Des hommes [3] qui revendiquent leur « droit de père » lors des séparations conjugales, à ceux qui se lamentent face à la prétendue disparition de leur autorité paternelle comme fondement de leur masculinité, en passant par d’autres, qui luttent pour imposer l’idée qu’un homme violent avec sa conjointe peut toujours être un bon père pour ses enfants : la figure du père bafoué est utilisée comme symbole de leur oppression.

Mais ce discours sur le “besoin de père” ne se limite pas aux groupes masculinistes organisés. Récemment, il a été relayé par les mouvements réactionnaires hostiles aux droits des personnes LGBTQIA+ [4], et notamment, par la dernière campagne de la Manif Pour Tous « Pas de PMA sans père », pour qui : « priver sciemment l’enfant de père serait une violence faite à l’enfant [5] » et blesserait « très gravement notre humanité [6].

Aussi, on retrouve régulièrement cette thématique dans les domaines du travail social et de l’éducation, notamment pour expliquer et-ou contenir le comportement déviant des enfants. Au-delà, la prétendue nécessité d’une figure masculine dans l’éducation des enfants fait partie d’un sens commun sexiste et hétéronormé partagé largement. Ainsi, le Comité consultatif national d’éthique qui s’est pourtant déclaré favorable à l’ouverture de la PMA pour les couples de lesbiennes et les femmes seules à deux reprises s’inquiète dans son avis : « en particulier sur les conséquences pour l’enfant d’une institutionnalisation de l’absence de père, donc de l’absence de l’altérité “masculin-féminin” dans la diversité de sa construction psychique [7]. »

Ici, nous nommerons discours sur le “besoin de père” l’ensemble des arguments masculinistes et sexistes selon lesquels la présence d’un référent masculin est indispensable à l’éducation des enfants.

Voici quelques éléments qui permettront de déconstruire cette idée d’un point de vue féministe.

Genèse des discours masculinistes sur les pères.

L’argument du besoin de père dans les discours masculinistes est mobilisé en réaction aux luttes et revendications féministes autour des modèles familiaux et des droits des femmes et des enfants.

De façon schématique on peut considérer qu’en France, au début du 20ème siècle, la norme dominante était que les enfants appartenaient à leur père. Les pères mariés disposaient, par la loi, de l’autorité parentale (appelée « autorité paternelle », celle du pater familias), et le soin, la prise en charge matérielle, étaient imposées aux mères et aux femmes en général. En cas de séparation, dans un couple hétérosexuel marié, la garde des enfants était confiée au père ou à sa lignée, et il était libre de confier l’enfant à d’autres femmes, ou de l’abandonner, en fonction du principe selon lequel les enfants sont la propriété des pères.

Au cours des années 1970-1980, les mouvements féministes ont entraîné un certain nombre de transformations autour du divorce, de la garde des enfants et du statut des femmes dans la société. Il a notamment été reconnu à certaines femmes [8] la possibilité de garder des enfants en cas de divorce, lors d’un consensus entre les parents, l’exercice de l’autorité parentale de fait pour les parents gardiens (donc le plus souvent les femmes), et la mise en place de pensions alimentaires.

Toutefois, le backlash antiféministe des années 1990-2000 va contester l’ensemble de ces luttes et de ces conquêtes. Les revendications masculinistes, portée par des associations de défense des hommes séparés [9], cherchent alors à restaurer le « pouvoir du père » en défendant l’idée que les pères sont discriminés par la loi et victimes des femmes pour la garde des enfants, qu’ils apportent une contribution spécifique et indispensable pour les enfants, et que le statut social des hommes en tant que pères est un élément essentiel à l’équilibre de la structure sociale [10].

En France, les années 1990/2000 voient aussi l’émergence de luttes pour les droits des enfants, qui va notamment visibiliser l’ampleur des violences intrafamiliales et de l’inceste. Le Collectif Féministe Contre le Viol créé en 1985 va insister notamment sur la nécessité de protéger les enfants en leur reconnaissant des droits. Le lien s’opère alors entre l’ensemble des violences intrafamiliales exercées par les hommes/pères. Les luttes féministes tentent d’imposer l’idée qu’un mari violent ne peut pas être un bon père, et que protéger les femmes des violences masculines nécessite de protéger les enfants.

