Dans un contexte où la répression policière rythme les mouvements sociaux, où l’État et sa justice sont de plus en plus fermes avec les opposants politiques, la manifestation en tant que lieu de concentration des colères ne peut définitivement plus être l’affaire d’un après-midi.

La manifestation est vue par un nombre important de militants comme un simple outil de réclamation, ayant pour objectif d’interpeller les dirigeants sur une question économique, environnementale, sociale ou politique. La « Marche pour le Climat » qui s’est déroulée le 8 septembre dernier en est le reflet : dans cette manifestation traversant le cœur de Paris toute sorte de personnes se sont jointes au cortège, notamment des citoyens n’ayant pas l’habitude de faire passer leur colère dans la rue. Malgré un nombre considérable de personnes révoltées contre le gouvernement et son mépris par rapport à la question climatique, celles et ceux qui avaient l’opportunité d’agréger les indignés n’ont fait que donner une carte supplémentaire au gouvernement en essayant naïvement de l’interpeller. La réaction tant recherchée est indubitablement inexistante au vu de la situation mondiale actuelle où les ressources naturelles sont devenues de vulgaires marchandises, où tout ne rime plus qu’avec profit.

Pourtant, un bon nombre de manifestants scandaient « changeons de système, pas de climat ! ». Le problème n’est donc pas un manque d’information par rapport aux méthodes sinistres du monde capitaliste mais un manque de perspective. Or aujourd’hui notre monde n’est fait que de lignes rouges, le seul horizon un peu consistant se dessinant étant celui de la catastrophe. Alors certes les gens continuent de participer à des manifestations, mais ils ne croient plus à un changement de situation radical et en ce sens l’acte même de manifester semble avoir perdu un peu de sa substance. Les schémas révolutionnaires sont étranglés par les partis sociaux-démocrates qui ne pensent qu’à leur représentation et leurs drapeaux flingués pendant les manifestations. Toutes sortes d’actions sortant du cadre légal sont pointées du doigt et la simple idée de voir des CRS en mouvement stoppe les foules. Ces réactions, synonymes de peur, précipitent certains militants à rejoindre des organisations et des partis afin de se protéger, de fuir la peur, la peur d’échouer sans cesse.

Ainsi les idées et schémas révolutionnaires doivent encore et toujours être réaffirmés face aux mentalités réformistes des partis, des associations et des syndicats qui acceptent de lutter dans le cadre d’un État de droit sous couvert de la V? République. Ce n’est qu’ainsi que peut naître une lutte continue sur l’écologie inévitablement conjuguée à toutes les autres luttes ayant pour ennemi commun le capital. Ce samedi 8 septembre la Préfecture n’avait pas prévu une telle mobilisation, la circulation a dû être arrêté juste devant l’avancée du cortège, le nombre de policiers déployés était bien faible. Toutes les conditions étaient réunies pour réellement mettre sur la table le sujet du climat meurtri par le système économique lui-même défendu par le gouvernement et sa République. Il nous était possible de prendre la Place de la République et ses alentours, puis son quartier et ses faubourgs, il nous était possible de résister, d’enfin faire trembler les puissants. Il faut sans aucun doute dépasser le cadre de ces manifestations, les faire déborder, cesser de négocier, ne plus rien attendre de personne, agir, agir vite et frapper fort ! De là viendra un mouvement qui dure dans le temps, diffusant une information claire et rejetant le vieux monde.

Monsieur Macron « ne faut-il jamais maltraiter personne, à moins qu’on ne lui ôte entièrement le pouvoir de se venger » ? Soyons terribles, vengeons-nous.

Des étudiants ayant opté pour l’agir face au subir.