Michel maffesoli, chantre du post-modernisme
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Une œuvre aussi prolifique que celle de Michel Maffesoli comporte forcément des ouvrages de différents types. Des livres qui lui permettent de développer sa pensée, livres parfois difficiles, ainsi, La Violence totalitaire (1978), ou encore son livre phare, Le Temps des tribus, le déclin de l’individualisme dans les sociétés de masse (1988), constamment réédité depuis trente ans et enfin, dans un registre épistémologique, La connaissance ordinaire (1985) ou philosophique, La parole du silence (2014). Des livres dans lesquels il va enrichir les précédents, les imager, ainsi Le Nomadisme, Le Réenchantement du monde, La Raison sensible, L’Ordre des choses. Enfin, émaillant cette production régulière, des livres plus courts et plus abordables, synthétisent, concrétisent, imagent les contenus des premiers. Être postmoderne appartient à cette catégorie, comme La France étroite ou Les Nouveaux Bienpensants.
Une sociologie de l’imaginaire
La notion même de « postmodernité », ainsi que l’auteur le dit dans son prologue fait peur : « Rejet de ce qui est inquiétant et donc considéré comme dangereux. . . une peur névrotique anime l’establishment vis-à-vis de ces caractéristiques (de la postmodernité) – tribalisme, nomadisme, hédonisme… » Maffesoli s’emploie à décrire le monde tel qu’il est (et non pas tel qu’on voudrait le voir) et le terme même de postmodernité tel qu’il l’emploie est en quelque sorte « neutre ». Une sorte de coquille vide qu’il s’emploie, livre après livre à remplir, orner, rendre vivante à partir d’une observation intuitive de la vie sociale qu’il pratique en « sociologue voyeur » au grand dam des comptables de tous poils. A la suite de son maitre Gilbert Durand, Michel Maffesoli s’inscrit dans la sociologie de l’imaginaire, une sociologie qui s’attache non pas à trouver les déterminants socio-économiques des comportements individuels, mais à comprendre le climat d’une époque, l’activité symbolique des sociétés humaines, ce qui lie les hommes entre eux et non pas ce qui les distingue.
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La postmodernité est donc tout simplement l’époque qui succède à la modernité et dont l’imaginaire (les symboles, les valeurs qui structurent la vie collective) rompt avec le rationalisme, le productivisme, le désenchantement du monde, bref un culte du progrès et un vivre-ensemble fondé uniquement sur le contrat social passé entre des individus autonomes. Maffesoli insiste beaucoup sur l’emploi du terme « postmodernité » par rapport à tous ceux qui parlent de « deuxième modernité, modernité seconde, hypermodernité… ». En effet, la caractéristique essentielle de la postmodernité est qu’elle rompt avec la modernité, que de nouvelles valeurs émergent, remplaçant peu à peu les valeurs saturées de la modernité. Parler de modernité seconde est tout simplement dénier ce changement d’époque, cette mutation.
La fin des liquidations
Être postmoderne reprend de manière pourrait-on dire systématique les grandes caractéristiques de l’imaginaire contemporain : la fin du tiers exclu c’est à dire le fait que chaque individualité, au-lieu d’être assignée à une identité unique et stable, peut être une figure et son contraire. C’est la prégnance de cette figure de style réservée à la poésie, l’oxymore. Car Michel Maffesoli aime les mots – certains diraient précieux – , on pourrait dire plutôt imagés, des mots symboles, des mots qui ont, tel que le dit Gilbert Durand, une vertu opérative plutôt qu’opérationnelle. « Juvenoïa » pour dire ce que d’autres disent de manière triviale et péjorative, « jeunisme » ; « métapolitique » pour montrer non pas la fin du politique, mais une autre manière de réguler le vivre-ensemble ; « sacral » pour évoquer l’efflorescence de religiosités non dogmatiques, mais agrégeantes ; pour dire la fin de l’individualisme (le sujet enfermé dans son identité) il a utilisé la métaphore « Tribu », et là il dit simplement « Nous ». Quand ce qui me définit, à un instant t, c’est mon appartenance à un groupe. De manière qui sans doute amènera beaucoup de critiques, il montre comment notre époque retrouve un enracinement, comment c’en est fini « du passé faisons table rase ». Retrouver la force de la tradition, de l’initiation, du naturalisme, n’est-ce pas ce qui caractérise les jeunes générations ? Est-ce alors de la pure pédanterie que de décrire l’épistémè postmoderne comme « épinoïaque » plutôt que paranoïaque ?
