• Sylvain « Vevin » Cloutier, le « repenti »

Sylvain Cloutier, alias « Vevin » avec ses tatouages bien visibles du Ste-Foy Krew, 1488 et du soleil noir.

La plus récente photo sur le compte Facebook de Sylvain « Vevin » Cloutier le montre avec un t-shirt du groupe métal d’extrême-droite Graveland. La photo date du 25 janvier 2019 lors d’un concert de son autre groupe, Neurasthene.

« De suprémaciste blanc à chanteur folk », c’est ainsi que Le Soleil titrait un article consacré à Sylvain Cloutier, chanteur du groupe FolkYou en mars 2018. Cet article nous faisait part de la supposée rédemption du musicien après plusieurs années passées au sein de l’extrême droite la plus radicale de la ville de Québec.

Ste-Foy Krew, la Fédération des Québécois de souche, les groupes de musique néonazis Prison Bound, Elyab et Dernier Guerrier ont tous pu compter dans leur rangs « l’étudiant au baccalauréat en musique de l’Université Laval ». Ce dernier est également apparu dans des groupes comme La Ferraille dans lequel il se déguisait en pirate..

«Être un gros chr… de raciste et être un nazi, c’est stupide. Du racisme et du nazi, tu n’en trouveras jamais dans Folk You.» assurait « Vevin » Cloutier tout en ajoutant : «S’il y a des gens qui veulent me faire tomber moi, fine, mais pas le reste de Folk You. Je ne veux pas que la m…. retombe sur le reste de mon band, car ils n’ont absolument rien à voir là-dedans».

Après enquête, nous pouvons affirmer que ces déclarations étaient bel et bien fausses. En effet, il n’a pas fallu chercher longtemps pour trouver non pas un mais bien deux autres suprémacistes blancs associés à FolkYou et ce, depuis la fondation du groupe.

Sylvain « Vevin » Cloutier (à droite) accompagné du membre d’Atalante, Mathieu Bergeron. La photo est prise lors d’un concert du groupe Légitime Violence au Studio Sonum. À noter que Cloutier porte un t-shirt néonazi Vinland Misanthropic Division.

  • Steve « Rebel », le co-fondateur

Fondé en 2014, FolkYou semble surtout être composé d’un noyau dur formé par Sylvain Cloutier, Félix Latraverse et un autre individu surnommé « Steve Rebel ». Si les liens avec l’extrême droite de FolkYou n’ont pas toujours été évidents à démontrer, ce n’est vraiment pas le cas pour monsieur « Rebel ».

En effet, le joueur de banjo affiche fièrement un tattoo « 1488 » sur ses jointures. Sa photo de profil la plus récente publiée sur Facebook ne laisse d’ailleurs aucun doute sur ses allégeances politiques néonazies, lui qui porte une patch de la Totenkopf.

À tite d’information, « 1488 » est un code utilisé par les militants néonazis de tout acabit depuis les années 80. Le 14 fait référence aux Fourteen Words, une citation du militant du Ku Klux Klan David Lane et le 88 signifie Heil Hitler (H étant la 8e lettre de l’alphabet). La Totenkopf, quant à elle, était un insigne que portait les officiers SS nazis chargés de la garde des camps de concentration durant l’époque hitlérienne. Disons que ça ne laisse pas vraiment place au doute.

Étrangement, « Steve Rebel » semble quitter le groupe quelques semaines avant la publication de l’article du Soleil, en 2018. Coïncidence?

  • Félix Latraverse, le guitariste

Le trio fondateur de FolkYou, Steve Rebel, Sylvain Cloutier et Félix Latraverse (de gauche à droite).

En décembre 2018, le collectif Montréal Antifasciste publiait un dossier complet sur le groupuscule néo-fasciste Atalante Québec. C’est au sein de ce dossier que nous retrouvons un peu plus d’informations sur le troisième membre fondateur de FolkYou, Félix Latraverse, qui a notamment paradé avec Atalante Québec en septembre 2016.

