Les grands médias et les dirigeants des pays occidentaux cautionnent le massacre en cours, en mettant sur un pied d’égalité les roquettes tirées par les gazaouis excédés par l’oppression quotidienne qu’ils subissent, et le pillonage en règle par l’aviation israélienne, une des plus puissantes au monde, qui bénéficie par ailleurs d’un soutien financier important de la part des autres puissances impérialistes à l’instar des Etats-Unis et de la France.

C’est au prétexte de roquettes tirées de la bande de Gaza vers les zones frontalières que l’Etat sioniste a justifié le bombardement. Mobilisant une aviation qui bénéficie de missiles derniers cris pour pilloner le territoire palestinien, l’armée israélinenne a une fois de plus l’habitude à ne pas faire de distinction entre les cibles civiles et militaires. Mais ce n’est évidemment pas un hasard si au bout de douze ans d’embargo, le peuple gazaoui, excédé par ses conditions de vie, les difficultés d’accès à l’eau potable et à l’électricité, et la crise alimentaire organisée par l’Etat israélien, prend les armes pour combattre l’agresseur sioniste avec les moyens du bord.

Cette explosion intervient dans un contexte où depuis le 30 mars 2018, les snipers israéliens ont abattu 251 palestiniens et fait plus d’un millier de blessés, ciblés délibérément aux jambes, parmi les manifestants du mouvement de la Grande Marche du retour, tandis que de l’autre côté des barbelés on s’apprête à fêter l’anniversaire de création de l’Etat colonialiste israélien en même temps que l’Eurovision organisé dans l’opulence la plus indigne. Par ailleurs Benjamin Netanyahou fort de sa victoire électorale aux dernières élections législatives a promis d’intensifier le processus de colonisation. On comprend donc l’exaspération du peuple palestinien, condamné au chômage – le taux de chômage s’élève à 53% à Gaza ! – et à la dépendance financière vis-à-vis des nervis de l’impérialisme.

Ainsi l’intervention de Macron pour condamner les tirs de Gaza, de même que celle de la cheffe de la diplomatie européeenne Federica Mogherini, apparraissent comme bien hypocrites. Mais qu’attendre de plus de la part de ces dirigeants de puissances impérialistes ? Faut-il rappeler que les gouvernements français ont toujours apporté un soutien politique, militaire, et financier à l’Etat sioniste depuis sa création ? Mais ce qui est également remarquable à la veille des élections européennes qui se tiendront à la fin de ce mois de mai, c’est le silence assourdissant de la part de l’opposition de gauche. Seule Lutte Ouvrière a dénoncé l’agresion israélienne, tandis qu’aussi bien la France Insoumise que le PCF entretiennent un silence assourdissant, et se rendent ainsi complice de l’impérialisme.

L’agression israélienne et le soutien des dirgeants occidentaux dont elle bénéficie, démontrent donc le degré de putréfaction du monde des Macron, Trump, et Netanyahou. La situation internatiole est en effet polarisée par l’opposition de façade entre souverainistes et libéraux, deux faces d’une même pièce qui visent à résoudre la crise économique et politique au niveau mondial par l’escalade militaire et l’amplification de l’exploitation et de l’oppression au dépend de la grande majorité de l’humanité, qui fera quoi qu’il en soit les frais de ces politiques. Mais face à ces projets réactionnaires, le contrepoint ouvert par les mobilisations populaires qui remettent en cause la domination impérialiste en Algérie, au Soudan, qui protestent contre les interventions militaires françaises au Mali ou au Tchad, ainsi que l’abnégation du peuple palestinien dans sa lutte contre le colonialisme et l’agresseur sioniste montrent que loin de tout fatalisme, la seule voie pour en finir avec la barbarie sera la solidarité entre les peuples.

https://www.revolutionpermanente.fr/Bombardement-sur-Gaza-Netanyahou-fait-25-morts-et-200-blesses-a-la-veille-du-Ramadan

Le journaliste opposant israélien Gideon Levy s’indigne dans Haaretz :

« Une fois de plus, ce samedi, la cruauté et la témérité des gens de Gaza ont atteint de nouveaux sommets : des douzaines de roquettes lancées contre Israël avant la semaine de sa Journée de l’Indépendance, juste après sa Journée du souvenir de l’Holocauste et, pire que tout, deux semaines avant son Eurovision. Comment oses-tu, Gaza, comment oses-tu ???

Israël ne s’est pas encore remis de l’Holocauste, il se pomponne pour sa Journée de l’Indépendance, les musiciens commencent à débarquer à l’aéroport Ben-Gourion, et toi, Gaza, tu lui balances tes roquettes Qassam. Comment allons-nous pouvoir procéder à nos célébrations ? Les rapports les plus récents donnent l’impression qu’Israël est en état de siège et que Gaza menace de le détruire. Twitter a déjà suggéré « L’histoire d’Eva à la frontière de Gaza » – une pièce sur la campagne des médias sociaux au sujet de l’Holocauste.

Les commentateurs expliquent que tout cela, c’est à cause de l’avidité du Hamas. Le Ramadan commence et « ils sont obsédés par leur recherche d’argent ». Ou : « Tout cela, c’est à cause de la faiblesse de la politique sécuritaire dont tirent parti les groupes de terroristes utilisés contre Israël ; nous ne frappons que les bâtiments. »

Et, ainsi, ils tirent, ces bandits. Le Hamas veut de l’argent, Israël est trop tendre avec eux ; ils sont des terroristes, nous sommes la paix ; ils sont nés pour tués. Vendredi, l’armée a tué quatre protestataires près de la clôture de frontière avec Gaza, mais qui les compte ? En Israël, un adolescent est tombé alors qu’il courait vers un abri. « Quand une absence de politique et de continuité le cède au chantage », a marmonné une voix de la sagesse, et personne n’a pu comprendre ce qu’il proposait. Benny Gantz, l’alternative. Voilà ce pour quoi nous avons une opposition.

Tout est complètement déconnecté de son contexte et de la réalité, intentionnellement et délibérément. Une demi-semaine après la Journée de souvenir de l’Holocauste, la connaissance de ce que deux millions de personnes sont bouclées depuis douze ans derrière des barbelés dans une cage géante ne rappelle rien à Israël et ne réveille rien non plus. Une demi-semaine après la Journée de l’Indépendance, la lutte pour la liberté et l’indépendance d’un autre peuple est perçue comme une terreur meurtrière et dénuée de raison.

Même la tentative désespérée d’empêcher le début de la famine est perçu comme de l’avidité ; l’effort de transmettre quelque peu l’apparence d’un jour férié dans le mois le plus saint de l’année est dépeint comme de l’extorsion. Voilà comment le lavage des cerveaux atteint son niveau le plus bas et que personne ne proteste. […]