9 avril 2018 : Après l’abandon du projet d’aéroport, des milliers de gendarmes débarquent sur la ZAD pour tenter de réduire à néant cette zone bretonne délivrée de l’autorité de l’État français et de ses forces d’occupation. Après une première journée d’affrontement difficile pour les zadistes, les appels à converger sur place résonnent au-delà des frontières. Dès le second jour de combats, les forces de l’ordre font face à une résistance bien supérieure aux anticipations de l’État. Les barricades se relèvent sans cesse, toutes les générations viennent participer à la défense du bocage, des charges de blindés sont repoussées par des usages massifs de cocktails Molotov. Après plusieurs semaines d’affrontement, l’opération policière doit s’arrêter sans avoir réussi à faire disparaître la ZAD.

19 avril 2000 : Une bombe explose au McDonald de Quévert, elle emporte avec elle la vie de Laurence Turbec, une jeune bretonne de 27 ans. Malgré l’absence de revendication, les médias accusent immédiatement l’ARB de la responsabilité de l’attentat car l’explosif utilisé vient de l’entreprise Titanite, cambriolée en septembre 1999 par ETA et l’ARB. Sept tonnes d’explosifs avaient alors disparues dans la nature. Arrestations, GAV, prisons préventives allant jusqu’à quatre ans derrière les barreaux sans procès font suite à l’attentat. Au final, l’ensemble des inculpés sont innocentés, notamment car le dispositif de mise à feu de l’explosif ne correspond absolument pas au matériel utilisé par l’ARB, qui a d’ailleurs nié son implication. Cet épisode vient néanmoins mettre fin aux activités de ce groupe qui avait ravivé les actions de propagande armée en Bretagne dans les années 1990.

Avril 1986 : Emgann commente dans son journal l’énième déroute électorale subie par les formations institutionnelles bretonnes de droite et de gauche, POBL et UDB, lors des élections législatives de mars. La critique y invite à se déconnecter des partis français et de la logique électorale pour construire un mouvement d’émancipation autonome en Bretagne : « les mouvements politiques bretons représentés n’ont pas été capables d’assurer réellement un travail politique suffisant hors élection et de créer un véritable courant politique indépendant des forces politiques françaises. Ceci explique la facilité qu’a eue le PSF [parti socialiste français], en particulier, à récupérer des grands thèmes développés par certains partis bretons depuis des années. Ceci explique aussi le terrain propice que constitue la Bretagne pour le « vote utile ». Ceci nous démontre aussi que pour développer un véritable courant politique breton progressiste doté d’une réelle force électorale, il est indispensable de se démarquer fortement de toutes les composantes politiques françaises en axant nos objectifs et notre travail sur la libération nationale et sociale devant permettre la création d’une Bretagne libre et socialiste ».

24 avril 1982: Action du SPV et de l’UDB lors de la venue du prince Philip d’Edimbourg à Saint-Nazaire pour célébrer l’opération chariot de mars 1942. Une banderole est déployée contre l’impérialisme britannique et en soutien aux luttes des prisonniers politiques irlandais. Un an auparavant, le plus célèbre des grévistes de la faim incarcéré en Irlande, Bobby Sands, avait trouvé la mort dans la prison de Maze en Irlande du Nord, après une grève de 66 jours. Son portait est brandi face au prince, la police intervient pour arracher de force l’image au visage souriant du militant irlandais et disperser le comité d’accueil breton.

12 avril 1972 : Un attentat à Rothéneuf près de Saint Malo fait beaucoup de bruit dans la presse française et internationale: la villa de Francis Bouygues, super patron de la grande boite du même nom, vient d’être détruire par explosif. En cette époque où les bombes du FLB font sans cesse l’actualité en Bretagne, tous les esprits et les paroles officielles placent les groupes clandestins bretons comme responsables de cette action. Bien des années plus tard néanmoins, la police politique française reconnaît sa responsabilité dans cette action, d’ailleurs concertée avec le propriétaire de la villa lui-même. Le 14 février 1999 dans Le Télégramme, un ancien chef de la DST de Rennes et ex-patron du contre-espionnage en Algérie, le commissaire divisionnaire Jean Baklouti, reconnaît : “Oui, Saint-Malo, c’est nous, ça, c’est vrai”. Le but de l’opération était simple, infiltrer les réseaux clandestins bretons via de faux attentats.

6 avril 1972 : À Saint-Brieuc, les ouvriers du Joint français, une fabrique de joints pour l’automobile et l’aéronautique, mènent depuis le 13 mars une grève sans concessions pour l’amélioration de leurs conditions de travail. Une solidarité bretonne et inter-classes populaires donnent une force considérable au mouvement. Des films de soutien se diffusent partout en Bretagne pour alimenter une caisse de grève, le monde paysan se mobilise pour apporter de la nourriture aux grévistes, les manifestations à Saint-Brieuc rassemblent des milliers de personnes. Face à l’intransigeance de la direction, les ouvriers décident de retenir en otage les trois directeurs de l’entreprise qui tentent de négocier la fin de la révolte à moindre prix. Les forces de l’ordre interviennent pour libérer les patrons. Des troupes de maintien de l’ordre du secteurs arrivent en première ligne, deux amis d’enfance s’y retrouvent face à face : Guy Burniaux, ouvrier, et Jean-Yvon Antignac, CRS. La photo de l’explication musclée entre les anciens amis fait le tour de la presse, elle devient le symbole de la révolte des classes populaires bretonnes de cette période.