Mais pour cet article, petit retour sur un des reportages réalisés : « La lutte que l’on perd, c’est la lutte qu’on abandonne »

Ce titre, il nous vient de la lutte des mères et grands-mères de la place de Mai, à Buenos Aires. Ces femmes poursuivent le combat d’une poignée d’entre elles qui se sont présentées devant le palais présidentiel au début de la dictature de 1976 à 1983, pour réclamer leurs enfants et petits-enfants disparus. On leur a répondu qu’elles n’avaient pas le droit de rester là, qu’il fallait circuler. Alors elles s’y sont mises, à circuler, en rond. Elles n’ont jamais cessé de le faire et on peut les y soutenir tous les jeudis encore aujourd’hui. Elles y combattent toujours les impunités des tortionnaires, sont spécialistes des recherches ADN dans leur quête intarissable pour retrouver les leurs, elles luttent contre l’armement de la police, la censure et pour que jamais ce qu’elles ont traversé ne se reproduise ni là-bas, ni ailleurs.

Pour tenter de comprendre ce qu’a été cette période et les colères qu’elle a façonnées et qui ne se taisent pas, on a construit le son en deux parties.

On y entend Nora Leonard, ex-détenue politique, adolescente pendant la dictature, vivant à Salta.
Puis Maria Eleonora Cristina, activiste et responsable d’un centre de mémoire à Córdoba.

Nora, on a enregistré son histoire au tout début du voyage, et on a bien galéré à comprendre son accent saltainien. Alors on a demandé à Raquel – qui apparaît dans deux émissions bientôt traduites sur les féminismes – de nous aider à transcrire l’entretien. 
Quand Nora raconte un événement vécu dans un tout petit village, Metán, Raquel nous confie qu’elle est originaire de ce village. Que sa grand-mère y a été enlevée par des militaires qui l’ont re-déposée sur une place une demi-heure plus tard. Personne ne sait ce qui l’a sauvée à ce moment-là.

Plus tard, quand on a envoyé le son à Maria, elle nous a répondu qu’elle avait été surprise en entendant Nora, qu’elle ne connaît pas mais qui a appartenu à un mouvement d’extrême-gauche dont son propre père était secrétaire général.

Bref, le combat a une histoire, une mémoire, mais il fait toujours bouillir les rages, les sangs, tout en tissant des liens.

Bonne écoute.

radio.lacucaracha at protonmail.com

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