Précisions et impressions, après ma condamnation dans le procès en appel que m’intentaient les fascistes de Defend Europe.

ÊTRE CONDAMNÉ PAR UN ÉTAT AUSSI LAMENTABLE, INEPTE ET FALLACIEUX EST UN HONNEUR

Jean-Jacques et moi venons finalement d’être condamnés à environ 10 000 euros au total (auxquels s’ajoutent les frais de Justice à deux reprises), ainsi que 4 mois de prison avec sursis uniquement pour Jean-Jacques.

De mon côté, je suis condamné pour :
1- « injures publiques » parce que j’ai utilisé à 7 reprises le mot « nazi » parmi une cinquantaine d’articles et de communiqués que j’ai publiés ici même, sur mon blog et parfois sur le site La Horde antifasciste, durant l’été 2017, alors que j’informais de la lutte à laquelle je participais (avec mon collectif Defend Mediterranea) pour bloquer le C-Star, un navire anti-migrants affrété par le réseau identitaire Defend Europe qui voulait entraver le sauvetage d’adultes et d’enfants migrants en danger de mort sur les eaux de la Méditerranée.
2- « diffamation » parce que j’ai diffusé une photo satirique ridiculisant le porte parole italien de Defend Europe, Lorenzo Fiato, qui a été considérée également comme une accusation d’être un nazi.

De son côté, Jean-Jacques est condamné pour :
1- « incitation à la violence et menaces non suivies d’effet » parce qu’en partageant l’une de mes publications concernant le projet de l’expédition Defend Europe, il l’a commentée avec révolte, également excédé par le meurtre d’Heather Heyer par un néonazi à Charlottesville la veille (c’est ce qui vaut à Jean-Jacques ses 4 mois de prison avec sursis).
2- « diffamation » parce qu’il a partagé la même photo satirique évoquée plus haut.

La véritable raison des poursuites contre moi par les chefs de Defend Europe est, en réalité, le fiasco total de leur opération en Méditerranée ; fiasco auquel j’ai contribué parmi d’autres compagnons de lutte, d’une façon il est vrai un peu trop visible pour ne pas susciter un brûlant désir de revanche judiciaire chez les fascistes humiliés. Chose qu’ils n’ont d’ailleurs pas caché : leur soif de vengeance était grande.

Le but de poursuivre également Jean-Jacques était de faire un exemple parmi les innombrables commentateurs sur Internet et de provoquer par la suite de l’autocensure chez beaucoup pour améliorer ainsi leur image. C’était aussi, probablement, dans le but d’obtenir au moins une victoire sur les deux offensives judiciaires, considérant qu’il était peut-être plus facile de faire condamner Jean-Jacques que moi, comme on a pu le vérifier dans un premier temps.

En première instance à Nice, en début d’année, seul Jean-Jacques a été condamné.

Cette fois, en appel à Aix, les chefs fascistes ont réussi à faire carton plein et à nous faire condamner l’un et l’autre, et ce, pour tous les chefs d’accusation sans exception.

Ce retournement de situation n’est pas une surprise : nous avons été nombreux à observer l’attitude partiale du tribunal à mon égard à Aix, le président m’ayant même empêché d’expliquer à la barre pourquoi je considérais avoir le droit de parler d’une « expédition nazie », à la surprise générale, entre autres indices d’un procès cousu de fil blanc.
http://blogyy.net/2018/09/17/un-proces-bizarre-et-un-verdict-qui-sera-rendu-le-22-octobre/

Qui plus est, ce délibéré n’a bizarrement pas été rendu dans les délais. Il a été reporté d’une semaine supplémentaire dans un contexte notoirement houleux.

Entre autres, j’avais contribué à révéler, aux côtés de mes camarades de La Horde antifasciste, certaines des raisons pour lesquelles le pouvoir avait manifestement protégé Génération identitaire au lieu de le dissoudre, juste avant son expédition anti-migrants.
http://blogyy.net/2018/09/19/lami-de-la-famille/

Bref, ce qui vient de se produire n’est pas une surprise. Je n’en attendais pas moins de la Justice bourgeoise que j’exècre, comme tous les pouvoirs.

Non seulement l’État n’a pas empêché l’expédition monstrueuse de se dérouler, non seulement il n’a pas non plus poursuivi les responsables qu’il connaissait parfaitement, mais de surcroit, l’État leur a fait le cadeau de condamner certains de leurs opposants qui se sont organisés pour faire échouer leur expédition monstrueuse, au prétexte de quelques éléments de langage.

Être condamné par un État aussi lamentable, inepte et fallacieux est un honneur.

De même que je ne voudrais pour rien au monde recevoir jamais la moindre médaille, même à titre posthume, de ce monstre froid qu’est l’État.

En empêchant l’action du C-Star durant tout l’été 2017, avec mes compagnons de lutte antifascistes et antiracistes, nous avons sans doute sauvé des vies, beaucoup de vies.

C’est tout ce qui compte pour moi.

La condamnation qui vient de s’ensuivre n’est que du vent et cet argent qu’on me demande n’est que du papier. Un papier qu’un jour nous brûlerons comme à Barcelone en 1936, avec les dettes annulées et les titres révolus, de même que tous ces chefs de pacotilles tomberont de leurs chaises et cesseront de nous prendre de haut.

Courage aux enfants qui dorment ce soir en Europe, après la longue traversée. Courage à tous les autres rescapé.es. Courage aux sauveteu.ses qui continuent dans l’adversité d’essayer de sauver des vies. Courage aux futur.es poursuivi.es, ainsi qu’aux 7 de Briançon qui seront jugés le 8 novembre à Gap pour avoir simplement été solidaires. Courage aux anonymes comme à Cédric Herrou. Courage aux No Border et à mes camarades antifascistes qui, de Lyon à Athènes et de Strasbourg à Rio, refusent de laisser faire.

Que crèvent le fascisme, le capitalisme et l’État à leur service ! Que crèvent le pouvoir et l’exploitation !

Nous sommes du côté de la vie, de la vie à reprendre, de la vie à défendre !

Yannis Youlountas

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Pot commun de soutien à Yannis Youlountas et Jean-Jacques Rue ici