Retrouver la force de la tradition, de l’initiation, du naturalisme, n’est-ce pas ce qui caractérise les jeunes générations ?
Cela pourrait être considéré comme tel s’il n’y avait pas chez Maffesoli dans son utilisation des images (les métaphores), mais aussi dans son détournement des concepts, ou tout simplement des mots, un réel souci symbolique. Un souci symbolique au sens de l’appréhension totale d’un réel qu’il comprend comme une réalité augmentée de la part de rêve, d’imaginaire, de fantasmagorie qui constitue l’humaine condition.
« Enracinement dynamique » contre Progrès
Cela fait maintenant quarante ans que cet auteur qui ne se définit ni comme sociologue, ni comme philosophe et qui revendique sans fausse modestie le qualificatif de « penseur » ou parfois plus ironiquement celui de « voyeur sociétal » nous livre une efflorescence des « mots les plus justes possibles pour décrire le climat de l’époque ». Critiqué, moqué souvent par l’establishment, tant pour cette remise en cause de la doxa moderne, l’individualisme versus les identifications multiples, l’enracinement dynamique versus le progressisme mais aussi le conservatisme, le contrat social et le républicanisme versus l’idéal communautaire, la tribu, le nomadisme, la paranoïa versus l’épinoïa, Maffesoli voit maintenant reprises nombre des notions qu’il a imaginées : le succès du mot « tribu » et de la description des tribalismes postmodernes est évident au-delà du seul cercle du marketing. Le nomadisme touche plus de deux millions de jeunes Français qui partent à l’étranger pendant que le phénomène migratoire à l’échelle mondiale devient une constante irréfragable ; sans parler de la reprise des notions d’enracinement dynamique, d’instant éternel et autres oxymores forgés comme autant d’outils de compréhension de l’actuel et du quotidien.
C’est cette pertinence dans l’analyse de l’actuel qu’a voulu mettre en lumière Hélène Strohl dans sa postface : Emmanuel Macron, icône ou fake de la postmodernité. Simple illustration de la force et de la vigueur des notions déployées par Michel Maffesoli, celle-ci ajoute un peu de légèreté à un ouvrage certes d’abord facile, mais malgré tout pensé en profondeur.
Il a appelé à voter LREM
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C’est donc l’ami de Macron
« L’Incorrect », un nouveau mensuel qui veut faire la passerelle entre les droites
Jacques de Guillebon le jure : « Marion n’est pour rien dans cette entreprise. Ni au début, ni au milieu, ni à la fin. » Non, l’ancienne députée de Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen, qui s’est mise provisoirement en retrait de la vie politique, à 27 ans, n’a rien à voir avec le lancement de la revue L’Incorrect, qui sort en kiosques le 7 septembre. Même si le directeur de la rédaction, Jacques de Guillebon, donc, un essayiste qui se revendique catholique traditionaliste, est un de ses amis, l’a conseillée bénévolement et a écrit à l’occasion certains de ses discours. Et que le directeur de la communication de ce nouveau mensuel, Arnaud Stephan, a été l’attaché parlementaire et le bras droit de la petite fille de Jean-Marie Le Pen ces cinq dernières années.
L’Incorrect poursuit néanmoins le même objectif que la jeune retraitée de la politique : jeter des ponts entre les différentes familles de la droite et faire de ce magazine d’environ 80 pages, à la maquette léchée, qui doit être tiré à 10 000 exemplaires pour son premier numéro, une « maison commune », selon l’expression d’Arnaud Stephan. « On a voulu, et parfois réussi, à nous séparer en plusieurs camps. Désuète manœuvre, qui a fait son temps », écrit Jacques de Guillebon dans son éditorial. La revue « est une rencontre entre des gens de droite classique fillonistes et des marionistes, une passerelle entre des droites divisées depuis longtemps », nous assure-t-il, revendiquant « une volonté de trouver autre chose que Valeurs actuelles ou Le Figaro« .
