Les deux premières sont des sociétés d’ingénierie qui participent activement aux études de ces nouvelles lignes et à la coordination des différents acteurs chargés de leur mise en œuvre. Quant à Alstom, il s’agit déjà d’un acteur majeur de la première phase de construction du tramway, et qui a répondu aux appels d’offres de la seconde. Ce rapport est intéressant à plus d’un titre. D’abord, il montre que, au-delà de ses déclarations, le gouvernement français n’agit pas réellement pour mettre en échec la colonisation israélienne alors qu’il en a les moyens. La résolution 2334 du 23 décembre 2016 du Conseil de Sécurité de l’ONU « demande à tous les États (…) de faire une distinction, dans leurs échanges en la matière, entre le territoire de l’État d’Israël et les territoires occupés depuis 1967 ». Maryse Artiguelong, vice-présidente de la Ligue des droits de l’homme (LDH) et de la FIDH, fait d’ailleurs remarquer que « cette implication de deux filiales d’entreprises publiques et d’Alstom paraît d’autant plus scandaleuse que ces entreprises sont soumises à la loi sur le devoir de vigilance et ont pris des engagements pour le respect des droits de l’homme, en signant le Pacte mondial des Nations unies ». Ces textes ne sont pas facultatifs mais les engagent à ne pas se rendre complices de violations flagrantes du droit international ! »

La direction d’Alstom semble le subodorer puisque, selon nos informations, elle a fait appel à un des consultants pour étudier la question et savoir si son activité dans le cadre de la construction d’une ligne du tramway décidée par le gouvernement israélien et s’étendant dans Jérusalem-Est serait de nature à être considérée comme une atteinte aux droits de l’homme. Le rapport des consultants n’a jamais été publié. Contacté par l’Humanité, Alstom n’avait pas réagi au moment d’écrire ces lignes. Mais on peut remarquer qu’aucune des entités françaises citées dans le rapport, et particulièrement celles dépendant d’une entreprise publique, n’ont daigné répondre aux sollicitations des auteurs du rapport.

Le gouvernement français masque ses responsabilités
Bertrand Heilbronn, président de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), a ainsi commenté l’enquête : « Comment comprendre l’inaction du gouvernement devant la participation d’acteurs publics à la colonisation israélienne – totalement illégale – qu’il dénonce par ailleurs de façon récurrente ? Il est temps de passer de la parole aux actes. » Il s’agit bien d’actes politiques, alors que, dans le même temps, le gouvernement français masque ses responsabilités en subventionnant une aide humanitaire à Gaza via la Jordanie – aide certes nécessaire – mais qui masque le véritable problème : la colonisation. « Par leur participation à la construction du réseau de tramways qui relie Jérusalem-Ouest aux colonies israéliennes implantées dans Jérusalem-Est, palestinienne, les sociétés visées et leurs actionnaires publics contribuent directement à la perpétuation et au développement de la politique de colonisation israélienne, en dépit du droit international », notent les organisations à l’origine du rapport.

http://www.ujfp.org/spip.php?article6470