Au niveau juridique, la bataille sur la coparentalité et l’idée d’autorité parentale conjointe va se concrétiser en France par la loi du 4 mars 2002, adoptée à l’initiative des militants pour les « droits des pères ». Cette loi entérine officiellement le principe de « coparentalité » qui vise à maintenir, malgré la séparation des parents, les liens entre parents et enfants, principe au cœur des revendications des masculinistes pro-droits des pères. Et cette loi donne par exemple au juge aux affaires familiales le pouvoir d’imposer une résidence alternée, quand bien même il y aurait procédure à l’encontre du père pour violences conjugales, impliquant pour un certain nombre de mères et d’enfants de conserver un contact régulier avec un homme violent [11]. Cette offensive juridique va se poursuivre avec des tentatives répétées d’inscrire la résidence alternée systématique dans la loi [12].

Figures du « besoin de père » 

Il existe différentes figures du père dans le discours masculiniste. Elles ont toutes le même objectif de reconquête et de maintien des pouvoirs masculins : les pères « traînés dans la poussière » [13] par la justice matriarcale, les « nouveaux pères » avec leurs jolies poussettes, les « pères absents » malgré eux, causes de tous les maux de la société.

L’arnaque des nouveaux pères.

Cette « mythologie habile » [14] des masculinistes s’appuie sur une revendication d’égalité, fondée sur l’affirmation de l’émergence des « nouveaux pères » :

« Nous avons changé », commencent par dire les pères, « nous sommes de nouveaux hommes », qui s’intéressent aux enfants, qui sont prêts à les langer, à les pouponner, à prendre leur part des tâches d’élevage. Donc : on n’a plus de raison de préférer les mères. Certes, on n’aurait plus de raison si les hommes avaient vraiment changé. Mais, dans la réalité, les hommes nouveaux ne sont pas arrivés, ou alors au compte-goutte » [15].

Le « mythe des nouveaux pères » [16] permet une redéfinition de la masculinité tout en dénonçant la prétendue emprise des femmes et des mères sur l’éducation des enfants. Il s’agit d’une focalisation sur « la valeur genrée différenciée de l’investissement des pères, qui consolide les arguments soutenant que les enfants ont besoin de leurs pères » [17]. Les « nouveaux pères » interrogés ne revendiquent en effet pas nécessairement l’exercice des soins quotidiens, mais davantage la nécessité de transmettre des valeurs morales et masculines, de contribuer à la stimulation intellectuelle des enfants, et pour les garçons, de leur transmettre l’essence de la virilité [18].

Cette arnaque contribue à valoriser l’ensemble des pères et des hommes pour obtenir de nouveaux droits, et à invisibiliser la réalité patriarcale, puisque les femmes continuent à prendre en charge massivement le travail parental, d’élevage et de soin des enfants [19] (la fameuse « charge mentale » mise en évidence par des féministes [20]), malgré des gains d’autonomie, notamment économiques). Ainsi, selon l’enquête Emploi du temps de l’INSEE de 2010, chaque jour en moyenne, les hommes consacrent 2h24 au travail domestique en 2010, contre 3h52 pour les femmes. Les femmes ont un peu réduit ce temps mais les hommes n’en font pas plus [21].

Le « désastre » des pères absents.

Dans la thèse masculiniste du besoin de père, l’absence du père fait figure de grande catastrophe. Le « père manquant » [22] devient la source de tous les maux de la société.

Selon les masculinistes, l’absence de père est principalement une catastrophe pour les enfants. Cette absence est responsable de carences identitaires fortes, notamment pour les garçons. Les garçons élevés sans père vont manquer de référents masculins, de valeurs, et de modèles leur permettant de devenir eux-mêmes de vrais hommes. Ils auraient plus de risques de devenir délinquants et/ou homosexuels. L’absence de père a aussi été avancée comme l’une des causes de l’engagement dans le terrorisme .