Meeschaert et Beigbeder en bailleurs de fonds
Les principaux bailleurs de fond du projet sont deux entrepreneurs : Laurent Meeschaert, un membre de l’Avant-Garde, le think tank de Charles Millon, qui a appelé à voter pour Marine Le Pen au second tour de la présidentielle et occupe le poste de directeur de la publication de L’Incorrect ; et Charles Beigbeder, longtemps membre de la direction de l’UMP, qui appartient lui aussi à l’Avant-Garde, et a pris ces derniers mois un virage moins libéral et plus identitaire.
Le projet s’inscrit dans la vague des revues antilibérales et conservatrices, telles que Philitt, Limite ou Raskar Kapac, au ton volontiers intellectuel, avec une large part de ses pages accordée à la culture. Mais il vise, au vu du degré d’aboutissement de ce premier numéro, une audience plus large.
Dans ce spectre de la droite, L’Incorrect penche pour l’instant plus du côté de la droite extrême. L’ancien chef de file de Génération identitaire, Damien Rieu, ex-collaborateur de Marion Maréchal-Le Pen au conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, aujourd’hui directeur de la communication de la mairie frontiste de Beaucaire (Gard), signe dans ce numéro un reportage « embedded » (et sans grande distance) avec les identitaires de la mission « Defend Europe », qui s’était fixée pour objectif pendant l’été de perturber le travail des ONG venant en aide aux migrants en Méditerranée.
De nombreux soutiens de Marine Le Pen
La revue propose aussi une interview d’un des chanteurs préférés de la « droite nationale », Jean-Pax Méfret, le « chanteur de l’Occident », un nostalgique de l’Algérie française. Ou encore une analyse au vitriol sur la situation politique du Front national, signée par le journaliste Bruno Larebière, contributeur régulier de Minute.
Certaines signatures de L’Incorrect ont par ailleurs un engagement auprès de Marine Le Pen (comme Gabriel Robin, cadre du collectif culture du FN) ou ont rencontré la patronne du Front national pendant la campagne présidentielle (comme les philosophes Thibaud Collin, Bérénice Levet et Vincent Coussedière).
« Une poursuite du marionisme par d’autres moyens »
Mais la ligne de la revue ne colle clairement pas à celle que porte la députée du Pas-de-Calais, souverainiste et articulée autour du « ni droite ni gauche ». En conclusion de son éditorial, Jacques de Guillebon écrit : « Quelqu’un l’a dit : « La stratégie victorieuse réside dans l’alliance de la bourgeoisie conservatrice et des classes populaires (…). La droite traditionnelle et les classes populaires ont un souci commun, celui de leur identité (…). A partir de ce constat, on peut imaginer des passerelles pour les rassembler et apporter des réponses en commun. »
L’identité de ce « quelqu’un » n’est pas précisée, mais ce n’est autre que Marion Maréchal-Le Pen, qui a livré ces considérations dans son « testament politique » publié par Valeurs actuelles, en mai. Comme le note un bon connaisseur de l’extrême droite, la revue présente clairement des airs de « poursuite du marionisme par d’autres moyens, sans être frontiste ». Utile quand on n’a pas abandonné l’idée de revenir dans le jeu politique.
http://droites-extremes.blog.lemonde.fr/2017/09/01/lincorrect-un-nouveau-mensuel-qui-veut-faire-la-passerelle-entre-les-droites/
Donc un magazine d’extrême – droite publie un article qui vante le pape français du post-modernisme. Guguss qui appelle à voter à droite
Les articles sur le post-modernisme de « mignon chaton » sont ils de droite ou d’extrême-droite ?
ça serait pas plutôt un fake pour en réalité dénigrer « mignon chaton » ?
voir plutôt :
https://nantes.indymedia.org/articles/43909
et
https://mignonchatonblog.wordpress.com/2016/07/23/la-question-des-premiers-concernes/
Les articles de cette revue n’ont rien à faire ici. Le publier ne peut être qu’une volonté de trollage.