On ne peut pas se prétendre anarchiste. C’est une position de pouvoir que de se définir comme celà. On ne peut que répandre l’anarchie. On ne représente que nous même et pas les idées qui nous inspirent. On ne peut que les diffuser à notre échelle avec nos armes, avec la force des existences qui nous composent. Et on tente d’agrémenter tout ça d’une perspective non autoritaire. D’une volonté de ne pas reproduire le vieux monde et ses notables, ses patriarches, ses patrons et de tout ces larbins qui usent et abusent du peu de pouvoir qu’on leur a laissé.

Et puis dans le réel on se retrouve bloqué par la mise en place de nos idées. D’abord par nous même, par notre égo, par nos troubles, par nos humeurs.. Apprendre à laisser sa place, laisser les autres parler, surtout cette personne qui prends la parole tout le temps pour ne rien dire d’intéressant, mais on peut pas lui dire de la fermer, alors on essaye de tirer du bon d’elle, de tirer des propositions ou des conclusions de sa bouche. Rarement avec du succès. Mais parfois on apprends des choses, on se remet en question, on vire des présupposés, des préjugés, des postulats, ou on les nuance.

Chercher à être un facilitateur, un gestionnaire, un traducteur, un transmetteur, qui n’ait pas une position d’autorité. Et puis on se fait bouffer par l’autoritarisme d’autrui. On se fait bouffer par les personnes qui croient avoir raison, qui ne se remettront pas en question, qui vont juste nourir leurs égos. Du balais pour la bienveillance, nos espaces d’échanges deviennent des champs de guerre. On finit par gaspiller notre temps, notre energie, à comploter contre l’autre, que l’on soit à l’origine d’un abus d’autorité ou victime. On recherche une domination, une autorité sur ces situations, sans laisser couler, sans mettre ça derrière soi, sans avancer.

Parfois faut pas se questionner. On va pas brider la lutte contre une personne commetant des viols et des aggressions par esprit libertaire, à chercher à ce que la sentence collective ne soit pas trop dure parce qu’on ne veut pas être trop autoritaire. ça n’a pas de sens de se ranger du coté du patriarcat, de la culture du viol pour notre égo libertaire. De laisser des personnes dangereuse avec une simple remontrance, errer librement dans les espaces que nous fréquentons et la laisser à nouveau agir par peur d’injustice.

On est au pied du mur, on est pas dans une bulle magique de bienveillance respectueuse. T’as le vieux monde et ses valeurs qui frappent à la porte de nos réunions d’être. Ca vient de nous même et de tout ce que l’on porte. Que l’on a pas déconstruit de notre éducation, de notre socialisation, ou que l’on a construit par l’amertume du temps. Ca vient de toutes les oppressions que le système entretient.

On est condamnés à érrer, à mettre nos idéaux de coté pour pas être en réaction de la réalité qui se passe sous nos yeux. Et finir aveuglé par notre propre égo qui nous foutra en l’air, à assister à d’autres égos qui détruisent des energies collectives, des luttes, des combats. Reste à ta place, tu n’es qu’une poussière à l’échelle du monde, même si le culte présent est celui de l’individu et de ses possessions.

Sur un bateau qui n’a toujours pas bougé du port, en toute autonomie – 2019