A côté d’eux, il y a ces journalistes qui passent pour des esprits libres aux oreilles des imbéciles. Ceux-là se montrent capables – suprême audace ! –, sur le ton du type vaguement surpris et outré, de faire répéter leurs plus gros mensonges aux menteurs professionnels de la politique, sans toutefois les démentir outre mesure, faut pas déconner, il y a quand même le respect des élu-e-s à sauvegarder. Dans le genre, le chroniqueur de RMC et de BFM-TV Jean-Jacques Bourdin reste un modèle. Mais la déontologie supposée du monsieur ne saurait toutefois s’encombrer d’une morale étriquée allant jusqu’à lui interdire d’ouvrir son micro au premier salopard venu, pourvu qu’il soit célèbre. Le taux d’audience, coco, tu y penses ?!

Le « droit de savoir », la « curiosité citoyenne » et autres formules magiques ne servant le plus souvent qu’à mieux faire passer l’odieux pour la mission sacrée d’informer, Jean-Jacques Bourdin a donc choisi d’inviter, le 6 septembre, celui que les médias continuent de présenter comme un « théologien » ou un « islamologue » (sic), le militant islamiste Tariq Ramadan, ce qui offre aux violeurs en série présumés un bon espoir de passer eux aussi à l’avenir sur l’antenne de RMC et de BFM-TV.

L’un des moments les plus médiatiquement vomitifs de l’entretien fut celui où l’on se demanda qui, de l’invité ou de l’interviewer, au ton « incisif et dérangeant » comme il est écrit sur le site internet de BFM, était le plus détestable, après qu’on eut entendu ce dernier poser cette question incroyable : « Est-ce que vous pardonnez à ces jeunes femmes, plaignantes, qui vous accusent ? Vous êtes capable, ou pas, de leur pardonner ? »


Le mot de la fin de cet immonde spectacle, sommet d’abjection auquel répondit le « Merci, Tariq Ramadan » de Bourdin, revint au théologien de chambre d’hôtel : « Rappelez-vous, la France de 97, unanimement contre Dreyfus, avait tort. »


Et c’est ainsi qu’Allah est grand, comme disait Vialatte… et ce journalisme-là vraiment tout petit.