«Il était une fois un ogre nommé Nestlé qui poursuivait une politique de  » rationalisation  » à l’échelle planétaire, c’est-à-dire un carnage en matière d’emploi : fermeture ou vente de 68 usines en Europe entre 1999 et 2003. Dans le même temps, en 2004, les actionnaires de l’ogre dont le palais était à Vevey, avenue Nestlé, Suisse, annonçaient pour le seul premier semestre 1,8 milliard d’euros de bénéfices (pour un chiffre d’affaires dépassant les 30 milliards). Par son chiffre d’affaires, l’ogre Nestlé pesait davantage que le budget des Etats où il s’installait. Lors des cinq dernières années, l’ogre avait englouti tout ce qui touchait au cacao, à la tomate et aux produits surgelés pour s’installer dans les pays à main d’œuvre sous -payée d’Asie et d’Amérique du Sud, satisfaisant mieux sa voracité. L’ogre avaleur d’emplois industriels rôdait en Europe, mais aussi aux États-Unis (où la moitié des 70 usines de l’ogre Nestlé avaient été englouties ces trois dernières années) . Insatiable, il voulait dévorer à Marseille une usine de chocolat et de café qui faisait vivre huit cents familles. Cette «stratégie centralisée» aux effets gloutons mondialisés – de Corée en Russie, en passant par le Brésil – se résumait en cinq piliers: chantage aux délocalisations, précarisation de l’emploi, licenciement des syndicalistes, interdiction de la grève, sous-traitance.
Mais les crimes de l’ogre de l’agroalimentaire ne se limitaient pas au cannibalisme économique. Peter Brabeck, PDG de l’ogre, avait dirigé Nestlé au Chili sous le régime de Pinochet. Il avait pu s’inspirer de ses méthodes(1). En Colombie, par exemple, l’ogre Nestlé avait fait 3,5 milliards de dollars de bénéfices en dix ans alors que la pauvreté s’était étendue et que la consommation s’était écroulée. Comment? En grignotant méthodiquement les coûts du travail. Et les gêneurs étaient éliminés : l’assassinat d’un dirigeant syndical, le meurtre manqué d’un autre, puis le licenciement de quinze responsables en témoignaient. L’armée colombienne, auxiliaire d’un régime dictatorial , y alla de son coup de fusil en «reprenant» une fabrique occupée par ses travailleurs. La terreur antisyndicale ne s’était plus arrêtée depuis lors. Selon Sinaltrainal (2), une dizaine de travailleurs des filiales de l’ogre Nestlé avait connu des morts violentes inexpliquées… »

Avec Nestlé, c’est tous les jours le printemps.

Peut-être cela te paraît-il insignifiant en face du merveilleux spectacle qui t’attend? Voici venu le temps de Casimir, Dorothée ou Goldorak ; en vis-à-vis, que pèsent d’obscurs travailleurs, syndicalistes – et Colombiens !? Depuis ta plus tendre enfance, les professionnels de la publicité, du marketing et du divertissement télévisé, ont parfait leur technique afin que tu deviennes un parfait imbécile. Si tu débourses des ronds pour cette nuit riche en lipides et en glucides, ils pourraient se frotter les mains et s’écrier : «fois-çi, bingo! , nous avons réussi!»…

(1)selon Hans Schäppi, du syndicat suisse SIB
(2)Syndicat colombien

Vous désirez en savoir plus sur Nestlé et le travail des enfants esclaves, la surmortalité des enfants élevés au biberon contenant de la poudre de lait Nestlé, ainsi que sur l’attitude ambiguë de Nestlé concernant les OGM? Consultez ce site : www.globalexchange.org/