur 10 créés dans le monde, 10% du PIB mondial et génère plus de 1,3 milliards de dollars de recettes chaque année. C’est aussi le seul secteur qui a connu un développement continu même en plein cœur de la crise de 2008.

Le tourisme représente pour beaucoup de territoires la dernière chance de profit et de croissanceéconomique. Mais pour accéder au marché touristique, les villes doivent consentir de gré ou de force à des transformations urbaines profondes.

Nous ne comptons plus les exemple de villes et de quartiers sacrifiés qui prouvent que la mise en tourisme incontrôlée menace nos capacités à habiter les territoires :patrimonialisation, muséification, homogénéisation des territoires et des formes de vie, transformation des commerces et lieux de sociabilité annuels en commerces saisonniers et touristiques, conflictualité entre usages anciens et populaires des espaces et nouvelle vocation marchande et bien sûr disparition de nos logements.

Les pouvoirs publics sont incapables de produire les logements permettant d’accueillir les flux correspondant aux nouvelles mobilités touristiques et amplifiés par les politiques volontaristes sur le secteur. La seule source de développement de la capacité d’accueil estival est alors la conversion des logements annuelsen meublés touristiques de courte durée. Sensible aux profits supérieurs générés par la location de meublés de courte durée et profitant d’une réglementation et d’une fiscalité plus douces, nombreux sont les propriétaires qui choisissent de convertir leur logement en hébergement touristique. Ce secteur attire aussi de nouveaux investisseurs très bien dotés en capital financier qui font sortir du parc de location annuelle des appartements, des immeubles ou des quartiers entiers de certaines villes sans se soucier des répercussions de leurs investissement sur l’accès au logement des habitants.

Ce phénomène est largement favorisé et accéléré par les plateformes de location de courte durée dont le plus connu est Airbnb. Là oùAirbnb s’installe, se développe aussi la spéculation, l’augmentation des loyers et la diminution du parc de logements annuels. La gentrification touristique, ce déplacement forcé des populations des classes populaires, remplacées par des nouveaux arrivants plus aisés, et la transformation des habitats en résidences secondaires ou en meublés touristiques de courte durée se passent dans le silence des pouvoirs politiques locaux et nationaux. Par leur inaction, ils favorisent l’injustice économique et la précarité et ouvrent ainsi la voie à la future désertification des territoires.

Face à la logique du profit pour quelques uns, pour protéger nos logements, pour rendre nos villes habitables et pour la justice sociale, le 27 septembre nous nous joignons à l’appel de la coalition européenne pour le droit au logement pour faire de cette journée la première journée européenne contre Airbnb.