Perdre c’est les laisser vaincre

Il y a quelques semaines, Nicole Klein, préfète de Loire-Atlantique se félicitait dans les médias qu’aucun de nos lieux de vies n’ait été jusque là reconstruit. C’était évidemment faux, cela l’est d’autant plus aujourd’hui.

Reconstruire tout habitat détruit : c’était une promesse signée par « L’ensemble des lieux et des occupant.es de la ZAD »

« Face à l’acharnement ; le talent de rester vivant Les hommes en bleus veulent tuer des idées, alors qu’ils ne savent meme pas ce que c’est brille brille, la survie en milieu hostile tâche de s’détendre au milieu des cendres les vautours tournent autour mais la zone grouille vibre gigote construit rebondit »

La Tour, Youpi youpi, maintenant La cabane sur l’eau, Huguette ainsi que les multiples constructions dont la gendarmerie n’a pas connaissance sont la poursuite de cet engagement qui, au-delà de nous être cher, nous constitue. Il nous est chair.

Reconstruire est ainsi la réponse évidente à l’anéantissement de nos habitats, au déblaiement de leurs ruines et aux probables enfouissements et incinérations dont elles ont fait l’objet.

« Même pas mortes ! Même couchées on rétorque ! » Et toc !

« Quoi qu’t’en dise on est pas morts On obéit pas à tes ordres Tu veux qu’on parte ? Mais on f’ra pas nos valises […] Tu veux nous atomiser vas y envoie tes missiles On a déjà des champs d’keufs et des tanks à domicile Notre logique n’est pas rationalisable notre rage est notifiée Notre colère est quantifiable […] On attaque de front leur politique incompréhensible On se défend comme on peut quand débarque les machines »

Vendredi 10 août, entre 7 et 8h du matin, les gendarmes bloquent la D281 au carrefour des Ardillères et au Bois Rignoux. Pendant ce temps, des tronçonneuses s’affairent à débiter les poutres, montants, traverses et autres planches qui constituent Huguette et la nouvelle Tour tandis qu’un drone survole la Grée et les alentours à l’affût de nos mouvements.

« Ils croient qu’a force de mordre les dissidents perdront leur foi mais nos voix n’sont pas prêtes d’se taire faudrait qu’on nous enterre et les idées sont dans l’air rien ne peut les arrêter on sera dans le maquis comme les corses et à force de nous matraquer ça endurcit notre écorce »

Les vitres sont méthodiquement brisées par des individus hostiles, habillés de pare-balles, le sig sauer à la cuisse tandis qu’un drone survole les environs à l’affut de nos mouvements. Les matelas sont découpés à coup de couteau et les pneus d’un vélo crevés pareil. C’est l’État de droit qui s’exécute. « T’as cru nous faire mordre la poussière mais même pas mort.es ! T’as juste défoncé l’décor […] tu crois peut-être nous enterrer sous tes machines ?! bah nan ! […] maintenant on prépare la revanche »

« […] Ils sont parvenus au carnage pas à l’extermination Sous les cendres de la répression les braises de nos forces se décuplent Et on se prépare à l’action pour rendre chaque coup au centuple ! »

Murs par murs, (re)construisons nos maisons

A quelques pas de là un autre chantier a cours, celui-ci épargné de la visite des gendarmes, pas encore informés.

 

« […] Nous on reste vivants, mouvants, comme l’eau impossible à éliminer » On se répand on suinte à travers les champs on est l’épidémie du vivant envahissants comme la ronce »

« Demain s’entête, l’histoire se répète […] J’suis plus blindé qu’l’acier d’leur char d’assaut C’est quand le bateau coule qu’on apprend qu’on sait nager Des rafiots de pirates repêchent toujours les naufragées. »

A tous les vindicatifs

Cette cabane est un hommage. A nos maisons détruites, dont des fragments constituent la cabane sur l’eau : Lama Faché, la Châtaigne, Mandragore, la Chèvrerie, la Tour, Huguette. A ceux qui sont partis et celles qui doutent de rester. Une dédicace à nos dossiers qui s’épaississent, à nos empreintes sous scellés, aux potes en planque, à toutes les épreuves surmontées déjà, tous les risques entrepris et ceux qui restent à prendre.

Ce communiqué une invitation à venir reconstruire celles qui sont tombées et défendre celles encore debout. Il reste du matos sur place, des outils et des bonnes volontés. Voilà comment on négocie : sur plusieurs fronts à la fois.

La plupart des textes sont tirés de l’atelier Zad social rap de mai 2018 « Même pas mort.es »

Quant aux gendarmes qui liront ce présent communiqué ; sachez que nous assurons une présence permanente à la cabane. Que si vous voulez l’incendier de nouveau, bhein faudra nous brûler avec.

PS : Vous êtes des baltringues.

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Le communiqué en pdf avec toutes les photos: https://zad.nadir.org/IMG/pdf/communique300pp.pdf