« Alors qu’Israël est (encore) mis en cause par une commission de l’ONU pour de possibles crimes de guerre à Gaza, nous avons décidé d’éclairer notre position vis-à-vis de la situation israélienne. En effet, l’armée israélienne a tiré sur des manifestants palestiniens majoritairement pacifiques, dont des enfants et les services de secours aux blessés. Israël a encore été le pays le plus condamné en 2018 par l’ONU.

    • En Occident, la condamnation d’Israël et le soutien à la Palestine sont traditionnellement portés par une majorité d’entités politiques dites d’extrême-gauche (l’extrême-gauche est un terme fourre-tout et infamant des infâmes médias qui entretient la confusion et l’amalgame entre des courants inconciliables).

Des représentant-e-s du communisme autoritaire (Parti communiste, Nouveau Parti Anticapitaliste, Maoïstes) à la nébuleuse anti-fa et/ou anarchiste, le message est clair : Israël est un État illégitime et la Palestine doit être rendue aux Palestinien-ne-s. Prisme nationaliste.
Ces prises de position se traduisent par le boycott de produits et d’événements en Israël – Act Up par exemple, cette année, a décidé de boycotter l’Eurovision en Israël, les accusant de Pink-Washing (acte de se donner une bonne conscience auprès de la communauté LGBT) – et des actions de solidarité avec les Palestiniens.

Depuis sa création, Israël est continuellement sous le feu de la critique internationale. Seul le soutien d’une partie de l’Occident lui a permis de se consolider et de s’affirmer en tant que puissance économique et militaire. La fondation de l’État d’Israël et la situation en Palestine sont-elles si particulières pour canaliser autant les critiques de la communauté internationale et de « l’extrême-gauche » ? Nous ne croyons pas. L’invasion puis l’acculturation du Tibet par la Chine, la politique anglaise en Irlande depuis sa conquête, la gestion de milliers d’ethnies, de minorités à travers le monde, l’appropriation de terres, de territoires par des sociétés guerrières et bellicistes sont dans notre histoire passée et moderne des banalités. Les crimes de guerre au Congo ou au Yémen en ce moment même n’émeuvent pas autant que le sort des Palestiniens et n’entraînent pas la même réaction chez nos contemporains gauchistes.

Pourquoi ? Parce que l’opinion est instrumentalisée de manière à servir les intérêts des États. Israël (comme l’Iran chiite par exemple) est finalement très seul sur la scène politique faisant face à la majorité du monde musulman (sunnite) et n’est soutenu majoritairement que par les États-Unis de Trump. Les autres pays ne peuvent se permettre par intérêt stratégique de condamner avec la même force l’Arabie saoudite, la Russie, les États-Unis, la Chine ou l’Inde pour leurs crimes de guerre. Il y a une bien plus forte communication sur la situation israélienne que sur les autres situations similaires. C’est l’occasion pour des mouvements appartenant au communisme révolutionnaire de surfer stratégiquement sur cette « cause » pour recruter dans les milieux Arabo-musulmans.

  • Nous ne souhaitons pas opposer les peuples entre eux,
    • nous ne sommes pas plus favorables à un État palestinien qu’à un État israélien.

Les Israélien-ne-s ne sont pas complices des crimes de l’État et de l’armée au même titre que les Palestinien-ne-s ne sont pas à amalgamer au Hamas et à ses crimes. Une dissolution d’Israël provoquerait un nouvel exil, un nouveau drame humain séculaire pour l’ensemble des habitants du pays. Cette guerre profite encore aux capitalistes : aux spéculateurs immobiliers, à l’armée et aux pourvoyeurs d’armes. Au final, Israéliens et Palestiniens payent les choix des sphères politico-économiques avides de pouvoir, aux services de l’obscurantisme nationaliste et religieux pour invisibiliser la guerre de classes.

 

Nous condamnons le racisme, le colonialisme, le nationalisme, le militarisme et l’État israélien au même titre que tous les autres États ; la création de l’État d’Israël n’est pas plus légitime que celle des autres États. Tous les États sont illégitimes, ils n’affirment leur légitimité que par la force de leurs armées, la violence de leur coercition et les idéologies nationales mortifères. »