Selon Guy Corneau, psychanalyste canadien : « Les recherches démontrent [que les fils qui n’ont pas reçu le de paternage adéquat] sont plus enclins à devenir homosexuels. […] Ils sont aussi plus susceptibles de développer des problèmes psychologiques : ou pire ce sera la délinquance, la drogue et l’alcoolisme, le tout baignant dans une révolte sans fin contre la société patriarcale, révolte qui renverra bien au père manquant l’image de son absence. »

Pour Yvon Dallaire, un autre masculiniste très médiatisé :

« Les enfants deviennent délinquants parce qu’ils continuent de croire que tout leur est dû et que les autres sont à leur service (comme l’était maman). La fonction du père est de séparer l’enfant de la mère. […] Il a aussi besoin des interdits de son père pour connaître ses limites et apprendre à faire attention aux autres. »

Ces propos sont profondément sexistes dans la mesure où ils associent aux mères une fonction de protection dont un « trop plein » favoriserait le développement de déviances, et où ils valorisent l’intervention des pères comme permettant à eux seuls l’intégration sociales des enfants. Ici, la figure du père est confondue à celle de l’autorité qui impose sa loi et permet aux individus de « marcher sur le droit chemin ».

De plus, il apparaît clairement que l’identité et la construction des filles ne sont pas une priorité des masculinistes, plus soucieux de la reproduction de la classe des hommes, en s’intéressant uniquement au devenir des garçons.

Curieusement, les hommes ne sont jamais rendus responsables de cette absence, de l’abandon de famille, du désintérêt pour leurs enfants, du non-paiement des pensions alimentaires. Ce sont les femmes et les mères qui portent seules la responsabilité de cette absence.

Ce discours insiste sur le fait que la présence du père, présentée comme essentielle au bon développement des enfants, et surtout des garçons, permettrait d’échapper à des « risques sociaux ». Or, ils mettent en avant une identité masculine pensée comme exclusivement hétérosexuelle et misogyne, par la différenciation « naturelle » de fonctions paternelles et maternelles, où les mères sont vues comme potentiellement dangereuses pour l’évolution de l’enfant. En affirmant que chaque enfant devrait absolument être éduqué par un père et une mère, les masculinistes présentent la filiation biologique et la cellule familiale nucléaire et hétérosexuelle comme des phénomènes « naturels » alors que ce sont des constructions sociales. Par-là, nous entendons, à la suite des recherches féministes sur le genre, que le fait que l’identité de genre et l’orientation sexuelle par exemple, sont le résultat des processus de socialisation et des interactions sociales, et pas tant un « fait naturel » [23].

D’autre part, ces propos explicitent une homophobie structurelle puisque devenir homosexuel est vu comme une déviance (on devient un « fils manqué »), le résultat d’un « raté » de l’éducation des parents, de l’ « éjection » du père de la famille. Ils manifestent une vision homophobe de la filiation qui dévalorise les enfants élevé-e-s par des couples lesbiens ou les couples avec un-e parent-e trans. Elle invisibilise aussi le fait que l’immense majorité des enfants élevé-e-s par des mères seules se portent très bien, ou en tout cas pas plus mal que les autres.

Enfin, rappelons une évidence : les enfants n’ont pas forcément besoin d’une mère et d’un père biologique, mais d’adultes qui leur donnent l’attention, l’affection et les soins nécessaires, peu importent leur genre, leur sexualité et leur nombre.

Les conséquences du discours sur le « besoin de père » pour les femmes.

Le backlash juridique et idéologique autour de la figure du père a des implications directes sur les conditions matérielles d’existence des femmes et des enfants.

Une attaque contre les femmes.

La mise en avant de la coparentalité et de la résidence alternée contribue à dissocier les notions d’autorité parentale et de soins concrets apportés aux enfants. Alors que les hommes se voient accorder concrètement de plus en plus de pouvoir sur la vie de leurs enfants et de leurs ex-conjointes, les femmes continuent d’assumer la charge économique et psychologique de l’éducation et du soin aux enfants. Cela se traduit concrètement par [24] :

 moins de pensions alimentaires, et l’impunité totale pour les pensions alimentaires non payées et l’abandon de famille ;  
 le recours accru à la médiation et la déjudiciarisation des séparations, ce qui entraîne moins de justice pour les femmes ; 
 la dévalorisation des mères, soupçonnées de vouloir contrôler les enfants et les monter contre leurs pères ;
 une stigmatisation croissante des femmes les plus marginalisées ou discriminées, notamment les femmes pauvres, racisées, lesbiennes, trans ;
 une perte de mobilité notamment concernant leur lieu de résidence ; 
 une impunité croissante des violences conjugales, notamment après les séparations, en raison notamment des résidences alternées imposées, et de l’importance supposée du père pour les enfants, malgré les violences exercées sur les femmes.