En effet, en plus de jouer dans FolkYou depuis la fondation du band, Latraverse se trouve également à être le plus récent guitariste du groupe phare d’Atalante, Légitime Violence. Il a d’ailleurs pu en profiter pour se rendre en Europe en novembre 2018 avec ces derniers pour une tournée musicale. Ensemble, ils ont pu visiter les plus belles destinations néo-fascistes des vieux continents.

Félix Latraverse lors de sa tournée européenne aux côtés de Légitime Violence.

Latraverse est également un musicien ayant participé à de nombreux projets musicaux, particulièrement dans la scène métal. C’est exactement le genre de personne qui peut faciliter les liens entre Atalante, c’est-à-dire la politique, et les contre-cultures musicales. Sous le pseudonyme de « Fix », ou encore « Ti-Wis », le musicien a pu jouer dans les groupes Neurasthène (avec Sylvain Cloutier), Haeres, Aborgnon, Délétère, Blood Plot, Hollentur, Hymen, Dimentia et Dèche Charge, notamment.

  • Studio Sonum, le dernier retranchement

Le dossier produit par Montréal Antifasciste nous apprenait également que Félix Latraverse travaille au Studio Sonum à Québec. Bizarrement, les derniers concerts de Légitime Violence (qui ne semblent plus être les bienvenus dans la majorité des salles de spectacles de la capitale) semblent tous avoir eu lieu justement au Studio Sonum. Encore une drôle de coïncidence, n’est-ce pas?

Studio Sonum, ce sont des locaux de répétition et des studios d’enregistrement pour musiciens qui sont situés dans le quartier Saint-Sauveur à Québec. Plusieurs bands y ont des locaux, dont La Corriveau et Never More Than Less. Selon un vidéo promotionnel produite par l’entreprise et diffusé sur Youtube, il semble également que les membres de Légitime Violence soient des clients réguliers du Studio.

Pourquoi Studio Sonum, non seulement, tolère d’avoir un groupe de musique d’extrême droite entre ses murs, mais va même jusqu’à utiliser l’image de Légitime Violence dans ses publicités? Pourquoi l’entreprise accepte-t-elle que des concerts abritant la crème de la mouvance néo-fasciste québécoise y soient tenus? Est-ce seulement une manigance de leur employé, Latraverse, ou est-ce que l’administration est au courant? Dans tous les cas, il est troublant de voir un commerce ouvert au public permettre le déploiement de drapeaux d’Atalante en son sein.

Le groupe Légitime Violence qui apparaît dans une vidéo promotionnelle du Studio Sonum produite en 2017.

En haut, photo promotionnelle de la salle de spectacle de Studio Sonum. En bas, Légitime Violence lors de leur dernier concert à Québec. Difficile de ne pas reconnaître l’endroit.

  • Une infiltration réussie

À travers le temps, FolkYou a réussit à s’infiltrer au sein de la scène musicale de Québec et à passer pour un groupe lambda. Chemin faisant, la formation a pu se produire en première partie de groupes folk n’ayant rien à voir avec l’extrême droite tels que Québec Redneck Bluegrass Project, Les Chiens de Ruelles, Irish Moutarde et Capitaine Salaud.

De plus, le groupe a aussi réussit à jouer à La Ninkasi, à l’Anti, à La Barberie, au Festival celtique de Québec ainsi qu’aux festivités de la St-Patrick organisés par la ville de Québec. Ils ont également pu se produire lors d’événements organisés par les municipalités de Sorel-Tracy et de Sainte-Flavie.

Ne nous laissons pas berner, aucun milieu n’est imperméable aux idées d’extrême droite, comme nous pouvons le voir avec la scène folk, une scène qui est généralement assez progressiste. C’est en jouant sur la confusion que le groupe a pu aussi bien réussir à passer entre les mailles du filet et se produire dans des salles qui n’auraient certainement pas tolérer la présence de groupes ouvertement d’extrême-droite.

Il incombe donc à tout le monde impliqué au sein d’une scène culturelle de faire attention et de se renseigner sur les groupes qui existent en son sein. Il est temps que les producteurs, les propriétaires de salles de spectacles, les groupes de musique soient mis au courant du vrai visage de FolkYou. À notre humble avis, ce band devrait être barré de l’ensemble du réseau musical, tout simplement.