Chaque situation est unique, le meurtre par la police de Liu Shaoyo s’inscrit dans un contexte particulier de plusieurs manifestations où il y a eu une récupération politique de sa mort et une instrumentalisation de la famille pour alimenter les ambitions politiques de quelques leaders encravatés.

C’était ces appels incessants au calme fait au micro sur la place de la république par un de ces encravaté, alors que la colère et la rage avait besoin de s’exprimer, alors que les personnes étaient prêtent à l’émeute, chaque fois où c’était chaud, le leader calmait les esprits. C’était ce contrôle sur les esprits, c’était cela qui m’avait fait écrire ce texte.

Je suis un homme blanc, je ne suis pas né dans les banlieues et d’une famille de classe moyenne. La première maladresse est d’avoir écrit : « Quelques jours plus tard, c’est dans notre « chez soi » que la police viendra à nouveau tuer l’un d’entre nous. »

Je ne partage pas le même « chez soi » que les victimes de violence policière. Et la police, lorsqu’elle vient chez moi pour des perquisitions, ne défonce même pas la porte. J’ai essayé de partager les situations des opprimés, me retrouvant parfois le seul ne faisant pas partie de la communauté franco-chinoise dans les cortèges d’émeutes.

Des privilèges et oppressions accompagnent mon existence et cela ne me donne pas le droit de parler au nom des opprimés dont je ne partage pas le vécu au quotidien. Il aurait fallu au moins rester humble dans le texte, surtout lorsque l’écriture s’accompagne de paternalisme, chose que l’on m’a également reproché.

Une autre erreur fut de reprocher à la famille l’appel au calme sans dénoncer que c’est d’abord l’État et des personnalités politiques qui ont fait ces appels, qu’il y a bon nombre d’associations au service de l’État qui viennent également dans les banlieues pour calmer, ainsi qu’un pseudo-humouriste engagé qui vient dire qu’il faut « parler avec la police, se rencontrer » alors que les gorges sont nouées suite à la balle dans le cou d’Aboubakar Fofana. De plus si la famille n’aurait pas appelé au calme elle risquerait la même stigmatisation que l’État et les médias mettent en place vis à vis des personnes tuées par la police. Appel au calme que l’avocat de la famille s’est même permis de donner à titre personnel.