Les conséquences du discours sur le « besoin de père » pour les enfants.

Une des victoires les plus importantes des masculinistes est d’avoir réussi à fusionner l’intérêt du père avec celui de l’enfant. La reconnaissance des droits des enfants et de l’intérêt de l’enfant, impulsée notamment par les luttes féministes, est ainsi retournée contre les « droits des femmes ».

Comme l’explique Christine Delphy : « La présence du père est devenue ou redevenue Le critère de l’intérêt de l’enfant, au détriment même de sa sécurité. Incroyable mais vrai » [25].

Ainsi les hommes se voient reconnaître un droit à l’enfant, mais qui n’est jamais accompagné d’un droit pour l’enfant à ne pas voir son père s’il le souhaite [26]. Mais l’accès aux enfants est également un moyen pour les masculinistes de nier ou de minimiser les violences conjugales et intrafamiliales qu’ils exercent.

Concernant les agressions sexuelles commises sur les enfants, l’enquête « Stop au déni » 2015, réalisée par l’institut IPSOS pour l’association Mémoire Traumatiques et Victimologie [27], nous apprend que :
 « dans 81 % des cas, les violences sexuelles débutent avant 18 ans » ;
 « 96% des agresseurs sexuels sont des hommes lorsque la victime est mineure » ;
 « 94 % des agresseurs sont des proches » ;
 enfin, « dans plus de la moitié des cas, leur agresseur était un membre de la famille. » [28]

Par ailleurs, on peut aussi articuler les violences faites aux femmes et celles faites aux enfants pour rappeler qu’un père violent ne peut jamais être un bon père. Ainsi, entre 40 et 60% des maris violents sont aussi des pères violents [29], et lorsqu’un homme est violent avec sa conjointe, il y a statistiquement plus de risque qu’il agresse sexuellement ses enfants [30].

Le fait pour un enfant de grandir au contact d’un adulte violent entraîne des problèmes au niveau du comportement et de la santé mentale [31]. Ces enfants ont des modèles d’interaction violents et, quand il s’agit de garçons, ils présenteront plus de risques d’exercer des violences à l’encontre des femmes autour d’eux, une fois adolescents et adultes. Si une femme estime qu’il vaut mieux pour l’enfant de grandir sans son père, c’est probablement qu’elle ne lui fait pas confiance sur sa capacité à s’en occuper, et à ne pas exercer de violences. C’est probablement parce qu’elle sait que le père est violent. Et l’intérêt de l’enfant, alors, est d’en être éloigné. Or, malgré ces chiffres effrayants, les masculinistes ne cessent d’affirmer que les conjoints violents peuvent très bien être de bons pères.

Enfin, on l’a vu, les pères veulent l’accès aux enfants principalement pour leur inculquer les valeurs patriarcales et aussi leur capital culturel, à savoir les connaissances et qualifications socialement valorisée [32]. Ils cherchent et notamment pour transmettre leur vision de la valeur de la masculinité dominante, misogyne et hétérosexiste, aux garçons, dès leur plus jeune âge. Cela a des conséquences violentes, directes pour les jeunes filles et pour les jeunes garçons.

Contre l’idée que l’enfant a besoin d’un référent masculin, et donc de l’autorité d’un père, pour grandir, on peut questionner la vision patriarcale de l’autorité, qui n’est qu’un euphémisme pour parler de brutalité masculine : gronder, punir, frapper. C’est aussi le pouvoir de décision sur la vie des enfants : orientation scolaire, activités de loisirs, habillement, lieu de résidence. L’autorité des pères et les fameux « repères » masculins sont donc des formes légitimées d’exercice de la violence sur les enfants, et d’exercice unilatéral de l’autorité parentale au détriment du point de vue des mères. Les femmes, elles, restent assignées au soin, à l’entretien, et à la prise en charge matérielle des enfants.

