Assassinat en cours à la prison de Perpignan Publié le 17 octobre 2018

Le pouvoir promet aujourd’hui d’incarcérer toujours davantage, en témoignent les contructions de lieux d’enfermement prévues partout sur le territoire. Parallèlement des équipes de matons s’autonomisent de plus en plus pour mener leurs propres assassinats couverts par l’ombre des prisons, comme à Seysses il y a quelques mois, en tuant Jawad au mitard. Bien sûr les réponses existent et ils les craignent, en témoigne la répression de tous les derniers mouvements collectifs de prisonniers.

A la CAJ nous voulons bien évidemment en finir avec tous les lieux d’enfermement et donc avec le système capitaliste qui en a besoin. Il nous semble des plus importants aujourd’hui que la solidarité en acte existe des deux côtés des murs, car le silence quotidien à propos de tout celà laisse le champ libre aux matons. A Seysses les prisonniers appelaient notamment à la dissolution de ce groupe de matons qui déguise des suicides au mitard, appelé par tout le monde « l’escadron de la mort ».
Dans cette optique nous relayons aujourd’hui ce texte qui parle d’un cas d’acharnement particulier. Tout ce qui est décrit ici n’a certe rien d’exceptionnel dans les prisons. Mais ce texte nous rappelle simplement la barbarie que les forces de répression se permettent, du comico à la geôle en passant par le tribunal. A nous de leur faire comprendre qu’il y a du monde derrière.

La CAJ

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Parce que cela fait maintenant plus d’un an que Skhander est en détention provisoire subissant pressions policières, acharnement de l’administration pénitentiaire et traitements infamants.

Parce que l’isolement et le silence sur cette affaire laissent toute latitude à la police et à la justice de faire leur sale travail répressif habituel, en l’occurrence sans même s’embarrasser du vernis légal.

Parce que police et justice frappent d’autant plus fort qu’ils sont potentiellement mis en cause.

Parce que l’isolement et l’enfermement sont leurs armes pour briser.

Parce que l’information diffusée est toujours celle des flics, matons et magistrats.

 

Cette histoire, comme celles qui remplissent les prisons de par le monde, se doit d’être entendue et racontée, que circule une autre version que la version policière.

Le 28 avril 2017, près de Perpignan, suite à un refus d’obtempérer lors d’un contrôle routier classique, la police prend en chasse un véhicule. Une « course poursuite » s’initie.

Dans une impasse dans laquelle poursuivants et poursuivi se sont engagés, un policier tombe de sa moto. La voiture, conduite par Skandher, est immobilisée dans la même impasse.

Skandher sort de la voiture. Le policier à terre sort son arme et le met immédiatement en joue.

Skandher s’enfuit ; le policier tire. Il est atteint par trois balles : une dans la fesse, une dans la jambe qui ne pourra pas être extraite car trop proche de l’artère et une lui perfore l’intestin (ce qui le contraint depuis à vivre avec une poche intestinale).

Il parvient tout de même à s’enfuir mais il est retrouvé quelques heures plus tard dans le coma.

Il est immédiatement placé en détention provisoire pour une prétendue « tentative d’assassinat avec arme », l’arme étant la voiture.

Il est envoyé à l’hôpital carcéral de Toulouse (UHSA). Il y passera environ un mois à l’UHSA où il commence à subir des mauvais traitements et pressions policières. Il est notamment interrogé dès son réveil, encore sous morphine.

Il est par la suite transféré à la prison de Perpignan où il ne reçoit ni traitement ni soin approprié à son « état ». Il doit changer seul sa poche intestinale, avec des risques de complications engageant à chaque fois son pronostic vital. A cela s’ajoutent les diverses humiliations propres à la vie carcérale mais décuplées par sa situation médicale.

Au cours de son incarcération il est envoyé à plusieurs reprises au mitard où les mauvais traitements se sont encore évidemment intensifiés. Lors d’un de ces passages, il sera par exemple privé de poche de rechange pendant 5 jours, poche qu’il est censé changer quotidiennement. Depuis le début de son enfermement, Skandher a perdu plus de 17 kilos, et a souffert de nombreuses infections et intoxications alimentaires. Son état de santé s’aggrave de jour en jour.

Étant donnée la bienveillance de l’administration pénitentiaire à son égard, Skhander refuse de se faire achever dans un hôpital carcéral et demande à être soigné dans l’hôpital de son choix.

Rompons l’isolement, en publiant sa version, en lui écrivant massivement, en organisant son soutien.

Solidarité avec Skandher et tous les prisonniers.

DES PROCHES ET AMIS

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Pour lui écrire :

Skandher CHAABANE. Numéro d’écrou : 41359

Centre pénitentiaire de perpignan.

Pour nous écrire : solidarite2sc@riseup.net

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