Dans la chambre 23-3, passeront d’abord les prévenus ayant été placés en détention provisoire (parmi lesquels plusieurs compagnons). Comparaîtront aussi quatre compagnons arrêtés lors d’un contrôle préventif, dont deux avaient été placés en détention provisoire à Fleury-Mérogis avant d’être libérés mardi 14 mai au moment de leur DML.

Les inculpés du 1er mai font les frais du dispositif policier mis en place à l’occasion, et notamment des contrôles préventifs massifs (plus de 20 000 contrôles en tout à Paris sur la journée), qui donnent lieu à l’utilisation du chef d’inculpation « groupement en vue de… ». Le 1er mai, à Paris, toutes les interpellations peuvent se faire sans OPJ : nous sommes tous en flagrant délit ! Ce dispositif massif de contrôle et de surveillance a par ailleurs été renforcé par des filatures, et le recours aux drones durant la manifestation. Des polices de différentes villes ont communiqué à la préfecture de Paris les plaques d’immatriculation de véhicules qui ont été contrôlés dès le matin.

Le chef d’inculpation du « groupement en vue de » porte essentiellement sur les intentions des personnes arrêtées. Pour être valable, ce chef d’inculpation doit être « caractérisé par deux faits matériels au moins » (c’est-à-dire qu’il suffit d’avoir sur soi deux objets qui pourraient « servir à… » pour être jugé coupable). Les jugements pour ce chef d’inculpation visent à mettre les prévenus dans une position où ils doivent se justifier d’actes qu’ils auraient pu commettre, forçant la connivence avec le dispositif juridique. Nous ne pouvons qu’inciter à refuser massivement de s’enfermer dans cette position, par exemple en refusant de répondre aux questions des juges et du proc’ sur « nos intentions » : répondre aux demandes de justification des magistrats et de la police ne fait que leur fournir de quoi faire tourner leur machine à construire des profils, à nous enfermer dans des représentations qu’ils bricolent dans le sens qui les arrange, à contribuer à permettre de distinguer les bons manifestants des mauvais, distinctions qui se répercutent ensuite sur les autres procès. Refuser collectivement de répondre aux questions qui portent sur les intentions, qui ont pour but la personnalisation de la justice à chaque individu, c’est aussi casser la logique d’isolement judiciaire, c’est s’organiser pour se défendre, sans connivence avec la justice.

En venant nombreux dans les salles d’audience, refusons de laisser les procs et les juges rendre leurs décisions tranquillement dans leur coin. Perturbons le bon déroulement de l’appareil judiciaire, que ce soit en amont par notre organisation collective ou le jour des procès, pendant le moment même des jugements. Refusons de laisser les inculpés seuls face à la justice.

Pour toutes ces raisons, RDV demain à 13h au TGI.