Les notions d’autorité masculine et d’autorité parentale s’inscrivent dans un continuum de violences subies par les enfants : les violences éducatives ordinaires. Ce sont les formes de violences qui sont punitives, c’est-à-dire celles auxquelles les parents considèrent qu’ils ont le droit d’avoir recours en cas de conflit avec leur enfant. Celles qui établissent entre le parent et l’enfant un rapport de pouvoir violent – ce qui prépare des relations de pouvoir violent entre les adultes – et que l’adulte considérerait lui-même comme inacceptable si elles lui étaient appliqué : les menaces, les punitions, les chantages, les jugements, les dévalorisations, les isolements, les promesses jamais tenues, les manipulations subtiles, etc…

En résumé, il y a donc quatre raisons pour rejeter l’idée masculiniste selon laquelle tout enfant doit bénéficier de la présence d’un père ou d’un référent masculin pour pouvoir se développer harmonieusement :

  cette idée a été construite politiquement dans le but de remettre en cause les acquis des luttes féministes pour les droits des femmes et des enfants ;

 la prétendue nécessité du père ou du référent masculin dans l’éducation des enfants permet aux masculinistes de valoriser l’ensemble des pères et des hommes pour obtenir de nouveaux droits tout en les exonérant de tous leurs devoirs dans les faits (dans l’éducation des enfants, ce sont les hommes qui sont le plus souvent absents, et ce sont majoritairement les femmes qui prennent en charge toutes les responsabilités éducatives) ;

 ces discours sur l’absence de père cachent mal un sexisme et une homophobie assumée, ils contribuent à la dévalorisation des familles dans lesquelles une ou plusieurs femmes élèvent des enfants sans hommes ;

 ces discours ont enfin des conséquences sur la vie des femmes et des enfants, notamment en donnant aux hommes un moyen de nier ou de minimiser les violences, conjugales, intrafamiliales et parentales qu’ils exercent.

p.-s.

Note des auteurs : Le titre de cet artice renvoie (sans le point d’interrogation que nous avons rajouté) à celui d’un best-seller masculiniste de Guy Corneau (Père manquant, fils manqué, Editions de l’Homme,1989). Nous remercions le collectif LMSI pour cette suggestion.

notes

[1] La citation complète est la suivante : « La fonction du père est de séparer l’enfant de la mère. Il doit s’interposer entre la mère et l’enfant pour permettre à l’enfant de développer son identité en dehors de la symbiose maternelle et rappeler à la mère qu’elle est aussi une femme, une amante, un être de plaisir, non seulement un être de devoir généreux. Si la mère représente l’amour fusionnel, le père représente les limites, les frontières, la séparation psychologique. » Yvon Dallaire, « La réelle fonction du père » (consulté le 31/10/18 : http://la-cause-des-hommes.com/spip.php?article418), tiré de son ouvrage Homme et fier de l’être, Options santé, 2001.

[2] Par masculinisme, nous entendons ici, au sens strict le mouvement d’hommes organisés pour la défense de leurs intérêts particuliers d’hommes, intérêts matériels et économiques. Ces groupes, formels et informels, revendiquent des droits et des politiques publiques à destination des hommes, que ce soit pour les pères séparés (première et plus ancienne forme de militantisme masculiniste) ou encore pour les « hommes battus ». Au sens large, le masculinisme désigne un ensemble de discours de « sens commun » sur ce que seraient ou doivent être les hommes, véhiculé par divers groupes de pression hostiles au féminisme.

[3] Dans ce texte, quand nous utilisons le terme « homme », il ne sera question que d’hommes hétérosexuels, cisgenres. Une personne cisgenre est une personne en accord avec le genre qui lui a été assigné à la naissance. Ces réflexions devraient être sans doute revisitées dans le cas d’hommes racisés , trans, et/ou de classes économiques défavorisées et exploitées.

[4] LGBTQIA+ est un acronyme pour parler de personnes s’identifiant en tant que Lesbiennes, Gays, Bi-e-s, Trans, Queer, Intersexe, Asexuel-le-s. Le “+” est ajouté pour prendre en compte d’autres identités sexuelles ou de genre qui ne figureraient pas encore dans l’acronyme.

