Nous sommes dans l’illusion quand nous croyons qu’aussi bien l’étranger, l’irrégulier, le pauvre et celui/celle qui a moins est l’ennemi de notre sécurité, nous sommes dans l’illusion quand nous croyons que riches et puissants qui nous ont tout pris puissent veiller sur les miettes qu’ils nous restent. Les récentes lois confirment et aggravent ce que nous savions déjà : l’Etat nous observe, car quand il n’a plus rien à offrir n’importe qui peut devenir dangereux. Il n’y a plus de temps si ce n’est d’ouvrir les yeux, il est temps, le cas échéant, de prendre position et de s’opposer à tout cela.

Qui le fait, qui l’a fait, se trouve toujours plus fréquemment face au risque de se voir infliger par l’Etat la mesure de la surveillance spéciale. En nous considérant comme socialement dangereux, un juge redressera notre vie, décidant des horaires auxquelles rester à la maison ou sortir, qui fréquenter, les lieux à éviter, nous obligeant à trouver un travail et un domicile fixe.

Antonio, notre compagnon, affronte aujourd’hui cette mesure pour son engagement dans la lutte contre le monde surveillé et c’est pourquoi ce même monde lui a réservé une place spéciale parmi les surveillés.

Antonio libre !

Notes du/de la traducteur-rice (Bien que je ne me reconnaisse dans aucune des catégories du genre : « masculin » ou « féminin », je fais ici le choix de les mettre en avant non pas par plaisir de reproduire leur binarité mais parce il n’existe pas de mot neutre du point de vue du genre : faire le choix d’écrire uniquement « traducteur » ou « traductrice » s’est également m’enfermer dans des cages que j’exècre ; que crève le genre…) :  

*acronyme de Diviento di Accedere alle manifestazioni SPOrtive (interdiction d’accéder aux manifestations sportives) ; en gros une mesure législative anti-hooligans

Traduction de Round Robin ; on peut trouver l’affiche en italien ici :

https://roundrobin.info/2018/12/sorveglianza-speciale-manifesto-in-solidarieta-ad-antonio/

NB : La particularité de cette mesure est qu’elle est préventive. Déjà appliquée depuis 4 mois à Antonio, elle pourrait durer 2 ans (selon le bon vouloir de la justice) et créer un précèdent judiciaire qui, cela va sans dire, pourrait bientôt toucher toutes celles et tous ceux qui font le choix (ou sont contraints) d’arpenter des sentiers inconnus (et/ou dangereux) quand la société dans son ensemble appelle à ne jamais s’écarter de sentiers battus et rebattus. Si cette mesure répressive a vocation à s’appliquer sur le territoire contrôlé par l’Etat italien, la domination, lorsqu’il s’agit de mieux étendre son pouvoir sur la vie de tout un chacun, n’a pas de frontières. Et ce à l’heure où l’Etat français a intégré les « mesures exceptionnelles » de l’Etat d’urgence dans le droit commun : assignations à un « périmètre géographique », perquisitions à des fins préventives, surveillance des communications etc. sur simple décision administrative (et non judicaire) ainsi qu’élargissement des contrôles dans les zones frontalières (avec un périmètre contrôlable englobant désormais près de 2/3 de la population française).

Qu’elles soient « curatives » ou « préventives », réelles ou alternatives, en or ou en acier, les cages ne sont belles que lorsqu’elles brûlent…