« Compagnons, maintenant il va y avoir une attaque terroriste contre le bâtiment du FSB d’Arkhangelsk, dont j’assume la responsabilité. Les raisons sont claires pour vous. En réponse au FSB qui fabrique des affaires [judiciaires] et torture des gens, j’ai décidé d’y aller. Je mourrai très probablement dans l’explosion, puisqu’elle s’active directement en appuyant sur le bouton attaché au couvercle de la bombe. Du coup, je vous demande de diffuser les informations sur l’attaque terroriste : qui l’a mené et ses raisons. Voilà, c’est tout. Je vous souhaite d’avancer résolument et sans compromis vers notre but. Je vous souhaite l’avenir radieux du communisme anarchiste ! »
Mikhail Vasilievich Zhlobitsky,
31 octobre 2018

Tels furent les derniers mots du compagnon anarchiste Mikhail Zhlobitsky. Quelques minutes plus tard, il a déclenché une bombe artisanale dans le hall d’entrée du bâtiment abritant le FSB, les services secrets russes, à Arkhangelsk, au nord du pays. Trois officiers du FSB ont été blessés et le hall entièrement ravagé par l’explosion. Le jeune anarchiste, lui, a perdu la vie dans cette attaque vengeresse.

Après un premier moment de stupeur et de désarroi – car personne ne s’en prend à cet organe suprême et ultra-puissant de la répression qu’est le FSB – l’État russe n’a pas pu démentir ou cacher ce qui venait de se passer. Un jeune anarchiste a emmené puis déclenché de ses propres mains une bombe, fabriquée artisanalement, pour frapper le FSB, en réponse aux constructions policières et aux tortures contre des anarchistes, des antifascistes, des opposants. L’explosion rappellera violemment les détentions d’une vingtaine d’anarchistes et antifascistes au cours de cette dernière année en Russie, dont la plupart a été soumis à la torture (tabassages, électrochocs, enlèvements dans la rue,…). Accusés d’appartenance à des « organisations terroristes » ou encore d’accusations fabriquées de toutes pièces (comme « trafic de drogue »), dix d’entre eux se trouvent encore en prison en attendant leur procès. Sous la torture, certains ont livré des noms, retirant dans la plupart des cas leurs déclarations par la suite, d’autres n’ont pas lâché le moindre mot. Certains compagnons se sont mis à l’abri en s’exilant hors du pays. A ce qu’en disent des anarchistes en Russie, la réponse du mouvement à cette nouvelle offensive répressive n’a pas été ce qu’elle aurait dû ou pu être. Nous qui écrivons ici, nous nous trouvons trop loin de cette situation pour pouvoir dire quelque chose sur ce dernier point, ne disposant pas d’une connaissance suffisante de la situation.

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Lire la suite dans Avis de Tempêtes #11, novembre 2018.