[5http://www.lamanifpourtous.fr/communique-de-presse/communique-de-presse-papa-yen-a-disent-quun-pere-cest-important/

[6http://www.lamanifpourtous.fr/les-chroniques/chronique-ideerecue11-pma-pere-gpa-nont-rien-a-voir/

[7https://www.mediapart.fr/journal/france/250918/pma-pour-toutes-le-legislateur-au-pied-du-mur

[8] Ces droits de garde restent attribués sous condition d’une « conduite morale irréprochable », et concerne de facto surtout les femmes blanches hétérosexuelles de classe moyenne et supérieure. Les femmes pauvres, racisées, étiquettées ou lesbienne restent exclues de ces « droits des mères » émergents. Cf .Susan B. Boyd, Child Custody, Law and Women’s work, 2002, et notamment les extraits traduits dans Martin Dufresne et Hélène Palma « Autorité parentale conjointe, le retour de la loi du père », Nouvelles Questions Féministes, 2002/2, vol 21.

[9] Par exemple SOS Papa en France, Fathers 4 Justice aux Etats-Unis, Canada, et dans certains pays européens.

[10] Christine Delphy, « Violence économique et violence masculine », Nouvelles Questions féministes, 2002/2, volume 21, ou Dufrene et Palma, op.cit.

[11] Martin Dufresne et Hélène Palma, op. cit. 2002. La loi indique par exemple : « A la demande de l’un des parents ou en cas de désaccord entre eux sur le mode de résidence de l’enfant, le juge peut ordonner à titre provisoire une résidence en alternance dont il détermine la durée. Au terme de celle-ci, le juge statue définitivement sur la résidence de l’enfant en alternance au domicile de chacun des parents ou au domicile de l’un d’eux. » (Art. 373-2-9,de la loi n° 2002-305 du 4 mars 2002 relative à l’autorité parentale)

[12] Pour aller plus loin sur le sujet, voir https://paris-luttes.info/retour-sur-les-offensives ainsi que la proposition de loi (PPL 307) qui a été soumise au vote à l’assemblée nationale le 30 novembre 2017 et reportée à mai 2018.

[13] Voir  https://paris-luttes.info/retour-sur-les-offensives

[14] Christine Delphy, op.cit.

[15] Christine Delphy, op.cit. Voir également Huguette Dagenais et Anne-Marie Devreux, « Les hommes, les rapports sociaux de sexe et le féminisme : des avancées sous le signe de l’ambiguïté. », in Recherches féministes, 11(2), 1998, pp. 1–22.

[16] Collectif Stop Masculinisme, Contre le masculinisme, Guide d’autodéfense intellectuelle, Bambule, 2012.

[17] Lynne Harne, « Nouveaux pères, violence et garde des enfants », Nouvelles Questions Féministes, 2002/2 (Vol. 21), p. 8-30.

[18] Idem.

[19] Pour plus de précisions, nous conseillons la lecture du livre du Collectif onze, Au tribunal des couples, Enquête sur la justice aux affaires familiales, Odile Jacob, (p174-175).

[20] Monique Haicault, « La gestion ordinaire de la vie en deux », Sociologie du Travail, 1984, 26 (3), pp. 268-277.

[21] Layla Ricroch et Benoît Roumier, « Depuis 11 ans, moins de tâches ménagères, plus d’Internet », INSEE Première, n°1377, novembre 2011.

[22] Cf. l’ouvrage de Guy Corneau, Père manquant, fils manqué.

[23] Voir par exemple Isabelle Clair, Sociologie du genre, Armand Collin, coll. « 128 », 2012.

[24] Liste non exhaustive tirée de Lynne Harnne, op.cit ; et de Dufresne et Palma, op.cit.

[25] Christine Delphy, op.cit.

[26] Lynne Harnne, op.cit.

[27http://stopauxviolences.blogspot.com/2016/03/campagne-stop-au-deni-2016-enquete-les.html (consulté en octobre 2018)

[28] Pour la synthèse du rapport d’enquête, voir http://stopaudeni.com/rapport

[29] A leage table of child maltreament deaths in rich nations, rapport de l’UNICEF, 2003. https://www.researchgate.net/publication/23645620_A_League_Table_of_Child_Maltreatment_Deaths_in_Rich_Nations(consulté en octobre 2018)

[30] Patrizia Romito, « Les violences conjugales post-séparation et le devenir des femmes et des enfants », La revue internationale de l’éducation familiale, vol 1, numéro 29, 2011.

[31https://www.centre-hubertine-auclert.fr/sites/default/files/fichiers/rapport-enfants-co-victimes.pdf

[32] Collectif Onze, op. cit., chapitre 4 « La question des enfants ».

http://lmsi.net/Pere-manquant-fils-manque