En ce moment, une nonantaine de personnes bloquent le chantier de la maxi-prison de Haren. Elles s’opposent à la construction d’une nouvelle prison et à la politique carcérale en place. Elles exigent l’arrêt immédiat des travaux.

Aux alentours de 6h du matin, une septantaine de personnes sont arrivées sur le terrain du Keelbeek, au nord du Bruxelles pour stopper le chantier de la maxi-prison. Six points de blocage ont été installés, et des banderoles étendues où nous pouvons lire entre autres « Stop MaxiPrison. Ni ici, Ni ailleurs ! ».

« Nous ne voulons pas de cette prison, ni Haren, ni ailleurs. La prison n’est pas une solution, elle détruit les personnes détenues et est un rouage essentiel dans le système de discrimination d’une population racisée et précarisée. Même par rapport aux objectifs que le ministère de la justice donne au système carcéral, celui-ci n’en remplit aucun. Il n’y a qu’à regarder les 57% de récidive » déclare Jo. En effet, l’action Stop Maxi-Prison Now ! prône la fin du système carcéral et dénonce les fausses promesses du Ministre de la Justice qui se vante de la diminution du nombre de détenus. Il est démontré qu’une augmentation du nombre de places dans la prison entraîne simplement une augmentation du nombre d’incarcérations et ne résout en rien la surpopulation. La Belgique s’obstine dans la voie carcérale alors qu’elle est destructrice et qu’il existe des voies alternatives, mais les représentants politiques refusent le changement.

Ce blocage a lieu alors que les travaux, prévus pour la fin avril, ont été entamés fin janvier. Cette avancée d’agenda est un passage en force. En effet, la première auditrice du Conseil d’État a dernièrement rendu un avis favorable à l’annulation des permis d’urbanisme et d’environnement, face à cette décision les constructeurs pressent le bétonnage du terrain du Keelbeek et tentent de devancer la décision finale du Conseil d’État. Il s’agit d’un flagrant déni de démocratie, comme cela a été le cas tout au long du dossier (enquête publique non considérée, contrats non publiés, …). Aussi, les bloqueurs et bloqueuses dénoncent ce passage en force passé sous silence : « Si même la justice n’arrête pas de tels projets non démocratiques, que reste-t-il à part nos corps ? ».

De plus, en construisant la maxi-prison de Haren, l’État belge condamne plus de 19 hectares de terres arables et supprime le dernier poumon vert du nord de la capitale. Alors que des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour la justice climatique, que les représentants politiques simulent « agir pour le climat », nous assistons toujours à un bétonnage intensif de centaines d’hectares, cela montre l’incohérence entre les discours et les actes des politiciens.

Enfin,les bloqueuses et bloqueurs dénoncent le partenariat public-privé à la base du projet de construction : l’État paye des milliards d’euro à des entreprises privées pour construire une prison alors que dans le même temps, il coupe d’importants subsides pour la justice, les alternatives à l’emprisonnement et les droits sociaux.

Camille, une des personnes présentes sur le blocage : « On ne veut plus de ce système qui s’obstine dans des voies politiques destructrices de l’environnement, de l’humain et de la démocratie ! On restera enchaîné aux grilles du chantier tant qu’ils n’auront pas abandonné ce projet dégueulasse ! »

Face à ce projet désastreux, des personnes s’organisent et luttent. Quand l’État s’entête à mener des projets destructeurs et que, ni les politiques ni la Justice ne peuvent garantir nos droits, ces personnes reprennent un pouvoir d’action et sont déterminés à faire entendre leur résistance.