Embastillé dans une cellule de 5 m², Michel lit , écrit, correspond, apprend de nouvelles langues, s’intéresse aux sciences, correspond beaucoup. Il fait de la musique, joue de la guitare, qu’il a acquise en détention, et peint des aquarelles. Il est également engagé dans des procédures visant à faire respecter ses droits et sa dignité ainsi que celle de ses codétenus, ce qui représente autant de dossiers à archiver et à consulter. Il essaie juste de survivre dignement dans un milieu qui ne s’y prête guère.

Depuis quelque temps, l’administration pénitentiaire, prétextant une circulaire ministérielle, a entrepris de démonter tous les aménagements de cellule existant dans cet établissement et dans d’autres, et veut des cellules quasiment nues. Sans doute au prétexte d’en faciliter les fouilles, plus probablement pour rajouter de la peine à la peine…

Donc, Michel s’est vu intimer l’ordre de se défaire de ses biens, pourtant acquis en détention, ainsi que de ses documents de travail…

Toutefois, l’annexe à l’article R. 57-6-20 du code de procédure pénale (Règlement intérieur type des établissements pénitentiaires) est très clair :

  • en son article 24 (valeurs non pécuniaires) : le détenu doit pouvoir détenir en cellule l’ensemble de ses biens autorisés . Seuls «les objets qui ne peuvent être laissés en possession de la personne détenue pour des raisons d’ordre et de sécurité sont déposées au vestiaire de l’établissement.»
  • en son article 46 (l’aménagement de la cellule) : «La personne détenue est autorisée à aménager sa cellule d’une façon personnelle, mais ne doit pas dégrader les installations immobilières ou mobilières existantes. Le chef d’établissement détermine la destination à donner à ces aménagements en cas de changement de cellule, de transfèrement ou de mise en liberté.»

 

Imaginez un instant que vous ayez à faire tenir votre chambre à coucher, votre cuisine, votre salon, votre bureau, votre salle de bain et vos toilettes dans 5 m², est-ce que cela ne serait  pas «un peu encombré» ?

On se demande bien à quoi pensait la direction de l’administration pénitentiaire, et par conséquent la Ministre, en pondant sa circulaire manifestement en contradiction avec les lois de la République.