Tout travailleur peut se rendre compte que ces belles promesses sont tenues depuis son élection… mais à l’avantage de qui ? Destruction aggravée du droit du travail et attaque massive sur les protections sociales, cadeaux fiscaux pour les riches investisseurs, fin de la « démocratie » parlementaire, restrictions des libertés publiques, durcissement de l’appareil policier, dérégulation de la construction immobilière, intensification de la chasse aux travailleurs sans-papiers… Sans grande surprise, les exploiteurs sont gâtés par ce gouvernement en raclant le fond de nos poches.

En réalité, nous le voyons bien, Macron : c’est tout changer pour que rien ne change. Il est le continuateur de politiques préparées et appliquées depuis maintenant plus de trente ans (y compris à l’échelle internationale) : tous les gouvernements qui se sont succédés depuis ont participé à ouvrir les grandes décisions de l’économie à la communauté mondiale des actionnaires, à diminuer globalement le salaire et à restreindre nos droits. Mais voilà, malgré la pauvreté et la dureté de l’exploitation qui nous frappent toujours plus, le salaire est toujours considéré comme trop elevé en comparaison des standards internationaux. Afin de maintenir un taux de profit suffisant pour les capitalistes, il faut toujours plus de « réformes », et en France, ces réformes prennent du retard. Pour accélérer la mise en place de ce grand dépouillage, des changements de méthodes s’imposent.

Macron représente une tentative d’unification de la bourgeoisie dans ce pays : elle n’a plus besoin des apparences de la démocratie et des contradictions que porte le prétendu « clivage gauche-droite ». L’approche administrative contraignante des politiciens « à l’ancienne » – qui sont tout autant favorables à notre exploitation – est un frein aux nouvelles exigences du Capital, désormais, un banquier fait l’affaire. C’est pourquoi les ordonnances (pleins pouvoirs au Président), sont utilisées pour faire passer les lois les plus violentes. Ce renouveau dont on nous vante les mérites sert à nous tromper, à nous faire croire qu’un changement en notre faveur peut avoir lieu dans ces conditions, comme si le problème était uniquement dû à des partis politiques vieillissants. Alors que non seulement la vieille démocratie, déjà entamée par Hollande, est balayée par Macron, l’appareil policier et judiciaire est également directement soumis au pouvoir exécutif : l’état d’urgence est désormais permanent (perquisitions et assignations à domicile décidées par les préfets), sous couvert de lutte antiterroriste.

Ne nous y trompons pas : le projet social que porte ce changement n’est pas autre chose que celui de nous faire produire et consommer sans aucune liberté publique, comme c’est déjà le cas dans un certain nombre de pays. C’est d’ailleurs une position qui est assumée par Macron et sa clique. Car lorsque les beaux discours et mensonges ne suffisent plus, que leurs « explications » ne sont pas convaincantes, que nous « n’avons pas compris » qu’ils faisaient ça pour notre bien, et que nous décidons de ne plus nous laisser faire : ils n’hésitent pas à montrer les crocs et à nous cracher dessus. Les invectives, les menaces, les phrases méprisantes et insultantes de Macron à l’égard de la condition ouvrière sont aussi le symbole d’une bourgeoisie vandale qui s’assume, et qui se montre débarrassée des apparences du compromis social, désormais bien enterré.

Malgré le contexte de ce pays et les attaques que nous subissons actuellement, nous ne devrions pas oublier que Macron n’est que l’homme d’une situation : celle d’une société capitaliste qui a besoin de faire la guerre à l’humanité pour survivre. Remplacer un président n’y changera rien. Les négociateurs professionnels que sont les syndicats, les partis, les associations « citoyennes » veulent nos votes pour rester gestionnaires de notre exploitation. Le véritable changement n’aura lieu que lorsque nous déciderons collectivement de prendre les choses en mains : c’est-à-dire de nous organiser nous-mêmes sur nos lieux de travail, en refusant d’être séparés entre professions, public et privé, CDD et CDI, travailleurs, chômeurs, étudiants et retraités, nationaux et étrangers, croyants et non-croyants… C’est nous organiser à partir de notre position dans la société capitaliste, celle de producteurs aliénés à la marchandise, dans le but non pas de taxer les capitalistes, mais d’établir une société débarrassée de l’exploitation, de l’argent et du profit. Une société qui saura garantir la satisfaction des besoins de l’humanité dans son ensemble, où les décisions seront prises collectivement, et où la liberté de chacun augmentera la liberté de tous les autres.